Troublant : pourquoi Kadoumi a-t-il attendu si longtemps pour révéler la teneur de ce testament et pour accuser aussi ouvertement Abbès ? Lui était-ce, néanmoins, possible de parler à chaud alors que tous les Palestiniens se revendiquaient de la légitimité d'Abou Ammar et que la sainte alliance autour de la mémoire d'Arafat désignait du doigt l'assassin Sharon ? La raison d'Etat étouffait, en effet, les gémissements des Palestiniens, auquel on a ravi à la fois le père et le guide. On soupçonnait Sharon et Bush d'avoir programmé sa mort et planifié son assassinat. Mais, on soupçonnait, surtout, son entourage, dont chacun avait un mobile et aucun n'avait d'alibi. Il n'est pas à exclure que Arafat ait été victime d'un parricide. S'ils ne l'ont pas tué physiquement, et tout en excluant – par principe - tout complot avec Sharon, le chef de l'OLP, le dernier des combattants arabes, avait été lâché par les siens, qui, pour puiser dans les caisses de l'OLP, qui, pour monter en grade. Ce siège sans électricité et sans eau, évoquant les derniers jours du Calife Othman, pèsera sur les consciences arabes et pour toujours. Il n'y avait que de l'impuissance ; il y avait aussi de la compromission. L'empoisonnement ? Depuis la mort suspecte de Haroun Errachid et les doutes alimentant celle de Abdennasser, c'est une technique parfaitement maîtrisée. Connaîtrons-nous un jour la vérité ? Peu probable. Et en plein brouillard on ne saurait dire si ce scandale, marque la seconde mort d'Arafat, ou plutôt, l'inévitable « résurrection ».