Une information économique a été véhiculée (c'est le cas!) par les médias du monde entier - Au-delà de son acuité elle porte en elle-même sa propre contradiction. Il s'agit véritablement d'un pavé dans la mare libérale capitaliste qui risque d'éclabousser plus d'un pays. Venons-en aux faits. L'Etat fédéral américain "nationalise" General Motors, l'un des fleurons de l'industrie automobile américaine. Le pays de la libre entreprise prend des libertés avec le sacro-saint principe du "laisser faire, laisser aller". Face à des difficultés financières et économiques le constructeur est exsangue et appelle à la rescousse l'Etat américain. Dans un premier temps G.M est mis sous protection de la loi américaine sur les faillites, visant à le sauver de l'anéantissement pur et simple. Et dans une seconde phase restructurer la société en liquidant les actifs les moins rentables et en fermant la majorité des sites de production qui se trouvent à l'intérieur des Etats-Unis. Pourquoi cette immixtion dans les affaires privées d'une entreprise? De prime abord, l'Etat fédéral américain n'est pas guidé par une quelconque action moralisatrice du système capitaliste américain, mais plutôt dans le but de pérenniser encore plus le système et le rendre plus attractif aux yeux de l'opinion publique occidentale. La crise mondiale aidant, les Etats-Unis devront-ils délocaliser à leur tour, à l'instar des entreprises européennes qui réussissent tant bien que mal à exporter leur knpw-how. Le problème pour les Américains tient au manque de proximités géographiques (et fiscales) attrayantes. Si l'Europe s'est tournée du côté du Maghreb et des pays de l'ex-bloc soviétique et arrive à y installer de grands sites techniques, les USA n'ont pas cet avantage. Vu que le pays le plus proche, le Mexique, n'offre pas de garanties suffisantes (économiques et extra-économiques) pour ameuter les grandes firmes de l'Oncle Sam. Alors, que reste-t-il? Une occasion leur est offerte: "copier" les modèles de réussite européen et japonais. G.M devra-t-il s'allier avec un autre constructeur européen ou japonais? Auquel cas, ce serait un changement radical de stratégie et répondait au goût du consommateur mondial et non plus américain. La nouvelle donne est à la fabrication à petits budgets et à des petites cylindrées consommant et polluant peu. Autre problème, l'Etat doit composer avec les syndicats américains du secteur automobile-transport dont le fameux AFL-CIO, qui ne fera pas la sourde oreille à l'endroit des milliers de ses adhérents, connus pour être les plus revendicatifs de tous les travailleurs américains. En définitive, jusqu'à quelle limite, le contribuable américain continuera-t-il à payer de sa poche la restructuration de la branche automobile américaine, dans un véritable retour d'investissement immédiat? Et le plus important de tout, ne profile-t-il pas à l'horizon un danger pour l'ensemble de cette industrie, dont les fleurons risquent d'être un jour déclarés en faillite. Et alors où puiseront les pouvoirs publics américains pour éponger les déficits qui s'annoncent colossaux?