La bêtise humaine devient de plus en plus courante. La variété de crimes qui ne cesse de surgir dénote que l'être humain a changé vers le pire et que le stress de la vie courante lui a facilité mentalement des issues qui étaient jadis inimaginables. Sinon, comment expliquer qu'une jeune fille éduquée et mentalement équilibrée puisse charger des voyous de malmener sa rivale avec l'unique objectif de l'éloigner de son chemin vers l'élu de son cœur. C'est la principale conclusion que l'on peut retenir de l'affaire qui a été dernièrement examinée par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Le dossier de l'affaire laisse entendre que l'accusée principale est une jeune fille âgée de 33 ans issue d'un milieu social populaire et ayant fait des études secondaires qui ont été couronnées par l'obtention d'un baccalauréat. La jeune fille n'a pas opté pour l'université ayant réussi à obtenir un boulot dans l'administration d'une grande chaîne de distribution de la Capitale. Sa situation matérielle s'est améliorée et il ne lui manquait qu'un conjoint pour compléter son petit bonheur. Son poste au travail lui a permis de nouer des liens avec le délégué commercial d'une usine de produits alimentaires. La relation entre les deux jeunes personnes n'a pas cessé de se raffermir et ils ont eu des rencontres en dehors du circuit de travail. Cette complicité bienveillante n'a pas échappé à l'une des collègues de la jeune fille, plus jeune qu'elle, mais plus éveillée à la vie et prête à tout pour charmer les maris potentiels. La collègue a vite fait les yeux doux au délégué commercial suscité et un rapprochement s'était vite produit entre les deux au grand dam de sa première amie. Cette dernière était dans tous ses états et a décidé de réagir avant que son éphémère bonheur ne parte en l'air. Elle n'a pas trouvé mieux que de charger des vagabonds de tabasser sa copine. Elle connaissait déjà un ancien camarade de classe qui a versé dans la délinquance et avec qui elle échangeait couramment des propos. Elle s'était ouverte à lui et il avait accepté la mission de gaieté de cœur, moyennant quelques petits cadeaux. La jeune fille a indiqué à son homme de main les horaires d'aller-et-retour de sa collègue et néanmoins rivale. Le bandit ne s'était pas fait attendre et il avait le soir même établi et exécuté son plan en détournant la jeune fille à un bois pas très loin de chez elle. Elle a essayé de lui opposer de la résistance mais le rapport de forces était déséquilibré en faveur du bandit qui était de surcroît armé d'un couteau. Le malfrat a lacéré le visage de la jeune fille et l'a violée à plusieurs reprises en ignorant ses lamentations et ses pleurs. Les propos échangés entre l'agresseur et sa victime ont permis à cette dernière de comprendre que sa collègue était derrière ce détournement et que sa nouvelle conquête masculine en était la raison. La victime a passé un triste début de soirée avant que le malfrat ne la laisse partir non sans lui intimer l'ordre de ne plus fréquenter son nouvel ami. La jeune fille s'était adressée dare-dare à la police et a raconté sa mésaventure aux agents en émettant ses soupçons quant à l'éventuelle implication de sa collègue au travail. Cette dernière a été interpellée mais elle a nié complètement avoir un quelconque lien avec cette agression. Elle a été libérée pour insuffisance de preuves. Le dossier de l'affaire allait se clôturer et l'agression allait être s'inscrire contre un inconnu lorsque le malfrat a été arrêté dans une autre affaire. Comme ses signalements sont conformes à ceux indiqués par la victime du viol, l'instructeur n'a pas manqué de faire le lien. Le bandit a été pressé de questions et il a avoué son forfait précisant que son amie d'enfance était le commanditaire de l'agression. La jeune fille a été interrogée de nouveau et elle a fini par avouer son rôle dans l'agression subie par la jeune fille en niant, toutefois, avoir commandité le viol. Elle a été écrouée. Devant le tribunal, son avocate lui a demandé les circonstances atténuantes en évoquant un déséquilibre mental. L'avocat du bandit a demandé le report de l'affaire. La Cour a renvoyé l'affaire pour le 20 mai prochain.