La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis vient d'examiner une affaire de vol dans laquelle est impliquée une jeune dame, âgée de 32 ans. La victime est un travailleur résident à l'étranger qui décida de rentrer au pays pour visiter la famille et passer quelques jours de vacances. Afin de joindre l'utile à l'agréable, il amena des vêtements et des appareils électroménagers en vue de les vendre et en retirer un bénéfice consistant. Il eut le malheur de rencontrer en arrivant, une ancienne amie qu'il invita chez lui afin de fêter les retrouvailles. Au cours d'un dîner bien arrosé, il lui fit part de son intention de vendre les objets en question qu'il lui montra d'ailleurs, en lui faisant comprendre qu'elle aurait sa commission si elle l'aidait à les écouler à des prix intéressants. Mais la dame bien cupide ne se contenta pas de la maigre rétribution que son vieux copain lui proposa. Aussi eut-elle brusquement l'idée, non seulement d'emporter ces affaires, mais de cambrioler carrément la maison où elle était reçue à bras ouverts par le maître de céans. A cet effet, elle eut l'idée diabolique de l'endormir afin de pouvoir opérer à sa guise. D'autant plus qu'elle avait dans son sac à main des somnifères qu'elle utilisait en cas de besoin. Elle passa illico-presto à l'action et sortit quelques cachets qu'elle mit dans le verre de son ami. Celui-ci continua à boire à la santé de sa compagne, en trinquant avec joie. Quelques instants plus tard, il s'assoupit puis sombra dans un sommeil profond. La dame s'assura d'abord que le maître de céans était dans les bras de Morphée et qu'il en avait pour un bon bout de temps. Puis elle fit un petit tour d'horizon dans toutes les pièces de la maison, emportant objets d'art, vêtements et appareils électroménagers qu'elle put choisir à loisir, avant de quitter les lieux. Quand le bonhomme se réveilla le lendemain aux aurores, il s'étonna de ne plus voir son amie. Puis, ahuri, il constata que plusieurs affaires ont disparu de la maison. Il finit par réaliser que le cambrioleur n'était autre que cette amie qu'il était content de rencontrer après tant d'années de séparation et qu'il invita chez lui avec un grand plaisir. Il ne lui restait plus qu'à se présenter au poste de police afin d'y relater sa mésaventure et de porter plainte contre celle qui fut sa grande amie. Celle-ci fut arrêtée et elle avoua son forfait, déclarant qu'elle avait cédé à la tentation devant les beaux vêtements portant les griffes de grands couturiers. Elle a exprimé ses regrets et sollicité la clémence de son ami auquel elle a rendu ses affaires. Inculpé de vol qualifié, elle a été arrêtée et traduit devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Devant la cour, elle réitéra ses aveux et ses regrets. Son avocat a demandé le report de l'affaire pour préparer ses moyens de défense. La cour a reporté l'affaire à l'audience du 14 mai prochain.