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« On constate avec regrets que les partis de l'opposition n'ont pas encore atteint la maturité espérée »
VIE POLITIQUE/SOCIETE CIVILE
Publié dans Le Temps le 05 - 01 - 2009

Me Abderrahmane Kraiem, membre du conseil supérieur de la communication et ancien vice-président de la LTDH
Notre invité aujourd'hui est Me Abderrahmane Kraiem, membre du conseil supérieur de la communication et ancien vice-président de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH). Il nous parle du bilan de l'année 2008,
de l'agression sioniste à Gaza, de la crise économique, des risques éventuels pour la Tunisie, de la vie politique, de l'état des partis de l'opposition, des attentes de l'année 2009, des échéances électorales d'octobre 2009 de l'amendement constitutionnel concernant l'élection présidentielle, du secteur de l'information et d'autres questions. Interview.


Le Temps: Quel bilan dressez-vous de l'année 2008 ?
Me Abderrahmane Kraiem: L'année écoulée s'est soldée par une fin dramatique sans précédent, par des journées des plus meurtrières de l'histoire contemporaine. Israël vient de commettre des crimes des plus odieux contre la population de la bande de Gaza. Tout laisse à croire que l'opération "plomb durci" qui a causé jusqu'alors des centaines de morts et des milliers de blessés graves n'en est pas à sa fin et que l'Etat d'Israël, encouragé par le silence de la communauté internationale, par la complicité de ses alliés et l'encouragement des Etats amis, va poursuivre son plan d'anéantissement du peuple palestinien. Seulement ce qui lui échappe c'est que la volonté des peuples est invincible, l'agression, la terreur et le massacre ne peuvent décourager la volonté de lutte pour la dignité, la liberté et la libération. Le Conseil de sécurité de l'ONU qui a créé Israël, se doit d'assumer sa responsabilité pour protéger le peuple palestinien et œuvrer pour la création de son Etat tel que défini dans les résolutions onusiennes, autrement, aucune paix durable n'est possible. Malheureusement la communauté internationale est encore loin de réaliser les objectifs de paix, de justice, de solidarité et de tolérance. Le monde continue à souffrir de tant de douleurs et de folies. Tout laisse à croire que la paix réclamée n'est pas réalisable dans un avenir prochain.
•Et sur le plan économique?
Sur le plan économique, la crise mondiale déclenchée en 2007 par une flambée des prix des hydrocarbures s'est accentuée en 2008 par la baisse spectaculaire du prix du baril à moins de 40 dollars. On craint que l'année 2009 ne soit marquée par une récession généralisée qui toucherait sérieusement les pays à économie libérale dans les secteurs de l'industrie, de l'automobile et de la bourse. Ce qui entraînerait un ralentissement de l'industrie et la croissance du chômage technique.
•Et les risques pour la Tunisie
-Le risque de l'étendue de la crise à d'autres pays est très probable. C'est pour cette raison que la Tunisie, préoccupée par la situation économique dans le monde, ne cesse de souligner la nécessité d'observer et de suivre l'évolution de la conjoncture économique afin d'alléger son acuité et de garantir la sécurité de l'économie nationale. Des mesures adéquates ont été prises dans l'objectif de soutenir les petites et moyennes entreprises et la révision de la politique de l'emploi dans le sens d'une meilleure absorption des diplômés de l'enseignement supérieur. Le Président de la République a ordonné la création d'un centre de recherche et d'études financière et monétaire chargé du suivi de l'évolution de la situation financière, ainsi que la mise en place d'un plan pour l'amélioration de la compétitivité de l'économie nationale.
Malgré son bilan économique brillant, sa lutte efficace contre la pauvreté, son taux de croissance solide, la Tunisie reste vigilante quant à l'avenir, du fait de l'ampleur de la crise mondiale qui risque de durer et même de s'accentuer. Il est de notre devoir de rationaliser les dépenses, de poursuivre la politique de bonne gestion des deniers de l'Etat, se dresser contre le gaspillage afin de préserver un rythme de croissance convenable, assurer un développement régional généralisé, améliorer la qualité de vie du citoyen et garantir l'emploi de la population active et surtout des jeunes diplômés.
