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Les héritiers des dinosaures
Redécouverte
Publié dans Le Temps le 25 - 02 - 2007

Dépêchons-nous de parler des oiseaux sauvages avant que des « journaleux » en mal de sensationnel, ne nous les fassent détester parce que nous craindrions qu'ils nous transmettent la grippe aviaire.
Soyons sérieux : en cinq à six ans, depuis que le virus H5N1, a été découvert, mille, deux milles - soyons calamiteux ! - cinq milles personnes sont mortes - c'est déplorable - sur plus de trois milliards d'Asiatiques. Il en meurt autant, chaque année, sur les routes de France, des dizaines de milliers décèdent de tabagisme et autant encore d'alcoolisme ! On nous parle de pandémie menaçante - voire probable ! - en rappelant les ravages de la « grippe espagnole » au lendemain de la première guerre mondiale. Mais on omet de décrire les conditions sanitaires de l'époque, les compétences d'une médecine naissante ainsi que les potentialités de la recherche et de l'industrie pharmaceutique.
Allons, nous continuons à être convaincus que les oiseaux - les descendants des dinosaures ! - sont une des parures de la nature en plus d'en être un des éléments essentiels. La Chine, il y a quelques années, avait voulu éliminer les oiseaux « mangeurs de céréales » nécessaires aux hommes. Un peu plus tard, elle avait été désespérée de constater que les insectes, que les oiseaux disparus ne mangeaient plus, ravageaient davantage les récoltes.
Pourquoi évoquer les oiseaux ? D'abord, tout simplement parce qu'ils existent et qu'ils font partie de notre environnement qui a une fâcheuse tendance à se dégrader. Allons voir les parcs nationaux du Bou Kornine et de l'Ichkeul ou la « Forêt de Gammarth » ! Ils sont même un élément de notre patrimoine. Parlez-en aux chasseurs puis allez observer sur les mosaïques d'époque romaine, les grives, les perdrix, les canards sauvages et même les faisans, originaires d'Asie. De plus, la Tunisie est une étape importante, recherchée sur une des principales voies de migrations : flamants, cigognes, canards, oies, grues, tourterelles, hirondelles et bien d'autres encore s'y rencontrent.
Enfin, si les oiseaux sauvages étaient « dangereux », le Ministère de l'Agriculture prendrait-il la peine de protéger un certain nombre d'espèces ?
La Tunisie offre une gamme de biotopes divers : littoraux, zones humides, forêts, garrigues, champs cultivés, vergers, steppes et montagnes où de nombreuses espèces vivent, nichent, hivernent ou se reposent un moment. Nous n'évoquerons dans cet article qu'un tout petit nombre d'oiseaux juste pour vous donner envie d'en voir davantage. Où donc ?

