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Il n'y a pas de fatalité : ça se détecte à temps et ça se guérit
Fléau - Les adolescents et la drogue :
Publié dans Le Temps le 21 - 04 - 2009

Les conduites toxicomaniaques constituent un problème de santé publique dans la majorité des pays. Même dans les pays encore relativement épargnés, les toxicomanies doivent faire l'objet d'un travail de prévention surtout auprès des jeunes et des adolescents.
La prise de drogue chez les jeunes pose de graves problèmes au niveau de la santé physique et psychique, au niveau scolaire, au niveau familial et au niveau de la société avec notamment les problèmes de désinsertion et de délinquance.

La consommation de drogue chez un jeune n'est jamais banale et doit faire l'objet d'une attention particulière de l'entourage (familial, scolaire, etc.) et des soignants. Cependant et dans un souci d'efficacité auprès des jeunes, l'attitude des adultes doit éviter autant la banalisation que la dramatisation. « Le meilleure moyen d'arrêter un toxique (une drogue) c'est de n'avoir jamais commencé ! ». Toutefois, chez l'adolescent, la consommation de drogue peut être considérée comme préoccupante dès qu'elle devient régulière. Lorsqu'un adolescent entre dans le circuit des drogues illicites, les parents doivent être vigilants et surtout à l'écoute de leur enfant. Ils doivent chercher à comprendre les raisons de cette consommation. C'est dans ce cadre que s'inscrit la journée de formation médicale continue en Médecine Scolaire et Universitaire et en Santé Mentale sur le thème des drogues et addictions organisée par la Direction Régionale de la Santé Publique et le Service de Psychiatrique de l'Hôpital Mohamed Tahar Maâmouri de Nabeul et coordonnée par le Pr. Riadh Bouzid, Chef de Service de Psychiatrie.

Dépendances rapides
Les drogues se caractérisent essentiellement par leurs effets immédiats sur l'organisme (tels que euphorie, hallucinations ou excitation) et le risque de dépendance qu'elles entraînent. Certaines drogues sont très addictogènes et donnent rapidement une dépendance, quasiment à la première prise, telle que l'héroïne. La cigarette est aussi parmi les drogues les plus addictogènes. Boisson, tabac, cannabis, médicaments psychotropes sont les drogues actuellement les plus prisées des jeunes. « Nombre d'adolescents débuteront leur consommation autour de 15 - 17 ans, 50% arrêteront dans les deux ans suivant la première expérience » affirme le Pr. Jouda Ben Abid, psychiatre et Directrice du "Centre Amal à Jbel El Ouest"qui ajoute « Tout usage de drogue à l'adolescence n'est pas synonyme de dépendance..... Mais un usage même occasionnel de drogue peut conduire à la dépendance en fonction des vulnérabilités de l'adolescent, du terrain familial et du contexte ....Ceci nous incite à agir avec méthode auprès des jeunes. Avant d'intervenir, il vaudrait mieux faire le point sur sa consommation, sa situation personnelle, son contexte familial, social (écoles, quartiers, autres ....)
Mais cela ne signifie pas de laisser traîner les choses. Il ne faut pas imputer tous les problèmes à la drogue. Il faut s'informer du type de consommation qu'il pratique réellement, de vérifier s'il y a des raisons particulières à sa consommation de drogues, demander au jeune si, jusqu'à maintenant, son usage de drogues lui a causé des problèmes particuliers et rechercher la signification du comportement. Sa consommation de drogues n'est peut-être qu'une expérience lui permettant de «se socialiser» et de satisfaire sa curiosité. Mais il doit connaître les dangers à long terme de cette consommation et la position de ses parents et de la loi sur le sujet. Il faudrait dépasser les clichés...Les réponses banales : « faire la fête », « goûter et expérimenter », « faire comme les copains », « être adulte » peuvent masquer différentes situations.
En effet, si la prise d'une substance augmente le risque d'en consommer une autre, cette escalade n'est pas corrélée directement aux produits mais aux troubles associés: absentéisme, actes délictueux, dépression, tentatives de suicides, etc.
Et là, il faudrait rechercher l'impact de l'environnement sur la consommation, évaluer le contexte familial : y a-t-il un contexte conflictuel, un climat de tension, des violences verbales ou agies ? Il faut bien étudier la relation avec les parents et les frères ou les personnes référentes susceptibles d'aider l'adolescent, de comprendre, de garantir un suivi...Il faut rechercher les complications psychiatriques, les complications infectieuses liées au mode de vie ou de consommation, les complications psychiatriques (les pathologies dépressives et anxieuses, les confusions mentales, les états psychotiques, les syndromes amotivationnels, les troubles du sommeil)

