La Cour d'appel de Tunis a dernièrement examiné une affaire impliquant un voleur de motocyclettes et un agent municipal. Le jeune voleur, âgé de 23 ans, a été encouragé par l'un de ses amis, agent municipal de son état, à voler les motos et à falsifier des contrats de vente, afin de maquiller les vols commis. Ainsi, les deux complices peuvent vendre ensuite les motos en justifiant aux acheteurs desdits contrats, dûment signés et légalisés par leurs vendeurs. Toutefois, tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Il a suffi en effet que ce jeune ait l'idée de revendre trois des motos « achetés », pour que tout s'écroule comme un château de cartes. Des anomalies ont été vite relevées dans lesdits contrats de vente, ce qui incita les acheteurs à recourir aux agents de la brigade criminelle afin d'en avoir le cœur net. Ces derniers eurent recours au registre municipal, pour les besoins de l'enquête, afin de procéder à de multiples vérifications et dont notamment la légalisation de la signature du propriétaire initial de chaque motocyclette. Il s'avéra en définitive qu'aucun de ces propriétaires n'avait apposé sa signature. Bien plus, aucun d'eux n'était au courant de ces ventes, lesdites motos étant déclarés volées. La légalisation des ces signatures était falsifiée. L'agent municipal se contentait d'apposer la mention adéquate pour la légalisation en ajoutant à chaque fois un numéro imaginaire de carte d'identité. Tout cela évidemment moyennant la contrepartie de cinquante dinars qu'empochait l'agent municipal sans aucune hésitation. Inculpés de faux, usages de faux, corruption et complicité, les deux complices furent condamnés en première instance à des peines d'emprisonnement. Ils interjetèrent appel et comparurent dernièrement devant la cour, niant les faits qui leur sont reprochés. L'avocat de la défense plaida l'absence de l'élément moral concernant l'agent municipal qui avait agi de bonne foi, selon lui. Il ajouta même qu'il n'y a aucune preuve de corruption, l'agent municipal n'ayant pas été pris en flagrant délit, et il n'y avait de surcroît aucune trace de l'argent donné à ce titre. L'affaire a été mise en délibéré.