En quoi Obama aurait-il déçu jusque-là? Et qu'aurait-il promis de si spécial au monde en dehors du multilatéralisme? Chacun voit midi devant sa porte. Les Palestiniens attendent de lui qu'il "arrête" Israël mais ils ne sont pas disposés à se tendre la main. Les Arabes, en rangs dispersés comme d'habitude, se soucient pour leurs fonds souverains. L'Europe, qui a repris du poil de la bête grâce à la diplomatie française et malgré la mésentente Paris-Bonn, craint justement que le multilatéralisme dans lequel s'engagera Obama ne pousse celui-ci à "parler" avec des "mouvances religieuses" et des "Etats-voyous". Et c'est paradoxal ! La Vieille Europe jugeait subjective et outrancière la schématisation américaine de l'"Axe du Mal". La Nouvelle Europe à qui les pratiques de Bush répugnaient, ne serait pas mécontente si Obama reprenait à son compte l'"Axe du Mal". Discours contradictoire surtout à Paris. Comment peut-on "garder", la Syrie dans l'Axe du Mal après le rapprochement entre Sarkozy et Al Assad? En réalité le nœud gordien c'est Téhéran. Et, en plus, l'Iran vient de lancer son premier missile baptisé ironiquement "Espoir", terme fort dans la campagne d'Obama. Le président narguerait-il Obama? Ce n'est pas évident, mais l'Occident et une bonne partie des pays arabes feront tout pour l'accréditer. L'Europe frémit à l'idée qu'à 2500 kilomètres de ses frontières, l'Iran, puissance régionale, dispose de la bombe atomique. Pourquoi le Pakistan, l'Inde, la Corée du Nord et surtout Israël en disposeraient et l'Iran, non? Au demeurant, les pays arabes devraient s'en inquiéter bien plus que les Européens et les Israéliens eux-mêmes. Car le programme nucléaire iranien avait été enclenché des temps du Shah dont l'aversion à l'endroit du monde arabe est décrite comme étant "pathologique" par Valery Giscard d'Estaing, pourtant un "ami précieux". Le lancement de ce missile fera-t-il changer Obama d'idée? Il est trop bien conseillé pour le faire. Il sait que les alliés traditionnels de l'Amérique veulent lui lier les mains. Car il a bien dit tout haut "qu'en tant que président des Etats Unis, il discutera avec qui il jugera utile de le faire". Et on sait que dans sa stratégie il discutera avec l'Iran et peut-être bien avec le Hamas et le Hezbollah. N'est-ce pas pragmatique? N'est-ce pas plus simple que de comptabiliser les missiles qui massacrent les enfants? Si une puissance comme l'Iran réintègre le concert des nations – comme la Libye il y a quelques années – et si on ramène les mouvements dits "religieux" aux vertus du dialogue, on rendra service à la paix. Sauf que si on exige d'eux de renoncer à leur composante religieuse, il faudra peut être gentiment demander à Israël de renoncer au sionisme.