La Tunisie animée d'une volonté d'équité et de justice dans la répartition des fruits de la croissance poursuivra certainement sa politique de consolidation de la société solidaire et équilibrée pour atteindre un développement intégral. C'est dans cet esprit que se réalisera dès 2009 le programme de réhabilitation des quartiers populaires dans l'ensemble de la République.
•Et sur le plan politique?
-La scène est restée inchangée, aucun nouveau parti n'a été légalement reconnu et on remarque avec regret que les partis de l'opposition n'ont pas encore atteint la maturité politique tant espérée. L'alliance dite "la rencontre démocratique constituée entre le PUP, l'UDU, le PSL et le PVP" n'a plus d'existence effective. La candidature symbolique de Me Néjib Chebbi "sème le trouble au sein du comité du 18 octobre". Un certain nombre de militants sont limogés par leur propre parti. Certains d'entre eux sont sollicités par des "partis concurrents". Les partis de l'opposition se traitent de partis radicaux et de partis administratifs. Ces derniers s'auto-qualifient de partis nationaux, enfin les élections générales d'octobre 2009 font l'objet d'une grande divergence d'appréciation.
Il n'en reste pas moins que malgré certains aspects négatifs de l'état actuel de l'opposition, la vie politique, durant l'année 2008, témoigne de l'existence d'une grande liberté de ton et de discussion.
Les différentes positions des partis existants sont accessibles au public intéressé par la politique. Chaque parti a son propre journal qui reflète librement ses positions et ses conceptions.
Il y a lieu de remarquer que la situation actuelle des partis de l'opposition est fragile. La réflexion sur l'avenir politique et stratégique du pays est très limitée.
Les partis se doivent, au-delà de leur divergence, approfondir la discussion, se concerter sur les choix du pays afin d'accéder à une démocratie à la fois compétitive et participative. Le RCD, ne doit pas rester en dehors de cette concertation. Une alliance nationale entre tous les partis et toutes les composantes de la vie politique ne peut que rationaliser le débat et mieux fixer les orientations nationales capables de promouvoir la démocratie et garantir la bonne gouvernance. La Tunisie qui a œuvré dès 1994 pour une participation pluraliste au sein de la Chambre des députés et une représentation des divers composantes de la société civile dans les conseils consultatifs dans la chambre des conseillers ainsi que dans la diplomatie parlementaire et politique ne peut que favoriser la discussion plurielle dans le choix des orientations stratégiques. Un tel objectif peut bien se concevoir dans le cadre du "Conseil de la République", crée par la loi 67 du 28/11/1966. Cette loi nécessite l'amendement de son article 2 qui prévoyait que le conseil est composé par les membres du gouvernement et les membres du bureau politique du PSD.
•Justement quel rôle doit jouer l'opposition?
-Il est à remarquer d'autre part que tous les partis légalement constitués se doivent de défendre les acquis nationaux et le patrimoine commun. C'est pour cette raison qu'ils sont aussi responsables que le RCD pour garantir le processus du changement et de la réforme. Et pour faciliter un meilleur dialogue, il serait intéressant d'envisager la création d'une académie politique nationale destinée à la formation et la mise à niveau des cadres supérieurs de tous les partis afin d'approfondir la réflexion nationale et éluder les sources de conflits politiques. Une telle démarche ne peut que favoriser la promotion du pluralisme déjà encouragée par une série de mesures législatives concernant le financement public des partis et des journaux de l'opposition. Nous espérons que l'année 2009 verra s'étendre le bénéfice du financement public à tous les partis abstraction faite de leur représentation à la Chambre des députés. Nous espérons aussi une représentative minime de tous les partis au parlement quel que soit le nombre des suffrages exprimés ce qui est de nature à garantir le pluralisme dans sa totale dimension.
•Quel est votre souhait pour 2009?
-Notre souhait pour 2009, c'est l'émergence d'une opposition plus dynamique et plus constructive qui œuvre pour la concrétisation des aspirations nationales et la réalisation avec toutes les forces vives du pays du projet civilisationnel orienté vers la consolidation de l'Etat moderne.
L'année 2009 constitue une année d'échéance politique très importante. Les élections présidentielles et parlementaires d'octobre constituent une étape avancée sur la voie de l'enracinement du processus démocratique pluraliste.
