Les Objectifs du Millénaire pour le Développement fixés par les Nations Unies, censés être concrétisés à l'horizon de 2015, ont pour finalité d'améliorer la condition de vie de l'humanité dans le monde. La promotion de la femme est une partie intégrante, car ils versent tous dans cette finalité. L'objectif 3 appelle toutes les communautés à promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. L'objectif 5 est axé sur l'amélioration de la santé maternelle alors que le 6ème vise à lutter contre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies. Partant du fait que la femme est la première victime du virus du SIDA, elle est ainsi directement concernée. Le septième objectif qui appelle à assurer un environnement durable touche directement la femme, car elle en est un membre indispensable. Faire disparaître l'extrême pauvreté et la faim, garantir à tous l'enseignement primaire et mettre en place un partenariat mondial pour le développement ne font que servir les intérêts de la femme à travers le monde.
Réalisations Mais où en est-on par rapport aux réalisations de la Femme en Tunisie ? Partant du principe qu'elle est un membre actif dans la sphère économique et sociale, la femme tunisienne a bénéficié de beaucoup d'avantages au niveau législatif. Le Code de Statut Personnel est une fierté. Il ne cesse d'être consolidé par des mesures qui s'enregistrent dans l'actif de la femme. La loi tunisienne impose, en fait, l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes. L'égalité des sexes, qui est inscrite dans les Droits de l'Homme et qui est au cœur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement se concrétise dans notre pays. En témoignent les chiffres affichés. Cette égalité se réalise à tous les niveaux de l'enseignement et sur tous les lieux de travail. Le taux d'augmentation du nombre des femmes ayant une formation moyenne et universitaire a passé de 0,2 % en 1966 à 6,9 % en 2004, selon les chiffres affichés par le CREDIF dans le support « Genre en Tunisie, chiffres et indices ». La même source a démontré que le taux d'analphabétisme chez le sexe féminin a reculé durant la période (1966-2004) pour passer ainsi de plus de 82 % à 31 % seulement. La femme tunisienne participe de manière dynamique à la vie sociale et à l'économie nationale. Elle est également présente dans le paysage politique. Les femmes représentent plus de 26% de la population active d'après les statistiques affichées en 2004. D'ailleurs, le taux de croissance des demandes d'emploi ont nettement évolué en cinq ans ( 64 % pour les femmes et 27% pour les hommes). Plus de 39 % des femmes ont bénéficié de ces opérations d'embauche. Pour ce qui est de la participation à la vie politique, la présence de la femme à la vie parlementaire s'est multipliée pratiquement par 20 depuis l'indépendance pour passer de 1,1% en 1959 à 22, 7 % actuellement. La femme est également présente à la Chambre des Conseillers avec 15,2 % des sièges sans oublier les structures consultatives telles que le Conseil supérieur de la communication et le Conseil Constitutionnel. En Tunisie on compte de plus en plus de femmes juristes et enseignantes. 30 % des juristes et avocats sont des femmes alors que la moitié des enseignants dans le premier cycle de l'enseignement de base est assurée par cette frange de la société. 40 % des enseignants du supérieur sont des femmes. Les avantages dans le domaine de la santé sont multiples. Le taux de mortalité a régressé à 6 % en 2004. L'espérance de vie à la naissance s'est améliorée de plus de 23 ans chez les femmes contre 21 ans pour les hommes.
Les handicaps La Tunisie a signé la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en 1980 et l'a ratifiée en 1985. Le Code du statut personnel a été adopté pour protéger les droits des femmes. En dépit de ces acquis beaucoup de lacunes sont à signaler. Les hommes et les femmes bénéficient des mêmes droits, sauf en matière d'héritage, où ceux des femmes sont réduits de moitié par rapport à ceux des hommes. La législation protégeant les femmes n'est pas toujours appliquée, soit par manque d'information, soit en raison de traditions. Ainsi la culture des Droits de la femme n'est pas enracinée dans la mentalité des Tunisiens. Elle risque même de perdre le pas. Le programme établi par le ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées et qui touche plusieurs acteurs de la société vient à point nommé pour répondre à la question. Les jeunes Tunisiens seront, notamment, concernés par le programme à travers des supports pédagogiques. Mais une question se pose : serait-il suffisant pour inculquer les Droits de la femme dans la société tunisienne ? Quelles solutions radicales faut-il adopter pour améliorer le sort de la femme rurale qui est encore victime des conditions sociales défavorables ainsi que de la mentalité conservatrice des tuteurs ? En fait, l'abandon scolaire précoce est un vrai problème qui se pose à cette frange de la société. Faute de moyens, les jeunes filles rurales se trouvent obligées de quitter les enceintes des classes très tôt. Les projets de développement réalisés en leur faveur ne répondent pas vraiment à leurs besoins sans parler des conditions de prise en charge sanitaire. Le rapport sur la femme rurale pour l'an 2005 a démontré que, généralement, elles ne surveillent pas leurs grossesses comme elles ne se rendent pas aux consultations médicales après l'accouchement. Les moyens de diagnostic ne sont pas, en fait, disponibles dans les centres de soins. Autre handicap qui pèse lourd sur la santé de la femme rurale, c'est le transport. Les moyens susceptibles de lui faciliter la tâche sont limités, pour ne pas dire qu'ils sont absents dans plusieurs zones rurales. Changer les mentalités est certainement important mais, il est essentiel d'arrêter les mesures efficaces pour améliorer les conditions de vie de la femme et par conséquent concrétiser les Objectifs du Millénaire pour le Développement.