Le Temps-Agences - Ce conseil européen "restera dans l'histoire de l'Europe", s'est félicité hier Nicolas Sarkozy, qui achève sa présidence de l'UE en fanfare, en annonçant un triple accord des 27 à Bruxelles sur le paquet climatique, la ratification du traité institutionnel de Lisbonne et le plan de relance européen. Après deux jours d'intenses tractations en coulisse, le président français a pu annoncer la conclusion d'un accord sur le paquet "énergie climat", qui doit concrètement mettre en oeuvre les objectifs dits "3 fois 20": réduire de 20% d'ici 2020 (par rapport en 1990) les émissions de gaz à effet de serre (GES), faire passer à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale de l'UE, contre 8,5% actuellement, et réaliser 20% d'économie d'énergie. Pour cela, il a fallu lâcher du lest, l'Allemagne, l'Italie, mais aussi les pays de l'Est s'inquiétant de l'impact de ces décisions sur leur économie. Reste que l'Europe peut désormais aborder en position de force les négociations qui vont s'ouvrir en 2009 au niveau mondial, en vue du sommet de Copenhague en décembre. "L'Europe pourra prendre la parole en disant: nous on l'a fait. Faites-le maintenant", a résumé Nicolas Sarkozy. "Ce qui se passe est vraiment historique", a-t-il affirmé. "Il n'y a pas un continent au monde qui se soit doté de règles aussi contraignantes". "L'Europe a franchi avec succès son test de crédibilité", a également estimé le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. "Yes we can!", a-t-il lancé au reste du monde. "Vous pouvez faire ce que nous faisons". Les pays de l'Est de l'Europe bénéficieront temporairement de "dérogations" sur le système de paiement des quotas d'émissions, véritables "permis de polluer" pour leur permettre d'adapter leur économie, fortement dépendante du charbon, a confirmé Nicolas Sarkozy. Ils auront "les mêmes obligations que toute l'Europe, mais on leur permet d'affecter une partie des quotas gratuits affectés à chaque gouvernement (...) aux producteurs d'électricité, selon une pente qui les amènera à zéro émission de CO2 en 2020", a-t-il résumé. Les industriels confrontés à une forte concurrence internationale bénéficieront aussi de dérogations: les 10% qui auront les technologies les plus propres ne paieront pas de quotas d'émission, les autres entreprises étant en revanche obligées de payer. Pour lever les réticences allemandes ou italiennes -deux pays inquiets pour leur industrie en période de crise-, l'accord élargit le champs des secteurs bénéficiant de ces dérogations. Par ailleurs, les 27 sont tombés "d'accord sur la nécessité d'une relance sur la base du projet" de la Commission européenne, a ajouté Nicolas Sarkozy. Ce plan de relance économique doit se monter "aux environs d'1,5% du PIB" européen, soit 200 milliards d'euros. Quant à la baisse de la TVA sur la restauration que la France cherche à obtenir depuis plusieurs années, il a été décidé... de ne pas décider tout de suite, l'Allemagne étant toujours opposée à cette mesure. La "décision sera prise (...) au conseil Ecofin de mars", a affirmé Nicolas Sarkozy, qui a assuré que la chancelière Angela Merkel comptait faire preuve d'un "esprit constructif" sur ce dossier. "On est en train de changer les habitudes en Europe: on parle un peu moins et on agit bien davantage", s'est félicité Nicolas Sarkozy, qui n'a pas caché rendre avec regret les clés de la maison Europe. La République tchèque prendra la présidence de l'UE le 1er janvier.