SUR LE LITTORAL
Les bords de mer étant actuellement un succédané du paradis, presque tout le monde s'y rend et vers Sidi Daoud, dans le Cap Bon, on a quelquefois la chance de pouvoir observer le Puffin cendré (Calonectris diomedea), le plus grand des Puffins, de près de 1,20 mètre d'envergure. Il réside et niche sur l'île de Zembra de mai à octobre avant de rejoindre l'Atlantique. Il est reconnaissable à son dos gris foncé à brun, son ventre blanc et ses vols planés entrecoupés de quelques battements d'ailes. On peut aussi apercevoir parfois le Goeland d'Audouin, très rare en méditerranée mais parfaitement identifiable à la barre noire qui raye son bec rouge. Quelques couples nichent sur Zembra.
Partout ailleurs, principalement le long des immenses vasières du golfe de Gabès - nous ne vous conseillerons pas d'aller vous installer près d'une décharge d'une ville côtière où vous aurez toutes les chances de les voir tous ! - vous pourrez admirer les orbes des grands Goelands bruns (Larus fuscus) au dos et au dessus des ailes très foncés et de près d'un mètre et demi d'envergure. Il hiverne en Tunisie ainsi que la mouette rieuse (Larus ridibundus), nettement plus petite. Elle a un masque noir et un dos gris sombre. On se laisse aussi séduire par la légèreté des sternes aux longues ailes aiguës et dotées d'une longue queue d'hirondelle. La sterne Pierre-garin (Sterna hirunda), à calotte noire qui peut parfois nicher dans le Golfe de Gabès. La sterne naine (sterna albifrons) au dessus de la tête et du dos gris à reflets roussâtres. Souvent, on est surpris par l'attitude héraldique d'un énorme oiseau tout noir : le grand cormoran (Phalocrocorax carbo). Perché sur un piquet, il se dresse, face au soleil les ailes écartées, comme pour faire sécher ses plumes. Les ornithologues en doutent. Cet oiseau de près d'un mètre de long et d'un mètre et demi d'envergure plonge profondément pour saisir à coups de bec les poissons.
En Asie, on le dresse pour la pêche. Vous pourrez aussi voir passer, au ras des flots, le cormoran huppé (Phalacrocorax aristotelis) un peu plus petit, au menton et à la gorge blanchâtre, comme, parfois, le grand cormoran.
On pourra observer le ballet des innombrables limicoles, les plus gros sont le grand Gravelot (Charadrius hiaticula) et le tournepierre à collier (Arenaria interpres) au plumage tâché de noir, de blanc et de brun. Quelquefois, un huîtrier pie (Haematopus ostralegus) noir et blanc se mêle au peuple des bécasseaux : violets, cocorli, variables, maubèches, etc qui courent, très affairés, sur le sable au ras des flots.

SUR LES LAGUNES
Une des plus élégantes est l'Avocette (Recurvirostra avoseta) reconnaissable à son plumage d'arlequin noir et blanc et surtout à son long bec courbé vers le haut qui lui permet de chercher sa nourriture jusque sous les pierres.
Les plus curieux sont les chevaliers combattants (Philomachus pugnax) qui ne sont que brièvement de passage en hiver. Quand les jeunes se querellent, ils hérissent les plumes du cou qui leur font une superbe collerette.
Le chevalier gambette (Tringa totanus) charme les observateurs, à la tombée de la nuit, de son cri doux et flutté. Les autres chevaliers viennent aussi en hiver : l' « arlequin », l' « aboyeur », le « guignette », le « cul blanc ». Ils se posent sur les lagunes de la côte sud du Cap Bon ou celles de la région de Bou Ficha.
A côté des aigrettes grandes ou petites, qu'on voit dans tous les fossés et les près humides, des hérons garde-bœufs (Bubuleus ibis) et de la spatule blanche (Platalea leucorodia) - parent des Ibis qui viennent nous visiter depuis quelques années ! - on peut voir un canard très coloré et protégé : le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna). Il est identifiable même en vol à son plastron marron et à sa tête noire. La cane est aussi colorée que le mâle. Ils nichent dans un terrier que les petits quittent pour aller à l'eau, sitôt sortis de l'œuf !
Le « roi » nous semble être incontestablement le flamant rose (Phoenicopterus ruber). Il marche à pas comptés, un « pas de sénateur », de monarque, avançant en labourant la vase de son énorme bec très busqué qui dépare un peu son profil. Mais l'envol d'un groupe de flamants, au coucher du soleil, dans un « épanouissement » d'ailes rouges et noires est un spectacle superbe.

