Le Temps-Agences - Les autorités irakiennes ont lancé une enquête de "haut niveau" sur les enlèvements collectifs perpétrés ces dernières semaines en Irak, où la situation continue de se détériorer selon l'administration américaine. Le procès de l'ancien président Saddam Hussein devant le Haut tribunal pénal irakien sur la campagne contre les Kurdes s'est par ailleurs poursuivi hier, avec la diffusion d'images chocs de victimes des bombardements chimiques. Dix nouveaux otages, parmi une quarantaine de personnes enlevées dimanche au siège du Croissant-Rouge irakien, ont été relâchés hier matin sur un marché de l'est de Bagdad. Selon un dernier bilan, 42 personnes au total ont été kidnappées, dont 32 employés de l'organisation humanitaire, lors du rapt collectif mené en plein centre-ville par des hommes armés dans les locaux du Croissant-Rouge. Vingt-six personnes, apparemment indemnes, ont depuis lors été libérées par les preneurs d'otages, seize autres restent prisonnières. Pour tenter d'endiguer le phénomène, les autorités irakiennes ont annoncé avoir lancé une enquête de "haut niveau", menée par une "équipe spéciale" de responsables des ministères de la Défense et de l'Intérieur. Mais ces enlèvements ont "eu lieu à plusieurs reprises, et pourraient se reproduire", a reconnu un haut responsable de l'Intérieur, alors que les forces de sécurité irakiennes sont, de notoriété publique, elle-mêmes largement infiltrées par les milices armées chiites. A Washington, le Pentagone a reconnu que la situation continue de se détériorer, avec en moyenne 959 attaques par semaine au cours des trois derniers mois, soit une hausse de 22%. Ce rapport, publié à peine 24 heures après l'entrée en fonction officielle de Robert Gates à la tête du Pentagone, fait également état d'une "nette augmentation" des violences confessionnelles. Sa publication intervient près de deux semaines après celle du rapport de la commission coprésidée par l'ancien secrétaire d'Etat James Baker, qui jugeait la situation "grave" en Irak, et s'était notamment inquiétée de la sous-estimation "significative" et "systématique" par l'armée américaine des actes de violence commis dans le pays. "L'Irak est au bord de la désintégration. Le pays et ses institutions risquent de sombrer dans le chaos", s'alarme pour sa part l'organisation International Crisis Group (ICG) dans un nouveau rapport. A Ryad, le ministre des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, a démenti des informations selon lesquelles le régime saoudien allait intervenir pour soutenir les sunnites en Irak, en cas de retrait rapide américain.