* "Il faut en finir avec les ruptures cycliques. Les présidents passent les constantes ne doivent pas être touchées C'est la première interview consentie à un journal. Pas facile de le faire parler. Car c'est tout sauf un orateur. Mais quand il juge utile de communiquer, voilà qu'il le fait. Et surtout il distille des messages. "Finissons-en avec les ruptures" s'écrie-t-il. Et là où c'est intéressant c'est lorsqu'il juge qu'il n'y a rien de plus ruineux pour un club qu'une gestion personnifiée. Interview
Le Temps: Que signifie pour vous, être le président de l'Espérance au moment où elle fête ses 90 ans d'existence. Hamdi Meddeb: Sachez d'abord que nous comptions fêter l'événement à la dimension de l'Espérance. Mais ç'aurait été indécent dans ce contexte douloureux pour Gaza. Pour revenir à votre question, il y a lieu de tenir compte de deux éléments importants: - Je ne suis pas uniquement le président de l'Espérance mais son enfant et son serviteur. - Au delà des appels du cœur, je réfléchis aussi en chef d'entreprise. L'Espérance ne peut être gérée qu'à la manière d'une entreprise. Et donc, il faut une stratégie des plans et des objectifs. Pour atteindre la plénitude l'Espérance doit réaliser les 80% de ses objectifs. Or nous n'en sommes qu'aux 60%. Ces 60% ont été réalisés sur 90 ans. Que ce soit clair. Et cela a été réalisé grâce aux hommes, aux enfants de l'Espérance, sans exclusion ni discrimination. L'Espérance est née dans la ferveur patriotique. L'Espérance est quelque chose de grandiose. Vous ressentez cette dimension quand vous allez à l'étranger. L'image de l'Espérance est continentale, arabe et internationale. Et pour intégrer cette dimension, il faut savoir se sentir légitime et revendiquer cette envergure. C'est ce que j'appellerais "la fierté d'être Espérantiste". Car l'Espérance c'est aussi une école de vie. •Et pour réaliser les 20% restants, comment faut-il s'y prendre? -D'abord travailler la main dans la main. Si un édifice est sclérosé quelque part, il finit par être complètement lézardé et il s'écroule. La matière première existe. L'infrastructure aussi. Et donc si les Espérantistes continuent d'aller chacun dans sa direction et en rangs dispersés, c'est l'Espérance qui s'en retrouvera affaiblie. •Vous utilisez toujours cette formule "la main dans la main". A qui refusez -vous de tendre la vôtre et qui refuse de vous tendre la sienne? -Il ne s'agit pas de moi. Moi je veux raffermir une éthique. Il faut un retour aux valeurs sur lesquelles a été construite l'Espérance. Il faut travailler ensemble. Un seul homme ne peut pas le faire. Il m'arrivait de me retrouver seul au parc "B". Une gestion personnifiée, c'est là un cadeau empoisonné qu'on offre à l'Espérance. Il faut "réhabiliter" les constantes, car il n'est pas normal que chaque nouveau président de l'Espérance "efface" tout ce qu'a fait celui qui l'a précédé. Les hommes de l'Espérance passent. Les constantes restent. Et pour qu'elles restent il faut savoir respecter les stratégies consensuelles. •Avez-vous une fascination particulière pour Berlusconi ou Calderon? -C'est à dire? •Vous achetez tout ce qu'il y a à acheter sur le marché -C'est de bonne guerre. J'achète les meilleurs, ceux qui sont directement opérationnels, car le vivier et les jeunes nous les avons déjà. S'il ne viennent pas à l'Espérance ils iront renforcer nos concurrents... •Et d'où vient cet argent, malgré ce contexte de crise? -Je dois rendre grâce à quelques mécènes qui consentent de l'argent au club. Le reste, eh bien normal, en tant que premier responsable du club que je débourse de mon argent propre. •Combien jusque là? -Non je ne le dirai pas... Mais c'est encore le problème soulevé tout à l'heure: quand un club dépend d'une seule personne, c'est mauvais. •Au début, vous menaciez fréquemment de quitter l'Espérance... Là vous êtes plus serein, vous avez plus d'assurance. -Normal. L'ambiance était très mauvaise. Les clans, les lubies de Cabral, les coups bas de quelques anciennes gloires que j'ai voulu impliquer dans l'avenir de l'Espérance mais qui n'ont d'ambitions que pour elles-mêmes... L'ambiance était délétère. Et puis, n'oubliez pas la situation financière à l'époque... Cela dit on me reproche une certaine nostalgie en faisant appel aux anciennes gloires. Sauf que je fais le tri... Pour servir l'Espérance, il faut l'aimer. Et pour l'aimer il faut être désintéressé. •La question inévitable: Slim Chiboub... -Cessons-en avec cette histoire. On se parle, on se voit à l'hippodrome. Nous avons l'un et l'autre l'Espérance dans les veines. Nous pouvons ne pas être d'accord sur certains points. Mais nous sommes unis dans l'amour pour l'Espérance.