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Aujourd'hui, journée nationale de l'habit traditionnel: Pour la nostalgie et la résistance à l'effacement culturel !
US ET COUTUMES
Publié dans Le Temps le 16 - 03 - 2009

Le port du costume traditionnel n'a jamais posé de problèmes aux Tunisiens et Tunisiennes encore attachés au patrimoine vestimentaire de leur pays ou de la région où ils vivent. Dans plusieurs zones rurales, les femmes portent invariablement le -houli - ou la - malia - et se parent avec des bijoux d'autrefois comme la - rihanna -, le -khors - et le - kholkhal -.
Au Sahel, les villages des environs de Sousse, Monastir et Mahdia conservent tant bien que mal leurs traditions vestimentaires ancestrales.
Ce sont surtout les personnes d'un certain âge et les vieux qui résistent le plus à l'invasion des habits à l'occidentale. En allant vers le Sud et plus on s'enfonce dans les campagnes de cette zone plutôt conservatrice, l'attachement aux vêtements d'autrefois est plus ferme et plus généralisé. Dans le centre, la population de Kairouan est plus qu'ailleurs partagée entre la modernité et la tradition en matière d'habit. On rencontre encore là-bas plusieurs femmes voilées et d'hommes en jebbas ou en burnous ; en même temps, le costume contemporain inonde étals et vitrines ; jeunes et moins jeunes s'habillent à l'européenne depuis des décennies.

Un vent de nostalgie
En fait, c'est une réalité qui prévaut un peu partout en Tunisie : le costume traditionnel est de plus en plus délaissé au profit des jeans, tee-shirts, complets, blouson, jupes, robes, chaussures à talons, baskets etc. Il n'empêche qu'en décrétant le 16 mars journée nationale du vêtement traditionnel, en imposant la jebba comme habit des cérémonies officielles et en menant de nombreuses campagnes de réhabilitation de la tenue traditionnelle, les autorités tunisiennes ont permis de remettre au goût du jour, notamment auprès des femmes et des 30-40 ans, des habitudes vestimentaires centenaires voire millénaires. Dans les années 80, un vent de nostalgie pour l'époque des « beldis » tunisois authentiques a permis de relancer la confection des chéchias et de commercialiser des coiffes aux couleurs inédites ; le nombre des adeptes de la jebba arabe blanche a, d'autre part, atteint des records, le burnous a soudain pris un coup de jeune et l'on a dépoussiéré des milliers de chaussures d'antan (balghas, kontras, besmaqs, rihiyas etc.). Le caftan a retrouvé plus tard des acheteuses tout comme la jebba féminine ample et les babouches brodées avec de la soie ou de la paillette argentée et dorée. C'est encore le cas aujourd'hui, notamment pendant les fêtes familiales. Chez les hommes, on fait sa prière du Vendredi de préférence en jebba. La chéchia a toujours des clients surtout en hiver. Sur les plages, les femmes s'habillent de plus en plus pudiquement et mettent de longues robes légères décorées ou brodées à l'ancienne. Bref, tout cela pour dire qu'en Tunisie, le port du vêtement traditionnel pose moins un problème d'identité qu'un problème d'adaptation au mode de vie contemporain. On s'habille régulièrement à l'européenne et exceptionnellement comme les ancêtres.

Dommage, mais les temps ont changé !
C'est ce que nous ont confirmé Chérif Glenza, Maâouiya Z'hioua et Mohamed Nagati, trois sexagénaires dont un seul est entièrement vêtu à l'ancienne. Ils se rappellent tous que dans leur enfance et leur jeunesse celui qui s'habillait ou se coiffait à l'occidentale était pointé du doigt et traité de « zoufri » (autrement dit de « voyou »). « A présent, les temps ont changé et nous comprenons que les Tunisiens trouvent les vêtements d'aujourd'hui plus pratiques et moins encombrants. L'autre jour, un passager a marché sur ma jebba alors que je montais dans le bus, une fois aussi j'ai renversé mon café en tentant de dégager la manche de la jebba du coude de ma chaise et j'ai même « giflé » un passant avec un bout de mon burnous qui traînait par terre ! » Pour ces trois anciens de la Zitouna, c'est dommage qu'on ne puisse pas perpétuer convenablement les traditions mais il faut s'adapter au nouveau contexte. « D'ailleurs, pour votre gouverne, précise Maâouiya Z'hioua, même autrefois on ne portait pas la jebba au travail ; seuls certains dignitaires avaient ce privilège ! Les gens de la classe moyenne portaient des habits de travail plus pratiques et moins coûteux comme la blouza ou le kadroun. »

La crise chez les « chaouachines »
Pour Amor Mehrez et son épouse, il faut avoir sur soi ou chez soi au moins un beau vêtement qui rappelle nos aïeux. Ce jour-là, le mari cherchait une belle chéchia rouge au « souk chaouachine » de la médina de Tunis, mais il portait un complet veston, une cravate et aux pieds des chaussures qui ne rappellent en rien le bon vieux temps. « J'aime mieux ça, nous dit-il, je me sens plus léger, et même en été, je ne mets pas de jebba. Par contre, la chéchia, j'y tiens ; c'est un couvre-chef fonctionnel et esthétiquement beau. » De tels propos devaient sûrement faire plaisir au jeune Outayl El Jaoui, le vendeur qui lui proposait divers modèles. « C'est en effet la crise dans notre commerce depuis des dizaines d'années déjà. Allez compter le nombre des boutiques qui ont fermé et vous mesurerez son ampleur. Si nous, nous continuons à confectionner la chéchia, c'est parce que la concurrence a faibli vu notre nombre réduit et que la demande locale et étrangère, plutôt bonne ces derniers temps, nous permet de résister un tant soit peu à la tempête. En plus du marché tunisien, nous vendons notre produit aux Libyens et aux Nigérians qui sont satisfaits de notre travail et des tarifs que nous pratiquons. Vous avez sans doute remarqué aussi que les chéchias que nous fabriquons ont des couleurs plus gaies comme le vert, le jaune canari, le bleu azur ! C'est pour attirer les touristes férus de tons exotiques. Vous évoquiez la journée nationale du costume traditionnel, nous sommes à quelques jours du 16 mars et pourtant pas un d'entre ces commerçants n'a reçu de commande conséquente. Nous aimerions que la célébration de cette journée soit réellement profitable au secteur menacé dans sa survie. »

Entre commodité et identité
En conclusion, nous pouvons dire que « l'habit fait effectivement l'identité », comme le souligne le slogan choisi pour la dernière campagne de commercialisation de l'habit traditionnel de juillet-août 2008. C'est ce que le Tunisien a bien compris, mais il sait pertinemment que la jebba de qualité est hors de prix, que les chaussures traditionnelles tiennent le temps d'une fête en famille, que pour les louer seulement, les fouta et blouza brodées coûtent une fortune, qu'un pull en coton ou en laine est plus facile à entretenir qu'une bedaiya, qu'une sedriya et qu'une farmla, qu'un séroual betteka se salit plus vite et a la vie plus courte que n'importe quel pantalon. C'est pour toutes ces raisons qu'il s'accommode de la dualité tradition-modernité comme il peut : la règle c'est le vêtement occidental, le costume traditionnel c'est l'exception !


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