Comment définir ce qui se passe actuellement entre Washington et Téhéran ? Cette opération séduction engagée à la surprise générale par Barack Obama va-t- elle mettre un terme à une liaison dangereuse qui dure depuis trente ans ? Rien n'est sûr. Le président américain fait les yeux doux pour séduire mais sans pour autant abandonner les sanctions qui pèsent sur l'Iran et sans changer de fusil d'épaule. Si c'est une main de fer dans un gant de velours, cela ne présage rien de bon. Il est difficile même si on a un don de séducteur de séduire les irréductibles iraniens. La réponse du berger à la bergère ne s'est pas faite attendre. Le guide iranien Ali Khamenei veut juger sur pièces. " Après vous ", telle est en résumé la réponse du guide suprême qui est plus exigeante que celle du président iranien Ahmadinejad. Sous entendu : si vous ne faites rien de concret alors ne comptez pas sur nous. Pas de " parole parole ". Téhéran veut du donnant donnant. C'est indéniable et réconfortant on est en train d'assister à une nouvelle redistribution des rôles, une nouvelle approche des relations, une nouvelle attitude dans les prises de position. Après le Hamas à Gaza qui s'est imposé comme un interlocuteur incontournable même s'il n'a ni gagné ni perdu la guerre face à un adversaire aux moyens gigantesques, l'Iran veut discuter avec le géant américain dans le respect mutuel. Changez et on changera. Proposez et on observera. Agissez et on jugera. Pas d'intimidation ! Téhéran veut une levée des sanctions, un dégel de ses avoirs aux Etats Unis et un changement de la politique américaine vis-à-vis d'Israël. C'est là que le bât blesse, et Barack Obama, cet homme intelligent et perspicace connait bien le prix à payer de son changement de cap. Il veut profiter des prochaines élections iraniennes pour proposer une nouvelle page et un nouveau départ entre deux pays qui ne s'apprécient guère et que l'ancien président Bush a tout fait pour rendre les relations bilatérales encore plus exécrables. Au XIXème siècle, l'empire britannique et l'empire russe se disputaient le contrôle de l'Iran, aujourd'hui c'est l'Iran qui aspire à devenir un nouvel empire et une fore sur laquelle il faudra compter. L'Iran qui pourrait bien prendre le contrôle du golfe persique en fermant le détroit d'Ormuz, reste une menace permanente avec l'énigme de son programme nucléaire dérangeant et inquiétant. Barak Obama qui a certainement étudié minutieusement la question avant de se décider à faire la cour à l'Iran, sait que l'Iran est le pays le plus stable, le plus influent et le plus puissant du Moyen Orient. Il sait que les arabes de la région font maintenant de plus en plus confiance à ce pays qui représente ne serait-ce que par défaut, le seul espoir crédible d'une accalmie dans la région. L'histoire montrera tôt ou tard que la région ne cessera d'être une poudrière tant que le problème palestinien n'aura pas été réglé. Barack est convaincu que Téhéran cessera d'appeler à la destruction d'Israël si les palestiniens recouvrent leurs droits. La nouvelle relation n'est pas pour demain et rien n'indique que Barack Obama puisse s'envoler de sitôt à Téhéran. Même si un pas positif semble être franchi, tourner la page risque de prendre encore du temps.