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Le vivre-ensemble à l'épreuve
Ramadan
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 07 - 2012

• Les restaurants et cafés ont-ils le droit d'ouvrir et de servir pendant la journée?
• Le ministère de l'Intérieur dit appliquer les dispositions habituelles
• Des établissements ayant l'habitude d'ouvrir sont fermés cette année
Les deux premiers jours de Ramadan ont vu une application stricte et zélée, parfois musclée, des consignes en matière de restauration publique. Les forces de l'ordre ont effectué des descentes dans des quartiers de la banlieue nord de la capitale et ailleurs dans certaines villes, investies par la mission, et selon des témoignages, ils ont fermé les établissements de restauration qui ont choisi d'ouvrir pendant la journée durant le mois saint.
Les autorités affirment qu'il ne s'agit là que d'une simple reconduction des dispositions appliquées depuis de nombreuses années. La société civile et une partie de la population y voient au contraire une menace pour les libertés individuelles et une volonté d'imposer par la force une observance de plus en plus stricte des normes religieuses.
Qu'en est-il au juste ? Est-ce qu'il y a réellement de nouvelles règles limitatives des choix personnels des citoyens, dans un pays qui prône la liberté de croyance depuis son indépendance et qui plus est se targue d'être touristique ?
Le ministère de l'Intérieur, par la voix de son porte-parole M.Khaled Tarrouche, nous répond que des instructions ont été données par télégramme en date du 14 juillet aux gouverneurs et autres parties concernées pour l'application des dispositions suivantes : il est ordonné aux cafés et restaurants situés dans les quartiers populaires ou résidentiels de fermer de l'aube jusqu'à la rupture du jeûne. Pour ce qui concerne les quartiers touristiques et commerciaux, les établissements à caractère touristique peuvent ouvrir à la condition ferme de ne pas servir sur les terrasses, mais uniquement à l'intérieur.
«Nous n'avons rien modifié à ce texte, précise le porte parole, ce sont des dispositions en vigueur depuis des années, maintenant s'il y a eu des dépassements et contraventions qui ont nécessité la fermeture de quelques établissements, c'est une autre paire de manches», conclut-il.
Mêmes dispositions appliquées au temps de Bourguiba
De son côté, le gouverneur de l'Ariana, M.Baheddine Bakari, dans une déclaration à La Presse, nous informe qu'il avait reçu à l'instar des 23 autres gouverneurs du pays et autres directeurs de circonscription ce même télégramme datant du 14 juillet et que «ce sont les mêmes dispositions que celles appliquées au temps de Bourguiba», certifie le gouverneur qui était entouré de son staff. «L'Etat tunisien est musulman, mais laisse le libre choix aux citoyens d'observer ou non le jeûne», selon lui. Il ajoute cependant que «certains établissements du quartier Ennasr qui ont changé de vocation ou n'ont pas respecté les cahiers des charges, telle la distance réglementaire entre un café et un autre, ont été rappelés à l'ordre. Ces rappels à l'ordre ont coïncidé avec le premier jour de Ramadan, c'est pourquoi cela a été interprété autrement». Le gouverneur ajoute que dans le quartier Ennasr, ce sont 4 cafés et un restaurant en tout qui ont été concernés.
Pour avoir circulé dans les avenues du quartier en question et fait presque du porte à porte, nous avons constaté que les établissements de restauration étaient presque tous fermés, portes closes et rideaux baissés. En interrogeant les résidents et les habitués, nous avons appris que la plupart des établissements n'ouvrent pas par choix, et ce pour maintenir le rythme du long service nocturne qui s'étale de la rupture du jeûne jusqu'à l'aube, d'autres refusent d'ouvrir par convictions religieuses, d'autres encore choisissent d'effectuer des travaux de maintenance pendant Ramadan.
Sauf que, et c'est là que le bât blesse, certaines enseignes qui ouvraient et servaient invariablement chaque Ramadan étaient pour cette fois-ci bel et bien fermées. Autre fait curieux, les responsables ou personnels de certains cafés et salons de thé qui avaient les rideaux à moitié baissés, affichaient un malaise évident, refusaient de servir et même de répondre aux questions des journalistes. Deux seulement ont accepté de nous parler : un chef du personnel d'un salon de thé et un propriétaire d'un fast-food.
«Je suis triste pour mon pays»
Makram affirme que les papiers du salon de thé dont il est responsable en l'absence de la gérante sont en règle et «pourtant les agents de police ont ordonné la fermeture, regrette-t-il, ils ont dit explicitement : qui vous a autorisé d'ouvrir, et lève les yeux quand je te parle», s'adressant à la sœur de la gérante! Le ton était à l'intimidation. «Cela fait trois ans que nous ouvrons, ajoute Makram, qui visiblement en avait gros sur le cœur. Nous avons des clients étrangers et tunisiens, nous les servons à l'intérieur du café, et nous ne sommes pas visibles de l'extérieur, nous sommes en règle. Pourquoi nous demande-t-on de fermer ? Au nom de quelle loi ?».
Moins loquace mais tout aussi désemparé, le propriétaire d'une franchise internationale a accepté de témoigner, toutefois sous le couvert de l'anonymat: «Oui on m'a demandé de fermer, ils étaient corrects mais m'ont expressément demandé de fermer les lieux. Après des pourparlers avec leur responsable, j'ai pu obtenir l'autorisation d'ouvrir, de ne pas servir sur place mais de livrer seulement des plats à emporter. Je travaille avec la BAD, avec les lycées français et les américains, j'ai des menus pour enfants et pour diabétiques, et de plus j'ai des charges et du personnel, comment faire ? Je les paye ou je ne les paye pas? Je tiens à dire de plus que j'avais un portier qui faisait respecter les règles, aucun de mes clients n'avait le droit de sortir de l'établissement un sandwich à la main ou une cigarette. Malgré toutes les dispositions que j'ai prises, on m'a demandé de ne pas servir les clients qui avaient l'habitude de venir déjeuner sur place en venant directement de leurs bureaux. Je suis triste pour mon pays», conclut-il, visiblement ému.
Après la visite de la police, le gérant a reçu celle des salafistes qui lui ont demandé de s'expliquer sur la raison de l'ouverture de son établissement et demandé de fermer pour encourager les gens à observer le jeûne !
A la sortie d'un des cafés ouverts mais ne servant pas, nous avons croisé deux italiens transpirant, ils voulaient de l'eau. «Je suis italien, dit l'un deux et je suis venu à Tunis pour travailler, tout est fermé, c'est incroyable» !
Voilà les faits, ils suscitent de réelles inquiétudes. La première touche à la capacité des Tunisiens à vivre ensemble avec leurs différences. La deuxième concerne la difficulté manifeste des autorités à faire respecter les libertés individuelles, engagement pourtant pris au tout début de ce mandat transitoire. Autre inquiétude majeure qui trouve son origine dans l'apparition insidieuse et déroutante d'un décalage entre le discours officiel et sa mise en application.


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