SUR LES RIVIERES ET LES LACS
Certes, les rivières tunisiennes sont rares, mais le long des petits torrents de Khroumirie, dans la lumière verte que filtrent la voûte des branchages touffus, un minuscule projectile, turquoise et coq de roche, file au raz d'une eau transparente : le martin-pêcheur (Alcedo atthis). Le couple niche dans un terrier creusé dans une berge molle et argileuse. 25 jours après l'éclosion des œufs, les petits volent et se mettent à pêcher. Les parents se lancent alors dans la réalisation de 2 à 3 autres couvées successives !
Sur les lacs de retenue des barrages, en particulier, celui de M'barak, vers Nefza ou sur de petites étendues d'eau, peu profondes, derrière des barrages collinaires, de nombreuses espèces de canards - d'anatidés devrions-nous dire - se regroupent. Les canards plongeurs, les fuligules au corps trapu et à l'iris des yeux parfois jaune parfois rouge sont visibles jusque dans le Parc du Belvédère. Les canards de surface nagent en eau peu profonde : le Pilet (anas acuta) à très longues rectrices foncées de la queue, a notre préférence en raison de son long cou qui lui donne un air « aristocratique » : « Il se monte le cou ! ». Tout ceux qui l'on vue, n'oublieront plus la petite sarcelle d'hiver (anas crecca) qui semble être prête pour un bal masqué avec son « loup » vert brillant bordé de crème posé sur les côtés d'une tête marron. Mais peu nombreux sont ceux qui ont aperçu la discrète sarcelle d'été (anas querquedula) aux larges sourcils blancs ou la très protégée sarcelle marbrée (marmaronetta angustirostris).
Le maître des lieux serait, à notre avis, le balbuzard, l'aigle pêcheur (Pandion haliaetus) qui plonge et capture dans ses pattes dotées de serres acérées et de « pelotes » rugueuses qui les retiennent des poissons pesant plus d'un kilo. Ses ailes puissantes, de plus d'un mètre et demi d'envergure, l'arrache à l'eau avec sa proie.

SUR LES ZONES HUMIDES
Les grandes grues cendrées (grus grus) s'en vont à pas comptés tandis que, solitaire, dans un « coin » discret, un héron cendré (ardea cinerea), immobile, son long cou « serpentiforme » rentré dans les épaules, guette sa proie. « Grue Grus ! » crie l'escadre qui file en V, en vol battu, même en pleine nuit, le cou tendu contrairement au héron qui vole le cou plié. Les grues peuvent atteindre 80 à 100 km/h et voler à plus de 4000 mètres d'altitude ! Le couple est uni pour la vie. Le panache des plumes du croupion gonflé, retroussé comme un « tutu » de danseuse, mâle et femelle se saluent avec beaucoup d'élégance au moment de la pariade de printemps. Elégante, sociable, sagace, observatrice et méfiante, la grue cendrée est un oiseau remarquable.
Mais la bécassine des marais (gallinago gallinago) nous semble être l'oiseau emblématique des zones humides, peu profondes en eau douce. En Tunisie, on en rencontre trois espèces. La bécassine sourde (Lymnocryptes minimus), de la taille d'un moineau et au bec court. La bécassine double (Gallinage media), très rare et un peu plus grosse que la bécassine des marais dont le bec mesure près de 7 centimètres. Leur plumage, à toutes les trois, est un merveilleux assemblage de plumes brunes, beiges, marron, crème. Tous les gens qui essaient de l'approcher - les chasseurs en particulier ! - vous diront à quel point c'est difficile, combien ses envols, en zigzag, au ras des herbes ou droit dans le soleil, dans les pieds ou à plus de cent mètres sont imprévisibles. Quel bel oiseau !
Sur les près humides du nord-ouest tunisien près de Nefza et de Tabarka, de Mateur ou de Bizerte, on peut observer des vols de vanneaux huppés (vanellus vanellus) très élégants avec leur longue et fine huppe érectile et leur plumage blanc et noir à reflets verts. Ils ont une excellente réputation auprès des gastronomes qui affirment : « Qui n'a mangé vanneau, ne sait ce qu'est un bon morceau ! ». Nous ne sommes pas de cet avis ! Nous préférons la chair du pluvier doré (Pluvialis apricaria) qu'on rencontre parfois assez loin des marais comme le courlis cendré (Numerius arquata) au long bec incurvé vers le bas et au chant mélancolique et mélodieux.
Par contre les barges : « à queue noire » (Limosa Limosa) ou « rousse » (Limosa lapponica) au long bec et à la poitrine cuivrée, ne quittent les marécages que pour fréquenter les vasières du bord de mer.
Il faut se dépêcher d'aller voir tous ces oiseaux qui, pour la plupart, ne font qu'hiverner en Tunisie. Les paysages sont superbes. Une bonne paire de jumelles, des bottes étanches et une grande dose de patience dans un abri même sommaire suffisent mais pour prendre de bonnes photos, un téléobjectif de qualité de 300 à 500 mm est nécessaire.


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