Ignoble déchaînement de messages criant à « la trahison de Abdennadher ». Des supporters fanatiques – pourtant cela ne ressemble pas au Club Sfaxien ! - reprochent à leur ex-président, et actuel président du Comité de soutien d'avoir (disent-ils), fait jouer ses relations en Libye pour une rupture à l'amiable entre Faouzi Benzarti, et la fédération libyenne et, par conséquent, pour son recrutement par l'Espérance. Réactions épidermiques, passionnelles et pour le moins futiles. Derrière le sport, grâce au sport, il y a d'abord, les affinités entre les hommes. A son insu ou à son détriment, on bascule dans la méprise et la vindicte. Pour le cas d'espèce, signalons d'abord que les faits sont plutôt dilués et cette prétendre « allégeance de Abdennadher pour l'Espérance » (comme disent ces supporters furieux) n'est en rien prouvée. Des versions disent que ce fut une coïncidence ; d'autres au contraire, établissent le lien mais en tous les cas les une et les autres relèveraient de la casuistique. Est-ce un sacrilège, une trahison, une atteinte à l'honneur sfaxien si Abdennadher est sollicité pour un petit service par l'Espérance ? N'est-ce pas, au contraire, une grande élévation morale, un haut degré de civilité ? Et en quoi la démarche de Abdennadher – si démarche, il y a eu – serait-elle blasphématoire dès lors que s'il n'y a pas intérêt (comme disent les juristes) il n'y a pas action. Et quel est l'intérêt du Club Sfaxien, loin de la course au titre, dans la non recrutement de Benzarti ? A l'évidence nous basculons chaque jour davantage dans un chauvinisme primaire. Il y a quelques années, un scandale éclata en Zambie dans un match entre le Club Sfaxien et le champion local. Zahaf alors vice-président, et l'arbitre Fethi Boucetta, y auraient été lourdement compromis. Qui a fait intervenir ses relations pour les tirer d'affaire et tirer d'affaire le Club Sfaxien ? Slim Chiboub. Et à cette époque là, le président du CSS était précisément Lotfi Abdennadher. Car, au fond, le sport et le football surtout outre-frontières, ne sauraient déroger aux règles de solidarité. Pas plus qu'ils ne sauraient enterrer l'époque d'or où les mythiques présidents de clubs comme Azzouz Lasram et Hassène Belkhodja, alors, ministres, s'échangeaient les gentillesses pour l'emploi des joueurs. Beaucoup de Clubistes étaient employés par des entreprises sous tutelle de Hassen Belkhodja. Beaucoup d'Espérantistes par d'autres sous tutelle de Azzouz Lasram. Nous avons même assisté à un montage mis au point par les deux ministres et mettant à contribution Mhammed Belhaj et Tunisair (et donc le CAB) et Hédi Enneïfer et la STAR, et donc, le Stade Tunisien. Etait-ce l'époque du romantisme ? Non plutôt celle d'un football où le « chauvinisme intelligent » faisait la part des choses.