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"La femme arabe souffre d'inégalités"
Mme Sana Ben Achour, présidente de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD)
Publié dans Le Temps le 28 - 06 - 2009

Mme Khadija Chérif, ex-présidente de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) : Le chemin est encore long
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Mme Arbia Ben Ammar, ex-députée et membre du bureau politique du Parti de l'Unité Populaire (PUP) : Consolider les acquis
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Mme Saïda Agrebi, présidente de l'ATM : « Un modèle »
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Dr Lilia Labidi, professeur universitaire et chercheure psychanalyste et anthropologue : «Promouvoir une modernité transnationale»
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Sophie El Goulli, Universitaire et femme de lettres : «Tirer les leçons du passé »
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Mme Iqbal Gharbi, enseignante à l'université Ezzaïtouna : «Une originalité culturelle caractérise l'approche tunisienne de la condition féminine »
"Je pense que la situation des femmes dans les pays arabes n'est pas brillante. C'est une situation d'inégalité. La femme arabe n'a pas beaucoup de droits. Elle n'est pas citoyenne à part entière. Elle est citoyenne à part inégale.
Elle pâtie énormément des régimes arabes qui ne sont pas à l'écoute des mutations sociales.
On est loin, très loin des promesses faites lors des indépendances des pays arabes. La femme arabe souffre d'inégalités.
Il existe plusieurs associations de femmes, mais elles ne sont pas écoutées. Même quand il y a des avancées comme la ratification des conventions internationales il y a des réserves. Il y a des pays qui veulent annuler ces ratifications et revenir carrément au régime patriarcal".
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Mme Khadija Chérif, ex-présidente de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) : Le chemin est encore long
"La situation de la femme arabe est différente d'un pays à l'autre et d'une région à l'autre. Elle est même alarmante et inquiétante dans certains pays où les crimes d'honneur existent encore et où la discrimination est monnaie courante. La situation y est même moyennageuse dans certaines régions.
En plus, ce qui est inquiétant est que les acquis pour la femme réalisée dans certains pays sont aujourd'hui menacés par des forces obscurantistes et rétrogrades qui s'efforcent de les remettre en question.
Autre fait significatif : tous les pays arabes ont satisfait la convention internationale pour la suppression de toutes les discriminations à l'égard des femmes, mais avec des réserves. Heureusement que la Tunisie et les pays du Maghreb s'acheminent vers la levée de ces réserves. En tout cas il y a beaucoup de travail à faire pour réaliser l'égalité entre l'homme et la femme dans le monde arabe.
Le chemin est long".
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Mme Arbia Ben Ammar, ex-députée et membre du bureau politique du Parti de l'Unité Populaire (PUP) : Consolider les acquis
"Malheureusement la femme arabe reste toujours à la traîne et ce malgré l'effort qu'elle ne cesse de déployer dans plusieurs sociétés arabo-musulmanes pour pouvoir jouir de ses droits les plus élémentaires et pour participer davantage dans l'essor et le progrès de sa nation.
Mais elle demeure victime des poids des traditions et du déficit du développement. Elle est victime aussi des guerres. Nous avons à travers les femmes palestiniennes et irakiennes l'exemple même de la lutte des femmes pour leur survie et la survie de toute la société.
Quant à la situation de la femme tunisienne elle est pour nous une fierté puisque le progrès qu'elle ne cesse d'accomplir dans tous les domaines est considérable et continu. Ce progrès témoigne d'une volonté politique pour approfondir les acquis et les consolider.
La société civile tunisienne est appelée à redoubler d'effort pour combattre tous les préjugés défavorables à l'égard des femmes dans la société et pour consolider les acquis grâce à la ratification sans réserve de toutes les conventions internationales relatives à la situation de la femme et contre la discrimination à son égard".
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Mme Saïda Agrebi, présidente de l'ATM : « Un modèle »
La présidence par la Tunisie, en la personne de Madame Leïla Ben Ali, de l'Organisation de la Femme Arabe (OFA) est basée sur une vision stratégique autour de l'approche tunisienne en matière de promotion des conditions de la femme et à consolider l'ouverture de l'OFA sur son environnement extérieur.
Ce mandat constitue une reconnaissance des efforts consentis par la Tunisie dans tous les domaines. C'est aussi la juste récompense d'une grande dame, la première dame de Tunisie, épouse - modèle, militante pour le bien social, à travers l'association Basma. Madame Ben Ali est elle-même un modèle pour les femmes arabes.
