L'analphabétisme et l'abandon précoce des études scolaires à cause des difficultés financières ne sont que quelques handicaps que subit la femme rurale en Tunisie. La liste est en effet longue est diversifiée. Cette frange de société vivant dans les zones lointaines est victime de facteurs d'ordre socio-économique, même structurel. En témoignent les résultats du rapport de suivi de la stratégie nationale pour le développement de la femme rurale pour l'an 2005.
La stratégie nationale de développement de la femme rurale se base sur six axes à savoir, la promotion des ressources humaines féminines dans les zones urbaines, l'amélioration des conditions de vie, le développement de la participation de la femme dans le revenu familial, la consolidation du rôle de la femme dans le secteur agricole, l'amélioration du niveau d'intégration, d'encadrement de la femme rurale et des services sociaux en plus de la dynamisation de sa participation dans le développement social. Cette stratégie lancée depuis huit ans a, entre autres, pour finalité d'améliorer le taux de scolarité auprès de cette frange de société, de les mieux prendre en charge en termes de santé et de les encadrer dans la santé de la reproduction sans oublier la formation professionnelle. Elle vise notamment, à améliorer leurs conditions économiques et ce à travers la diversification des activités dans le domaine. La création des mécanismes de commercialisation du produit et les facilités d'acquisition de petits crédits et de terrains agricoles figurent notamment sur la liste de mécanismes.
La stratégie a-t-elle réalisé un changement qualitatif auprès de cette frange de la société Tunisienne. Les résultats affichés en 2005 ne sont pas totalement positifs. En effet, le taux d'intervention pour l'amélioration des conditions de vie de la femme rurale et la dynamisation de sa participation dans le développement local est faible. 1,8 % des femmes ont été visées par les mécanismes arrêtés pour cet objectif. Le pourcentage des bénéficiaires du sixième point de la stratégie est très réduit. Seules, 0.2 % des femmes ont été présentes dans les associations, toujours d'après le rapport.
Précaire taux de scolarité
Mais, ce n'est pas tout. La femme rurale souffre de plusieurs handicaps. Le taux de scolarité de la fille rurale est en dessous des objectifs tracés. Elle abandonne très souvent ses études et ce à partir du deuxième cycle de l'enseignement de base, même lors du secondaire. Ce problème se constate le plus dans le gouvernorat de Sfax. En dépit du développement de la société tunisienne, la femme rurale subit encore les répercussions du conservatisme. Plusieurs parents refusent que leurs filles poursuivent une formation scolaire. On enregistre ce comportement dans la région de Bèja. Bien que les autorités de tutelle aient pris des mesures pour limiter l'analphabétisme auprès de cette frange de la société, beaucoup reste à faire dans les zones rurales. Le rapport a soulevé plusieurs difficultés, notamment, le rejet des hommes de cette idée, l'insuffisance des établissements étatiques où les femmes puissent poursuivre une formation. Elles sont même démotivées à poursuivre une formation dans le domaine. Les femmes rurales sont de plus en plus réticentes quant au suivi de sessions de formation dans les centres spécialisés sous tutelle de l'UNFT. Le problème se remarque davantage dans les gouvernorats de Sfax, de Zaghouan, de Monastir et de Tozeur. D'ailleurs, « les centres implantés dans les deux dernières régions sont mal équipés », toujours d'après la même source. Autre chose. Les parents refusent que leurs filles poursuivent une formation à cause des primes, jugées très faibles.
Faisant l'état des lieux de la santé et de la santé de la reproduction, le rapport juge que les efforts déployés dans le domaine restent inefficaces à cause de l'absence des moyens de communication audiovisuelle et des préjugés. Très souvent, les femmes rurales dans la région de Béja ne contrôlent pas leur grossesse, ne consultent pas les centres de soin après l'accouchement comme elles sont inconscientes de l'importance de vaccination. Elles souffrent également de l'insuffisance des moyens de diagnostic comme elles trouvent des difficultés à consulter les centres de soins situés très loin de leur domicile.
Par ailleurs, les efforts déployés pour améliorer les conditions de vie de la femme rurale restent limités. Le problème de transport se pose de manière accrue à cause de l'infrastructure de base. Les familles trouvent, en fait, des difficultés à s'approvisionner par les produits vitaux. Le rapport parle même de déséquilibre alimentaire. Pour ce qui est du développement de la contribution de la femme dans le revenu de la famille rurale, plusieurs lacunes sont à enregistrer. Le nombre des bénéficiaires des crédits bancaires est en régression à cause de l'endettement. Cela se constate dans le gouvernorat de Bizerte. A cela s'ajoute l'ignorance des sources de financement et les difficultés à commercialisation du produit. Les opportunités qui se présentent à cet égard sont limitées. Les chances d'investissement sont aussi réduites.
La stratégie nationale qui date depuis huit ans est encore inefficace. Car, le taux d'intervention reste très limité à l'exception des projets réalisés dans le cadre de la promotion des ressources humaines féminines. Le nombre des bénéficiaires s'élève à 436686 femmes soit 83 %. A rappeler dans ce contexte que 525589 femmes rurales ont été visées par la stratégie nationale en 2005. Les statistiques ont démontré qu'un pour cent des femmes rurales ont été touchées par les projets dans le cadre de l'amélioration des conditions de vie. Etant une partie intégrante de la société tunisienne, la femme rurale doit être un membre dynamique. Cela ne se réalisera en fait qu'à travers la concrétisation des objectifs tracés. Les commissions régionales du développement de la femme rurale sont appelées à passer à une vitesse supérieure pour promouvoir cette frange de la société. Il s'agit d'ailleurs de l'une des recommandations du rapport.