La solidarité trouve souvent matière à concrétisation. En effet, dans le cadre de son activité culturelle et de ses multiples actions de soutien humanitaire, l'Espace Culturel " La Muse ", en partenariat avec l'Union Tunisienne de Solidarité Sociale (UTSS) " bureau régional de Bizerte " a organisé samedi dernier dans un hôtel de la capitale du nord un colloque de sensibilisation ayant pour thème " Don et Transplantation d'Organes ". Cette manifestation a été marquée par les interventions de nombreux spécialistes et experts en la matière à l'image du professeur Mustapha Ferjani, président de l'Association Tunisienne de Sensibilisation au Don d'Organes " l'ATSADO " et Chef de service d'anesthésie réanimation à l'HMT, lequel a développé les conditions du don et transplantation d'organes dans notre pays sous ses différents aspects tout en énumérant la plateforme médicale et législative mise en place. Chose qui a favorisé la diffusion de la culture du don ainsi que la création d'un centre national de transplantation d'organes en charge des procédures et du respect de l'éthique dans ce domaine jugé délicat et relatif au prélèvement des organes qui se fait uniquement sur les personnes déclarées donneurs sur la carte d'identité et ayant obligatoirement décédé dans un hôpital. M.Ferjani a par la suite précisé que le prélèvement implique nécessairement que les organes en question soient encore actifs au moment suivant le décès. Cette action n'est possible que dans le cadre des hôpitaux publics. Elle est ainsi strictement interdite dans le secteur privé. Aussi, tout est fait en anonymat et gratuitement. C'est l'Etat qui prend en charge les frais ", explique le professeur Ferjani. Et d'ajouter " que ces pratiques sont effectuées dans l'urgence, vu que l'organe ne peut être conservé. Il n'existe donc pas de banques d'organes", affirme le président de " l'ATSADO ". Tout en indiquant que sur les 7200 insuffisants rénaux dialysées, 50%, soit la moitié, sont en attente d'un don de rein. La demande en cœurs, foie et autres organes sensibles est aussi forte. Depuis 1988 et jusqu'aujourd'hui, quelque 922 greffes au total ont été réalisées, en Tunisie, dont 616 greffes rénales, et 16 greffes du cœur. Pour ce qui est de la greffe rénale, les donneurs vivants demeurent plus nombreux que celles prises suite à une mort céphalique, en raison du refus de la famille de prélever l'organe sur son membre décédé, dont le taux reste élevé " devait conclure M.Ferjani.
Le terme " culture " s'impose Quant au Dr.Anis Ben Khalifa, professeur en médecine légale, il a de son côté exposé l'assise historique et juridique des procédures mises en place pour promouvoir cet important volet du don et transplantations d'organes, avant de développer la méthode de sensibilisation et de la transmission de l'information auprès du public en général et des familles tunisiennes qui requiert une importance majeure puisqu'elle aide ces personnes à gommer les préjugés et avoir une idée beaucoup plus claire sur le domaine du don et de la transplantation d'organes. Il a indiqué par la même occasion que le terme culture s'impose " car nous ne naissons pas donneurs, nous le devenons, d'où l'impact des actions de sensibilisation sur le changement des mentalités devient important afin d'inciter les personnes à se déclarer donneurs sur leurs cartes d'identité. Il s'agit là, de la meilleure façon permettant aux familles d'échapper à une prise de décision des plus difficiles et des plus délicates en vue d'assurer une meilleure transmission de l'information et créer une réelle dynamique de lutte pour le principe du don d'organes " conclut le légiste.
Ce que dit la religion Pour ce qui est de la conférence du cheikh Faouzi Toumi elle fut axée sur le don d'organes dans l'Islam, mais focalisée sur le développement du bénéfice de trois formes de transplantations : d'un organe d'un donneur vivant, d'un organe prélevé sur une personne décédée et d'organes de reproduction qui peuvent permettre au bénéficiaire de préserver sa vie ou de garder la fonction d'une partie à condition qu'elle n'ait pas de conséquences physiques ou fonctionnelles incompatibles avec la dignité humaine. Puis tout en insistant qu'en Islam l'homme est seul responsable de ses actes devant Dieu. Nul ne peut dicter la conduite à un autre au nom de cette religion. Les références éthiques sont claires et la préservation de la vie prime sur tous les interdits. La règle de nécessité abroge les interdits à partir du moment où l'intérêt commun ou individuel le dicte. Avant de clôturer son intervention Cheikh Toumi insista sur le don d'organes surtout après le décès. C'est là dit-il l'un des plus nobles moyens de nous rapprocher du Seigneur. Il s'agit d'un acte de miséricorde envers l'humanité et Dieu sera miséricordieux envers ceux qui l'auront été ici bas ". Notons enfin que cette journée de sensibilisation sur les dons d'organes fut une opportunité aux présents de discuter et d'étayer l'enjeu de ce secteur et de sa réelle situation en vue de le promouvoir davantage. Pour ce qui est de la cérémonie de clôture, elle fut marquée par la distribution de 134 paires de lunettes de vue, au profit de petits écoliers dans le besoin dans les différentes écoles du gouvernorat de Bizerte, en plus de 7 générateurs de dialyse et autres matériel médicalisé aux profits des structures de santé de la région à savoir l'hôpital régional de Bizerte, de Menzel-Bourguiba, de Mateur etc fruits d'une noble action de coopération et de solidarité entre l'association française " Lire et Guérir " et l'Union Tunisienne de Solidarité Sociale région de Bizerte. D'ailleurs, le responsable de l'UTSS Bizerte, M.Fethi Joudi, comme M.Faouzi Kardous, Vice-président de l'association française " Lire et Guérir " étaient les invités d'honneurs de cette cérémonie.