Naceur Bey avait reçu, sous l'influence et l'encouragement de son fils Moncef Bey qui allait être, plus tard, le Bey Martyr, des membres du Destour, qui lui avaient présenté des revendications afin de les soumettre aux autorités françaises par une note officielle. Celles - ci avaient pour essentiel de faire recouvrir à la Tunisie, sa souveraineté par l'octroi d'un Destour, ou constitution, qui définirait le système politique dans le pays, afin de permettre que les gouvernants soient dûment représentatifs des gouvernés. Par cette rencontre, le Destour avait en quelque sorte associé le Bey à son action, et celui-ci n'y avait pas opposé la moindre objection. Cette attitude avait gêné les autorités coloniales qui considéraient le Bey d'habitude comme étant leur collaborateur et comptaient sur lui, dans son rôle de souverain fantôche, pour appliquer à la lettre leurs instructions et les décisions qu'ils lui dictaient en se contentant d'apposer son sceau. Afin de le désavouer, on avait pensé à une perfidie semer la discorde entre lui et le parti du Destour. Un journaliste de la presse parisienne a été choisi pour la vile besogne : Gaston de Maizières, pour le compte du " petit journal ". Le Bey fut informé que ce journaliste aurait l'honneur et le plaisir de venir le rencontrer pour une interview concernant la situation du pays. Durant l'interview, la discussion avait essentiellement porté sur les beaux sites de la Tunisie, et l'hospitalité des Tunisiens. A la question concernant certains communistes français, qui cherchaient à semer le trouble, Naceur Bey répondit en disant que de toutes façons il était hostile au communisme qui reniait l'existence de Dieu, puisqu'il était de religion musulmane et chef d'un pays musulman. Le 22 mars 1922, par un article, paru au " petit journal " à Paris, de Maizières, détourna totalement les propos du Bey, pour lui faire dire qu'il y avait une connivence entre les communistes et les membres du Destour. Le Bey ayant appris la parution de cet article, qu'avaient ultérieurement rapporté les journaux tunisiens, fit part de son indignation au Résident Général, étant surpris de la tournure déloyale et insidieuse qu'avait pris cette interview Il exigea qu'une mise au point fût faite par le Résident Général, Lucien Saint à l'époque. Mais c'était celui-ci qui était en réalité derrière cette machination. Allait-il exiger une rectification du journaliste lui même ? Surtout pas, car celui-ci pourrait profiter pour jeter un pavé dans la mare, en le dénonçant publiquement. Devant l'embarras et la passivité du Résident Général, Naceur Bey menaça d'abdiquer et l'annonça même publiquement le 4 avril 1922 Le Destour invita la population à aller manifester devant le Palais Beylical, afin de demander au Bey de revenir sur sa décision. Le Résident Général, revint pour rencontrer le Bey, avec mission de le convaincre à abandonner l'idée d'abdiquer, et de se concerter avec lui sur les dix huit points figurant dans la note de revendications présentée par le Destour