Informer sans dramatiser
On doit rappeler à l'adolescent qu'il a besoin encore de vivre et qu'il essaie de faire du mieux qu'il peut avec sa vie. Il faut éviter de prendre parti ou d'émettre des jugements mais adopter une attitude d'empathie envers lui, tout en respectant les limites liées à la dynamique de l'adolescence et au statut de mineur, à la problématique des addictions et aux règles d'exercice de votre profession. On peut aussi le soutenir ou l'orienter sans oublier de faire un examen somatique et là il faut rechercher les signes liés à l'abus ou à la dépendance en fonction du ou des produits ; de l'importance de la consommation, du mode d'usage: sniff ou injection? En cas de conduites à risque, on peut lui proposer de faire des bilans complémentaires et penser aux risques d'hépatites, et de contamination par le VIH/SIDA. Il faut informer des risques sans dramatiser. Le type d'usage que le jeune fera de la drogue dépend de ce qu'il sait ou croit savoir sur la drogue. Quels sont les effets, les pouvoirs et les dangers réels de l'usage des drogues? Il faut chercher la bonne information sur les drogues qui lui permettra de voir les dangers réels, peut-être même de dédramatiser certaines croyances et surtout il faut éviter de faire de l'intox. Si on lui donne de fausses informations, on risque de perdre notre crédibilité.

L'addiction est elle une cause ou une conséquence?
L'exploration des antécédents dans l'enfance et de la dynamique familiale est indispensable et là estime le Pr Ben Abid « il faut évaluer les difficultés scolaires, le désinvestissement des activités habituelles. Y a t-il eu une rupture des activités sociales; celles ci se limitent-elles à la fréquentation de jeunes ayant des difficultés similaires? Rechercher l'inhibition, l'instabilité, l'hyperactivité, la somatisation, les troubles anxieux, une dépression, les pathologies psychiatriques qui se manifestent à l'adolescence: les troubles de l'humeur , la schizophrénie, les difficultés familiales. L'adolescence comme étape du développement de tout individu est souvent décrite en des termes qui s'appliqueraient tout aussi bien à la description d'une dépression ou d'une lutte contre la dépression. En parlant de l'adolescence on citera volontiers: la tristesse, le spleen, les sautes d'humeurs plus caractéristiques de cet âge.Des signes communs apparaissent comme l'ennui caractérisé par une attente vague de quelque chose et une incapacité à supporter cette attente, la monotonie, le manque d'intérêt, la fatigue sont des expressions qui évoquent l'ennui, la morosité: «rien ne sert à rien, le monde est vide »
Le syndrome dépressif cause ou conséquence de l'addiction? Il y a des symptômes communs à décrypter comme le ralentissement psychomoteur, la tristesse et le désintérêt sont des réactions psychologiques qui ne s'accompagnent pas forcément de dépression, l'auto-dévalorisation et des signes physiques: manque d'appétit et troubles du sommeil.

Des urgences à identifier
Il est vrai que cette addiction incite à identifier les urgences et les priorités notamment l'overdose, le risque suicidaire, les risques somatiques infectieux, les complications cérébrales et le risque de désinsertion scolaire et sociale. Il faut savoir orienter l'adolescent vers une consultation appropriée, ne pas tomber dans le piège de vouloir se substituer à la famille...qu'il vaut mieux autant que possible impliquer...non sans en avoir parlé avec l'adolescent, en veillant à obtenir son autorisation, garder en tête que, même si vous pouvez dans une certaine mesure faire confiance à ce jeune, il est maintenant aux prises avec un problème qui peut le pousser à mentir, et même à manipuler. La médiation avec la famille s'impose. Il faut dédramatiser sans banaliser. Médiatiser la relation avec les parents, les aider à inscrire des limites sans rejeter et utiliser des arguments efficaces pour les amener à consulter. Bref les traitements pharmacologiques (traitement symptomatique du sevrage et traitement spécifique des complications somatiques, le traitement spécifique des causes et/ou des complications psychiatriques) et le soutien au développement psychosocial (une bonne confiance en soi, la capacité de se prendre en main ;l'éducation pour la santé et la prévention des risques) sont des éléments nécessaires pour faire les bons choix dans la vie, dont les choix à faire devant la consommation de drogues. Compte tenu de sa place privilégiée le médecin peut, s'il y est sensibilisé jouer un rôle central aux différentes étapes de la prévention:
• Primaire: identifier les jeunes vulnérables... contribuer à dissuader l'adoption de conduites à risque,
• Secondaire: un diagnostic précoce et une prévention de la dépendance et des conséquences de l'usage...
• Tertiaire: un dépistage et un traitement de la dépendance et de ses conséquences et un accompagnement et une prévention de l'escalade des récidives.

Finalement, il s'agit globalement de percevoir le phénomène dans ses aspects individuels, comportementaux et sociaux. Car au vu des éléments étayés dans cet article, un drogué ça peut se détecter à temps.


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