Concernant les élections présidentielles, conscient de l'impossibilité actuelle pour les candidats de l'opposition de répondre aux conditions exigées par l'article 40 de la constitution et l'article 66 du code électoral pour se porter candidat à la Présidence de la République. (... être présenté par au moins 30 membres de la Chambre des députés ou les présidents des conseils municipaux), le législateur est intervenu pour la troisième fois consécutive pour énoncer une dérogation en faveur des premiers responsables des partis politiques légalement choisis au cours d'un congrès tenu depuis au moins 2 ans.
Je pense qu'au delà de la nature exceptionnelle de cette mesure et de l'opportunité de maintenir l'article 40 de la constitution dans sa formulation actuelle, les élections présidentielles et législatives seront l'occasion pour relancer et pour approfondir le débat d'idées tant attendu par les Tunisiens afin de clarifier les objectifs et exposer les différents programmes en compétition.
Ces élections se dérouleront dans la transparence la plus absolue. C'est le Président de la République qui le garantit. Des mesures tendant au respect de la loi et assurer le comportement civique élevé seront prises à cet égard. Elles concernent essentiellement:
*le renforcement de la composition de l'observatoire nationale des élections par la présence de personnalités nationales reconnues par leur indépendance et leur compétence.
* la révision du mode d'organisation d'enregistrement et de diffusion à la radio et à la télévision, des interventions des candidats en confiant au président du conseil supérieur de la communication ou à son représentant mandaté le soin d'évaluer les enregistrements.
L'année 2009 verra sans doute une activité législative importante se rattachant à l'amendement du code électoral pour faire bénéficier aux jeunes le droit de vote à 18 ans, augmenter le nombre des sièges à pourvoir au niveau national lors de l'élection des membres de la chambre des députés pour le porter à 25%, réduire les bureaux de vote en augmentant le nombre des inscrits de 450 à 600 électeurs etc...
•Vous êtes membre du conseil supérieur de la communication . Quelle est votre opinion concernant le secteur de l'information?
-Sur le plan de l'information, on assiste depuis quelque temps à un changement qualitatif dans certaines émissions de télévision et de radio. Certaines réflexions témoignent d'une plus grande liberté d'expression. Quelques problèmes sont traités avec beaucoup de courage et d'audace.
Tout en se félicitant de l'étendue des espaces de dialogue contradictoire et du ton de liberté, nous tenons à la crédibilité de l'information et à son rôle éducateur et culturel. On remarque avec regret que la chaîne Radio "Tunisie Culture" est marginalisée malgré l'intérêt accru de ses programmes. Elle est peu et mal écoutée. Il est donc nécessaire de faciliter sa diffusion en la transférant à la fréquence FM et inciter les autres chaînes à faire connaître au grand public intéressé par la culture ses programmes.
Concernant la promotion des structures et institutions du secteur de l'information, l'année 2008 marque une grande date. Le Conseil supérieur de la communication qui était jusqu'alors un organisme consultatif rattaché au ministère de la Communication devient une institution dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Il n'est plus sous la tutelle d'un ministère, seul son budget est rattaché pour ordre au budget du première ministère. Selon la loi du 2/5/2008 son rôle consiste à suivre le rendement des institutions médiatique et d'évaluer leurs programmes et leurs contenus. Le nouveau rôle qui sera attribuée à son président ou à son mandataire au cours des élections est de nature à mieux positionner le C.S.C au cœur de la vie politique et médiatique.
Nous sommes convaincus que ces larges prérogatives du CSC conjuguées avec les moyens matériels et techniques et les capacités humaines mises à sa disposition contribueront à répondre aux aspirations de notre pays à une information libre, responsable et plurielle.
•Et pour conclure
-Un vœu concernant la LTDH
-Sa crise dure déjà depuis 8 ans. Il est inconcevable d'attendre une nouvelle année de crise. Il s'avère que ceux qui manipulent le conflit sont incapables de le solutionner. Je réitère la proposition que j'ai formulée depuis le mois d'août 2003, celle de s'en tenir à une décision de dernier ressort que doit rendre une commission de liaison et d'arbitrage composée par d'anciens dirigeants de la ligue. Je m'adresse à tous ceux qui voient dans la ligue un acquis national d'œuvrer pour faciliter sa sortie de cette crise.


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