Une prolifération spectaculaire et quasi anarchique des services de proximité est enregistrée, ces derniers temps, un peu partout en Tunisie, notamment dans toute la zone du Grand Tunis, comme les cafés, les restaurants, les jardins d'enfants, les salons de coiffure et de beauté, les boutiques d'opticiens. Or, au-delà de l'avantage qu'elle présente dans le rapprochement de tels services au profit des citoyens, cette prolifération aurait été favorisée par les conditions relâchées entourant l'application de la procédure des cahiers de charges au lieu de celle des autorisations administratives, pour l'ouverture de ces établissements. Ce serait le non respect de l'intégralité des clauses des cahiers de charges qui est à l'origine de cette prolifération. Ainsi, il y aurait actuellement quelque 25000 cafés en Tunisie (vingt-cinq-mille), soit un café pour 400 habitants, mais en retranchant les enfants et les femmes qui ne fréquentent pas les cafés, le rapport est d'un café pour quelque 200 habitants. Les professionnels eux-mêmes l'avouent et ne cachent pas leur inquiétude face à cette prolifération, l'imputant franchement au non-respect des cahiers de charges régissant le secteur et au manquement aux conditions requises.
Bienfait ou méfait Peu de cafés sont dotés de toilettes convenables, sans parler de l'absence totale de l'hygiène et de la propreté qui est la plaie des services de proximité en Tunisie. Le pire est que ces profiteurs trouvent le moyen de réclamer davantage de liberté dans la fixation des prix, nous ont dit quelques citoyens. Le même reproche est adressé aux jardins d'enfants dont le caractère sensible devrait inciter à une tolérance zéro en matière de manquement aux conditions requises, a noté un citoyen. Sans aller jusqu'à préconiser le rétablissement du régime des autorisations administratives, il regrette que des gens irresponsables portent, ainsi, préjudice par leur mauvaise conduite, à des initiatives progressistes allant dans le sens du renforcement de la liberté qui est une et indivisible. ''Utiliser mal la liberté dans un domaine nuit à la cause de la liberté dans son ensemble, a-t-il dit, ajoutant qu'au lieu d'être un bienfait, le service mal rendu devient un méfait. A vrai dire, tout le secteur des services en Tunisie ne satisfait pas les citoyens pour une raison ou une autre D'après un autre citoyen, quand la qualité est, par chance, assurée, dans un service donné, les prix sont très élevés, à l'instar des tarifs des soins dans les cliniques privées, ou encore tout simplement, le tarif des consommations dans les salons de thé et les restaurants d'un certain niveau. De manière générale, le coût des services en Tunisie est cher, dans toutes les circonstances, sans aucune contrepartie, au niveau de la qualité et de la satisfaction des clients, de sorte que ce sont les dépenses occasionnées pour la couverture des besoins croissants en services qui pèsent aujourd'hui lourdement sur les budgets des ménages. Sur ce point, chacun peut donner des milliers d'exemple tirés de son expérience propre, en allant de la bouteille d'eau minérale vendue au quintuple de son prix ordinaire, aux factures de réparation et d'entretien des voitures qui défient toute logique. Aussi, beaucoup espèrent que l'ouverture du secteur des services en Tunisie à la concurrence européenne, dans un avenir proche, ne viendra pas compliquer davantage une situation déjà problématique.