Propos recueillis par Néjib SASSI
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Dr Lilia Labidi, professeur universitaire et chercheure psychanalyste et anthropologue : «Promouvoir une modernité transnationale»

L'Organisation de la femme arabe dont la tenue de la 4ème réunion du Conseil Supérieur aura lieu aujourd'hui sous la présidence de Mme Leïla Ben Ali, épouse du Chef de l'Etat et Présidente de l'OFA, est une instance d'une grande importance. Jusque là, les First Ladies étaient tenues à l'écart de la vie socio-politique et culturelle. Avec l'arrivée de femmes éduquées diplômées, il devenait difficile de ne pas accorder un rôle à celles-ci, ce qui n'est pas à regretter. Les First Ladies ont un rôle dans leur propre société et à l'échelle de la région et du continent. Elles sont de plus en plus impliquées dans la réalité du vécu des femmes et peuvent beaucoup apporter en étant porte-parole et prête-nom d'organisations gouvernementales et non gouvernementales. Elles ont une fonction qui dépasse un parti politique ou une organisation particulière. Et, elles servent de modèle identificatoire, aux petites filles comme aux femmes. Leur rôle ne doit pas se limiter aux actions caritatives ; elles peuvent apporter par leur implication dans le quotidien des femmes, une valeur ajoutée de par le statut social qu'elles occupent.
A l'échelle locale comme à l'échelle régionale, le modèle tunisien doit être protégé et propulsé. Il ne faut pas oublier que l'exemple tunisien sert beaucoup aux luttes des femmes arabes comme aux organisations régionales et internationales. Non pas que nous n'avons pas, nous aussi, quelques problèmes mais ce qui est intéressant dans le cas tunisien, c'est à la fois la mobilisation de la société civile pour la protection des droits comme la réactivité des institutions à mettre en place des outils qui protègent et améliorent la condition des femmes.
Jusqu'à ces dernières années, les Tunisiennes étaient timorées et n'osaient pas défendre le modèle tunisien à l'échelle arabe et internationale. Or, il semble que depuis la dernière conférence de la Ligue Arabe tenue en Tunisie, un tabou a sauté. Il faut aussi savoir que le modèle tunisien, pionnier dans la région, n'est pas très connu dans le détail à l'échelle internationale, aussi le fait que l'OFA soit présidée par la Tunisie, nous oblige à rester en éveil aux questions posées par les femmes en Tunisie et à celles des femmes à l'échelle régionale et du continent.
Je pense qu'il y a une urgence à créer une école de la promotion des droits des femmes en Tunisie où on enseignerait à la fois, l'exemple tunisien comme les succès de certaines expériences arabes et africaines. Des femmes viendraient poursuivre cet enseignement durant une période de 2 à 3 moins en Tunisie et les formateurs et les formatrices seraient sélectionnés spécialement pour cette formation sur la base des divers programmes.
Cette initiation contribuerait à l'encadrement à la fois des élites, des cadres institutionnels comme des futures chercheures. Il ne faut pas oublier que la recherche sur la femme arabe et en Afrique reste le maillon faible et que nous avons besoin de mettre des programmes de recherches communs, des antennes de veille pour surveiller l'évolution de la condition des femmes. Il y a malheureusement une autre lacune qui concerne l'enseignement sur la condition de la femme dans toutes les spécialités. Il nous faut aujourd'hui réfléchir avec une vision future pour les hommes et les femmes arabes futurs et les stratégies à mettre en place ne doivent pas être tirées des expériences du féminisme occidental des années soixante-dix qui n'a rien à nous apprendre. La mission de la présidence tunisienne 2008-2012, est de promouvoir un modèle de modernité transnationale, à l'écoute des organisations gouvernementales et non gouvernementales, toutes formations politiques confondues pour l'amélioration de la condition de la femme arabe.
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Sophie El Goulli, Universitaire et femme de lettres : «Tirer les leçons du passé »
Tout ce qui s'écrit et se dit aujourd'hui sur la femme arabe, occulte le plus souvent par ignorance ou par mauvaise foi, que la prophète Mohamed a été le premier dans l'histoire de l'humanité à donner à la femme des droits sociaux et économiques.
On oublie aussi qu'à cette époque, la femme arabe participait aux combats pour soigner des blessés. Durant des siècles à l'époque où la civilisation arabo-islamique a brillé de tout son éclat, la femme a joué un rôle de premier plan : instruite, cultivée, poète, danseuse, musicienne... sans compter les trois sultanes dont une fut même calife, vite oubliées. Même à l'époque du déclin et surtout durant les temps modernes malgré les agressions, l'exploitation et la colonisation du Monde Arabe, la femme n'a jamais cessé de jouer un rôle dans la société et pas seulement en tant que mère. Sans compter les sociétés rurales par la force de ses bras. Ces propos ne doivent ce pendant pas faire oublier les injustices, les maltraitances ni les excès dont beaucoup de femmes arabes furent et sont encore victimes. Nous devons cependant tirer les leçons de notre passé prestigieux pour ne pas retomber dans les erreurs qui par ignorance, par volonté de puissance, ont nié la dignité et volé la liberté à la femme.
