• 3500 jardins d'enfants en Tunisie : les normes de qualité et de fiabilité sont-elles de rigueur ? Il n'y a pas que la rentrée scolaire. D'autres espaces éducatifs, appelés aussi structures d'accueil, ont aussi leur propre rentrée et se préparent à leur tour à ce grand rendez-vous. Chaque année des centaines de crèches, de jardins d'enfants et de garderies scolaires ouvrent leurs portes aux milliers d'enfants non encore scolarisés ou même en âge scolaire. Une prolifération de ces espaces a été constatée ces dernières années, à telle enseigne qu'on trouve deux à trois garderies à proximité d'une école ou d'un collège ou dans la même rue, sans aucun respect à la distance de 200 mètres fixée par la loi qui doit séparer entre deux jardins d'enfants ou deux garderies, ce qui entraîne souvent une concurrence déloyale entre ces différents établissements. Prolifération des jardins d'enfants Ces structures d'accueil sont-elles toutes capables de fournir les équipements nécessaires et les conditions sanitaires, récréatives et pédagogiques essentielles aux enfants inscrits ? Une question récurrente qui préoccupe tant de parents qui doivent livrer leurs enfants en bas âge ou même scolarisés à ces établissements privés dès le premier jour de l'année scolaire. Le nombre des jardins d'enfants, en Tunisie, s'est accru d'une année à l'autre : il compte actuellement plus de 3500 jardins d'enfants, dont environ une trentaine appartenant aux ministères, plus de 320 aux associations et presque 3000 privés. Le nombre des enfants inscrits a atteint le cap de 140.000 et celui des éducateurs a dépassé les 8500. De cette prolifération des jardins d'enfants, parfois anarchique, a émané une certaine concurrence illégale entre ces différentes institutions dont certaines n'appliquent pas rigoureusement les dispositions du cahier des charges. Même les prix appliqués ne sont pas réglementés et sont différents en passant d'une crèche à l'autre ou d'un jardin à l'autre, c'est que certains prix sont fixés à la tête du client ou suivant l'emplacement de l'établissement, (selon qu'il se trouve dans un quartier chic ou dans une cité populaire) ou encore ils varient selon les services rendus. C'est ainsi que les prix affichés varient entre 20 et 100 dinars et peuvent aller jusqu'à 150 dinars mensuellement pour un seul enfant. C'est ainsi que plusieurs villas se sont transformées en jardins d'enfants ou en garderies ou les deux à la fois en accueillant des enfants d'âges différents, dans des conditions qui laissent parfois à désirer. Sans compter que certains jardins d'enfants se permettent de donner des cours de français et/ou d'anglais à des petits gamins de 4 ou 5 ans, alors que dans d'autres garderies, des cours particuliers sont donnés aux enfants du primaire ou du collège. Pourtant, les dispositions réglementaires prônées par le cahier des charges sont claires : les garderies scolaires devraient « bénéficier d'un espace indépendant ou rattaché à des établissements éducatifs y compris les crèches et les jardins d'enfants à condition que les espaces de jeux, restaurants et dortoirs soient séparés. Les garderies scolaires sont également appelées dorénavant à respecter la surface de 1,5 m2 pour chaque enfant identiquement aux jardins d'enfants afin d'assurer le confort nécessaire et à aménager comme il se doit les espaces consacrés aux jeux. ». Pas mal de garderies font fi de ces réglementations et continuent à exercer dans des conditions chaotiques. A qui confier son enfant ? Les parents habitués à garder leurs enfants dans ces lieux ne semblent pas prêts à dénoncer les éventuelles anomalies qu'ils ont constatées dans ces lieux et préfèrent y laisser leur enfant sous prétexte que cette garderie est la plus proche de leur domicile ou de l'école ou du collège ou leur enfant étudie. D'autres, plus avisés, osent de temps en temps entrer dans ces espaces pour y voir dans quelles conditions leurs enfants sont gardées et, en cas d'imperfections ou d'irrégularités, ils le signalent aux responsables des lieux afin d'y apporter les solutions qui s'imposent. Et que d'anomalies ont été remarquées par les parents dues essentiellement au fait que dans ce secteur il y a souvent des intrus qui exercent cette activité aux dépens du cahier des charges et de la réglementation régissant ces espaces d'accueil, mais aussi au niveau des programmes et des conditions de la prise en charge de ces tout jeunes enfants qui demandent un traitement spécial et un encadrement renforcé en l'absence des parents. La question qualité d'accueil se pose à chaque rentrée scolaire. Le choix de la garde d'un enfant n'est pas toujours facile pour les parents qui, souvent, sont obligés d'inscrire leur enfant dans l'une de ces structures sans pour autant s'assurer de la salubrité des lieux et des bonnes conditions de la garderie (espaces, commodités, propreté et hygiène, moyens pédagogiques, programmes éducatifs et récréatifs…) Pour la plupart des parents qui travaillent pendant toute la journée, l'essentiel est de trouver un lieu où garder leur chérubin pendant la journée. Quel que soit l'âge de l'enfant, il doit être gardé pour être protégé des risques de la rue en l'absence des parents. Bébé, il est confié à une crèche. Entre 2 et 5 ans, il est inscrit dans un jardin d'enfants. Ecolier ou collégien, il doit passer ces heures libres dans une garderie. La garde des enfants est donc devenue essentielle, mais les parents, pour être rassurés sur le sort de leur progéniture, doivent faire le bon choix parmi ces établissements de garde où, faut-il le dire, les prestations de services et les conditions d'accueil accusent encore d'énormes lacunes. Ainsi, un contrôle suivi et renforcé s'avère nécessaire pour mettre fin à cette prolifération effrénée de garderies scolaires et de jardins d'enfants dont le nombre de plus en plus excessif peut déteindre sur la qualité requise.