Est-il écrit que le sort de l'Afrique doive être associé à la famine, à la pauvreté, aux épidémies, aux massacres interethniques et à l'instabilité politique ? L'histoire du continent noir est semée d'événements tragiques et insurmontables. Le cas du Zimbabwe en dit long sur les souffrances qu'endurent les populations africaines. Ce pays d'Afrique australe se débat, aujourd'hui, dans une situation économique et sociale désastreuse où se mêlent hyper-inflation, pénuries alimentaires, chômage en masse et épidémie de choléra. L'ONU fait état de 1.123 décès et les chiffres de l'OMS montrent une progression du nombre de cas s'établissant à 20.896, depuis le mois d'août. Tous les doigts accusateurs se pointent vers le président Mugabe, tenu pour en être le responsable. L'Occident, en particulier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, multiplient les appels à la démission du Président zimbabwéen qui les défie en clamant haut et fort : « Le Zimbabwe c'est moi. Je suis le Zimbabwe ». Il est vrai que l'Occident ne porte pas Robert Mugabe dans son cœur et ce depuis qu'il a entrepris la réforme agraire avec ce qu'elle a engendré comme brutalités envers les fermiers blancs. Les tentatives d'asphyxier l'économie du pays dans le but de provoquer un soulèvement populaire ont précipité la descente aux enfers de la population sans pour autant provoquer la chute du régime qui ne se maintient que grâce à la répression. Principale cible de cette répression, l'opposition censée partager le pouvoir, se cantonne dans une attitude de refus de négocier entraînant un blocage politique total et éloignant un possible dénouement de la situation. Pourtant les tentatives de médiation africaines n'ont pas manqué mais la panacée « des solutions africaines aux problèmes africains », a malheureusement montré ses limites et les dirigeants africains ont encore une fois prouvé leur incapacité à gérer leurs crises. Mais le plus grave c'est que le temps de ce bras de fer entre l'Occident et un président qui s'accroche au pouvoir, tout un peuple s'enfonce jour après jour dans l'abîme de l'appauvrissement et de la détresse. N'est-il pas temps pour Kouchner et la diplomatie occidentale de faire valoir le droit d'ingérence humanitaire, quelque peu tombé en désuétude ? Et cette tragédie du choléra, est-elle acceptable en ce 21ème siècle ?