Cette dignité, cette liberté que l'islam reconnaît à tout être humain homme et femme.
Propos recueillis par S.B.Z
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Mme Iqbal Gharbi, enseignante à l'université Ezzaïtouna : «Une originalité culturelle caractérise l'approche tunisienne de la condition féminine »
La femme arabe vit de nos jours sous le joug de l'exploitation matérielle et subit la régression mentale. Par ailleurs, la crise financière internationale a fragilisé davantage la situation de la main d'œuvre féminine dont il faut préserver les droits. La femme est également visée dans les émissions des chaînes de télévision, influencées par les courants rétrogrades. Lesquelles chaînes propagent une lecture misogyne de l'Islam qui défend la polygamie, la suprématie de l'homme et la séparation entre les garçons et les filles dans les lieux publics et, même, dans les écoles. Ces thèses prônent également le voilement des femmes qui n'est en fait qu'une mauvaise réponse à de vraies questions d'identité, de contestation sociale et de religiosité privée.
Il est utile de rappeler que la signification du voile islamique dépasse largement celle d'être un simple uniforme, supposé protéger le corps féminin de la convoitise des hommes et ce, indépendamment des variantes socioculturelles qu'il adopte. Derrière le voile il y a toute l'interprétation rétrograde de la sharia. Il y a les trois inégalités essentialistes qui caractérisent cette interprétation et qui sont l'inégalité entre l'homme et la femme, l'inégalité entre le musulman et le non musulman et l'inégalité entre l'homme libre et l'esclave. Ainsi, le voile devient un message religieux qui nécessite une herméneutique. Il révèle des conceptions rétrogrades occultées par la dissimulation tactique « taquiyya » prônée dans les propos officiels politiquement corrects : comme la supériorité du musulman sur l'infidèle, l'interdiction de la liberté de conscience, l'intolérance, les châtiments corporels , la polygamie, la répudiation et la lapidation. Le discours que véhicule le voile islamique est donc un discours de refus, refus du sujet de son autonomie, de sa liberté, de l'égalité entre l'homme et la femme, de la mixité, de la laïcité de l'espace public, des droits de l'homme, des valeurs démocratiques, etc.

L'originalité tunisienne
Une originalité culturelle caractérise l'approche tunisienne de la condition féminine et fait que la Tunisie est l'un des rares pays musulmans où les femmes n'ont pas beaucoup à se plaindre de leur sort. Nous avons connu très tôt l'éclosion d'une pensée spécifiquement féminine. Le contrat de Kairouan prohibe la polygamie, les multiples fatwas du Fiqh malékite octroient de nombreux droits aux Tunisiennes. En janvier 1924, Manoubia Ouertani, appartenant au milieu éclairé tunisois, assiste à une conférence sur le féminisme au club littéraire l'Essor, se lève, le visage découvert et dénonce l'oppression dont sont victimes les femmes dans son pays. La bataille du voile peut alors commencer. Notons au passage que le leader Habib Bourguiba a pris parti contre les féministes et pour le voilement des femmes à cette époque. Sa position ambiguë met en évidence l'instrumentalisation du corps féminin qui revêt une dimension fortement utilitariste et devient un emblème de la politique de la sauvegarde de l'identité en vigueur. A l'aube de l'indépendance, Bourguiba va promulguer le CSP qui demeure malheureusement une exception tunisienne dans le monde arabe. Le CSP n'est pas seulement un ensemble de lois et d'acquis juridiques, il touche aux mœurs, aux mentalités, aux rythmes de la vie, à l'organisation du quotidien, il interroge tout rapport humain. ll a rendu légitimes des pratiques jugées jusqu'alors illégitimes tout autant qu'il a rendu illégitimes des situations considérées comme naturelles. Il déstabilise aussi la masculinité tunisienne, surtout quand l'homme est confronté au chômage et à la précarité. Quand on brandit des taux de féminisation de certains Masters universitaires ou de certains domaines professionnels comme des trophées, nous devons nous demander où sont les hommes ? Quel est leur avenir ? Car une marginalisation de l'homme ne sert pas la cause de la Femme. Elle ne fait que renforcer la discrimination à l'égard des femmes et se traduit par la violence verbale et physique que nous constatons dans la rue. Cela rend les acquis fragiles !
Propos recueillis par Mourad SELLAMI


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