La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a examiné dernièrement une affaire d'homicide volontaire avec préméditation, dans laquelle sont impliqués deux jeunes hommes. Les faits remontent au mois de mai dernier vers 7 heures du soir, une bande composée de six amis a décidé de passer une soirée bien arrosée dans une forêt dans les environs de la capitale. Après avoir acheté une grande quantité de vin et de canettes de bière, ils s'installèrent loin des regards indiscrets. La soirée commença à tambours battants surtout qu'elle a été égayée par la présence de deux jeunes filles. L'environnement prêtait à la joie et les présents parlaient de tout et de rien quand une querelle éclata opposant trois jeunes hommes. Elle a commencé lorsque l'un des présents a accusé un deuxième de se réserver les faveurs de l'une des jeunes filles. Ayant bu suffisamment d'alcool, les protagonistes avaient déjà perdu leur self-contrôle et les deux belligérants vinrent aux mains. Voyant son ami malmené, un troisième protagoniste entra en scène pour le défendre et, sans crier gare, asséna un coup sur la tête de la victime avec un tesson de bouteille de vin. Il ne se contenta pas de cette agression puisqu'il l'étrangla avec ses deux mains et le balança dans la rivière. La victime ne parvint pas à se dégager et ce fût son cadavre qui a été repêché par les autres participants à la beuverie. Pris de remords, les agresseurs sont restés à côté du cadavre, tandis que les trois autres individus et les deux jeunes filles se sont retirés suite à ce drame. Ils se sont présentés à la police pour l'informer de l'incident et une patrouille a été dépêchée sur les lieux. Une enquête a été ouverte. Les compagnons de la victime ont prétendu qu'elle a trébuché par mégarde dans la rivière et qu'ils ne sont pas parvenus à le sauver. Mais, les investigations menées par la police et les questions croisées des enquêteurs, ont mené à la découverte de la réalité. Les deux jeunes filles ont également vendu la mèche et raconté la version véridique des faits. Les deux acteurs de la querelle ont été alors obligés à reconnaître leur forfait et à passer aux aveux complets entérinés par le juge d'instruction. Ils ont été arrêté pour homicide volontaire pour le premier et complicité pour le second. Ils ont été traduits devant un tribunal pour répondre de leur délit. Devant la Cour, les deux malfrats ont nié avoir eu l'intention de tuer la victime, affirmant que la beuverie a dégénéré en une rixe fatale. Ils ont reconnu qu'ils n'étaient pas dans leur état normal au moment des faits. Ils avaient agi sous l'effet de l'alcool qu'ils avaient ingurgité. Par ailleurs, ils devaient souligner que le coup porté à leur protagoniste, n'était pas mortel. La défense insista sur cet argument puisque le médecin légiste découvrit de la boue dans les bronches pulmonaires de la victime qui a été jeté dans la rivière, ce qui implique qu'elle était bien vivante. De ce fait, l'avocat a demandé à la cour d'écarter la thèse de la préméditation. La défense du deuxième inculpé profita de l'occasion pour solliciter la requalification de l'infraction en violences graves, et a prié le tribunal de prendre en considération le jeune âge et l'absence d'antécédents judiciaires des accusés. L'affaire a été mise en délibéré.