Israël dit le "prendre au sérieux", le Hamas l'étudie , les Etats-Unis et de l'Union européenne l'appuient * Sarkozy toujours à la manoeuvre Le Temps-Agences - Plusieurs centaines de Gazaouis assiégés par l'armée israélienne se sont approvisionnés hier à la faveur de la première des trêves quotidiennes promises par Israël à titre humanitaire dans l'attente du cessez-le-feu durable proposé par l'Egypte. La proposition formulée mardi soir par le chef de l'Etat égyptien Hosni Moubarak après une rencontre avec son homologue français Nicolas Sarkozy, et présentée par celui-ci comme une initiative franco-égyptienne, jouit de l'appui des Etats-Unis et de l'Union européenne. Israël, qui ne veut pas entendre parler d'un retour au statu quo ante où sa population était à la merci des tirs de roquettes palestiniennes, a dit "prendre au sérieux" ce plan et "souhaiter son succès" mais a fait savoir que ses modalités étaient encore en cours de discussion. De source autorisée israélienne, on précise que les autorités du Caire souhaitent une trêve initiale de 48 heures, le temps de mettre au point les clauses du cessez-le-feu viable et durable que réclament Israël et les Etats-Unis, mais l'Etat juif exclut d'arrêter son offensive sans connaître celles-ci. Le président Moubarak a soumis son plan aux dirigeants du Hamas, qui ont déclaré l'étudier. Mais le mouvement islamiste a rappelé ses conditions à tout cessez-le-feu : retrait des forces israéliennes et levée du blocus de la bande de Gaza, qu'il contrôle depuis un an et demi. Les activistes palestiniens ont tiré dans la matinée une quinzaine de nouvelles roquettes sur Israël, sans faire de victimes, avant d'observer à la mi-journée une brève pause coïncidant avec la trêve humanitaire quotidienne de trois heures inaugurée par Israël. Après quoi, les affrontements ont repris autour de la ville de Gaza. Une douzaine de Palestiniens ont été tués dans la journée, portant à plus de 650 le nombre des morts - dont 30% à 40% de civils - depuis le début de l'offensive, d'abord aérienne puis terrestre, lancée par Israël il y a 12 jours. Le cabinet restreint israélien a différé hier sa décision sur le lancement de la troisième phase de l'offensive, qui impliquerait l'entrée des soldats israéliens dans les agglomérations comme Gaza et Rafah, avec tous les risques que cela comporte en termes de pertes humaines. Israël dit avoir tué des dizaines d'activistes depuis le début de son offensive, mais il a rencontré relativement peu de résistance jusqu'à présent et un chef militaire du Hamas a annoncé que des milliers de combattants attendaient de pied ferme les soldats israéliens dans les ruelles et les maisons gazaouies. De source militaire israélienne, on confirme que le plan de Tsahal est pourtant bien de pénétrer dans les zones urbaines mais que cette troisième phase a été différée en raison des efforts diplomatiques en cours. "Nous suivons simultanément les pistes militaires et diplomatiques, et donc ce n'est pas une affaire simple", dit-on. "Nous tentons d'avancer sur plusieurs fronts à la fois", a déclaré pareillement aux Nations unies un membre de l'entourage de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, laquelle a téléphoné hier à son homologue israélienne Tzipi Livni pour inciter l'Etat juif à considérer très sérieusement l'initiative égyptienne. La Maison blanche a souhaité la conclusion d'urgence d'un cessez-le-feu mais souligné que les tractations pour y aboutir étaient "compliquées par le nombre de parties impliquées". Délaissant le quasi-mutisme qu'il s'imposait depuis 12 jours, Barack Obama a promis hier de s'occuper du dossier proche-oriental dès son entrée à la Maison blanche, le 20 janvier, non seulement pour trouver une solution à court terme mais également pour parvenir à une paix durable. ------------------------------ Sarkozy toujours à la manoeuvre
Le Temps-Agences - Rentré à Paris dans la nuit après une tournée de deux jours au Proche-Orient, Nicolas Sarkozy était toujours hier à la manoeuvre pour tenter de faire progresser le "plan franco-égyptien" pour Gaza, accueilli prudemment mais plutôt favorablement par les différentes parties. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a apporté son soutien au plan en trois points présenté mardi soir par le président égyptien Hosni Moubarak pour tenter de mettre fin aux hostilités dans la bande de Gaza. De son côté, le numéro deux du bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouk, a affirmé que son mouvement étudiait les initiatives de paix destinées à faire cesser les combats dans la Bande de Gaza, tout en excluant l'idée d'une trêve permanente avec Israël. Après une réunion en conseil restreint du gouvernement israélien à Tel Aviv, un porte-parole du gouvernement israélien a "salué" à son tour hier la proposition de la France et de l'Egypte, tout en posant des conditions à un accord israélien. Mark Regev a ainsi précisé qu'Israël pourrait accepter cette offre si elle permettait de faire cesser les "tirs hostiles" lancés depuis Gaza contre Israël et était assortie de mesures pour empêcher le Hamas de se réarmer. Il n'en fallait pas plus pour que Nicolas Sarkozy "se félicite vivement" dans un communiqué "de l'acceptation par Israël et par l'Autorité palestinienne du plan franco-égyptien". Le président français a appelé "à la mise en oeuvre de ce plan dans les délais les plus brefs, pour que cessent les souffrances des populations". Nicolas Sarkozy réagissait ainsi "au fait que, d'après les contacts avec les différents interlocuteurs, ils accepteraient le plan entériné hier comme point de départ d'une discussion, ce qui permettrait donc de renouer le dialogue", a temporisé peu après à l'Elysée. "L'accord israélien pour l'ouverture d'un corridor humanitaire ainsi que l'annonce d'une interruption des bombardements aériens trois heures par jour constituent un premier pas positif qui doit être concrétisé immédiatement", a souligné devant les députés la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade. "L'accueil positif qu'Israël et l'Autorité palestinienne ont réservé à ce plan est pour nous un grand motif de satisfaction", s'est-elle félicité. "Cette démarche est aujourd'hui la seule qui soit réaliste". "Il faut que les armes se taisent" à Gaza. "Nous n'avons pas le temps. Elles doivent se taire tout de suite", a martelé mercredi Nicolas Sarkozy devant les parlementaires réunis à l'Elysée. Parallèlement, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner était chargé à New York de tenter de faire endosser l'initiative égyptienne par le Conseil de sécurité des Nations unies. Le plan présenté mardi soir à Charm el-Cheikh par le président égyptien Hosni Moubarak et son homologue français prévoit un cessez-le-feu immédiat pendant une période limitée pour permettre l'entrée dans la Bande de Gaza d'une aide humanitaire et donner du temps à l'Egypte pour tenter de parvenir à un arrêt des combats permanent. Il comprend une invitation au Caire des parties israéliennes et palestiniennes pour discuter de la sécurisation des frontières de Gaza -et notamment de la lutte contre la contrebande d'armes au profit du Hamas- mais aussi de la levée du blocus israélien. Enfin, il prévoit la reprise des efforts égyptiens en faveur d'une réconciliation interpalestinienne. A l'Elysée, on espérait mardi soir, "dans un schéma idéal", un accord entre l'Egypte et Israël "sous quatre à cinq jours", qui "pourrait conduire à un retrait sous huit jours de l'armée israélienne" de Gaza.