La révision des politiques instaurées dans le domaine de l'agriculture est plus que jamais urgente. Un processus que la Tunisie a adopté suite au déclenchement de la crise alimentaire et la hausse des prix des produits de base dans le cours international. Etant toujours d'actualité brûlante, le sujet a fait, hier, l'objet d'une journée d'étude à la Chambre des conseillers, placée sous le thème " la sécurité alimentaire et les défis en marge de la mondialisation ". Des défis qui restent assez difficiles à relever, car nous dépendons toujours du marché international par rapport aux produits de base tels que les céréales, les huiles végétales, le sucre, le riz, le café...Ces aliments enregistrent une grande affluence de la part du Tunisien. Ils sont même basiques. Le marché international est en train de vivre au rythme de la crise économique. Un rythme instable qui se répercute directement sur la sécurité des économies mondiales, notamment celles relatives à l'alimentation. Pour pouvoir faire face à cette nouvelle donne, la Tunisie a décidé de revoir ses politiques agricoles plus particulièrement dans les secteurs de base à l'instar des céréales. Car jusqu'à 2007 nous importions la quasi-totalité de nos besoins en la matière, soit 25 % du blé dur, 75 % du blé tendre et la moyenne de cinq millions quintaux d'orge destiné à l'élevage animal. Par ailleurs la Tunisie dépend totalement du marché international en matière des huiles végétales, du riz et du maïs ce qui a incité le gouvernement à arrêter un ensemble de mesures pour donner un nouvel élan au secteur à court, moyen et long termes. Il était question notamment de mise en place d'une stratégie spécifique pour stimuler la production nationale des céréales et la situer à 27 millions de quintaux lors des cinq prochaines années, en plus de l'amélioration des capacités des agriculteurs dans la maîtrise des techniques de production. La hausse des prix de production, l'amélioration des semences et la révision des conditions d'octroi des crédits bancaires figurent parmi les décisions prises par la Tunisie pour assurer sa sécurité alimentaire. D'autres avantages ont été accordés aux agriculteurs toujours avec un seul objectif réaliser une certaine indépendance par rapport au marché international. Il est d'ailleurs dominé par la spéculation et l'instabilité des offres et des prix.
Amélioration des indices Et si la Tunisie a pu réaliser une hausse quantitative dans la production de la plupart des produits agricoles, elle demeure incapable de gérer parfaitement ses stocks et surtout assurer l'approvisionnement du marché tout au long de l'année. Des résultats records avaient été enregistrés durant les deux dernières décennies (du 6ème plan du développement au 11ème plan). Par exemple, le taux de croissance de la production de pomme de terre était de l'ordre de 134 %. Le même résultat est confirmé dans la production des tomates avec 137 % et le lait, soit 216 %. Ce bilan est indéniablement positif. Toutefois, la ménagère ne cesse d'être confrontée à moult désagréments à cause de la hausse des prix des produits agricoles et le déséquilibre dans l'approvisionnement du marché. Des faits nourris par la spéculation et surtout la mauvaise gestion des stocks régulateurs et le manque de moyens. Les structures et les organismes supposés assurer l'équilibre du marché trouvent des difficultés à atteindre leur objectif. D'autres obstacles se dressent dans le secteur et risquent même d'handicaper son développement. M. Mabrouk Bahri, président de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP) parle de l'absence d'une base solide et développée des activités agricoles en plus d'autres lacunes au niveau de la production. " Nous n'avons pas réussi à mettre à niveau convenablement l'agriculture. Elle est ainsi incapable de faire face et de résister efficacement aux changements externes ", précise le président de l'UTAP. Le spécialiste a par ailleurs rappelé quelques conditions pour que l'agriculture tunisienne puisse réaliser un saut qualitatif et quantitatif. Cette amélioration dépend notamment de " la mise à niveau des circuits de distribution et de commercialisation en plus de la transparence totale ", d'après lui. " Il importe également d'offrir une meilleure marge de bénéfice aux agriculteurs tout en assurant le stockage des surplus de production dans quelques secteurs ", recommande-t-il. A cet effet, les groupements professionnels et interprofessionnels supposés assurer la stabilité entre l'offre et la demande dans chaque créneau ne parviennent pas à atteindre leur objectif. Egalement, les agriculteurs se trouvent très souvent obligés de vendre leur récolte à des prix très bas. Cela se répercute négativement sur leur rentabilité d'autant plus que les charges sont facturées chers. " Les agriculteurs ne perçoivent que presque la moitié du prix ", d'après le responsable de l'UTAP. La Tunisie est ainsi confrontée à un défi majeur, comment assurer sa sécurité alimentaire de façon durable dans un contexte mondial très difficile, géré par les gros producteurs.