* 500 chercheurs et enseignants tunisiens exercent et résident en France. Lors de leur forum à Gammarth ils ont surtout cherché la valorisation du concept de la recherche. L'Association des chercheurs et enseignants tunisiens en France (ACETEF) a tenu lundi, à Gammarth, son forum annuel dédié à la valorisation des résultats de la recherche scientifique. Ce thème a été choisi sur la demande des autorités tunisiennes compétentes désireuses de tirer profit de l'expérience internationale, notamment celle de la France, dans ce domaine. Plus de 500 chercheurs et enseignants tunisiens exercent et résident en France, dont des présidents d'universités, des doyens de facultés, des directeurs d'écoles supérieures. Le Forum étalé sur deux jours est organisé avec le soutien du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie et quelques universités tunisiennes dont les universités de Sousse et de Sfax. Outre les membres de l'ACETEF, la rencontre réunissait les présidents des universités tunisiennes, et les directeurs des établissements concernés par le secteur de la recherche scientifique et de la technologie, sur le plan de la production, de l'évaluation et de la valorisation.
Elargir le concept de valorisation Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie, Lazhar Bououny, a présidé l'ouverture des travaux et assisté à la première séance marquée par la présentation de trois communications portant respectivement sur ''la valorisation de la recherche publique en France, '' la valorisation de la recherche publique en Europe et dans le monde'' et '' la valorisation de la recherche publique en Tunisie.'' Tous les orateurs ont mis l'accent sur l'actualité et la pertinence du sujet, aussi bien pour la Tunisie, que pour tous les autres pays du monde. Dans ce contexte, M. Bououny a souligné en substance ''que s'il y a aujourd'hui un défi à relever c'est bien celui de la valorisation des résultats de la recherche scientifique.'' A en juger par les communications relatives à la valorisation de la recherche dans le monde, notamment celle relative à la valorisation de la recherche publique en France, faite par M. Elio Flésia, chercheur et expert français dans ce domaine, la Tunisie dispose, en la matière, d'un cadre juridique et institutionnel moderne, et de mécanismes appropriés, comparables aux cadres et mécanismes français et européen, et répondant aux normes et aux exigences internationales, cependant les réalisations enregistrées par la Tunisie sur le plan de la valorisation des résultats de la recherche scientifique sont faibles et en deçà des espoirs. Le ministre de tutelle l'a reconnu lui-même en notant que '' les efforts fournis sur ce plan sont certes importants, mais on est encore loin d'un système performant en matière d'innovation et de valorisation des résultats de la recherche.'' Cependant, la conception de la valorisation des résultats de la recherche en Tunisie semble être un peu réductrice, en limitant la valorisation des résultats de la recherche scientifique à leur exploitation industrielle au profit du progrès économique et de la promotion technologique, sous forme de brevets d'invention. La pensée tunisienne de valorisation signifie avoir des retombées sur le plan économique. Sur ce point, le ministre a identifié le savoir à une richesse matérielle. Or, la valorisation se traduit par des retombées économiques, sociales et médiatiques. La diffusion du savoir est une forme de valorisation, comme l'a dit M. Elio Flésia, car elle permet d'élever le niveau général de la société. La valorisation de la recherche peut se traduire par les publications scientifiques et la vulgarisation, ou encore l'exploitation de ses résultats à travers les supports médiatiques. Toutes ces formes existent en Tunisie, mais elles ne sont pas reconnues comme des actions de valorisation et restent limitées. La création d'entreprises innovantes par les chercheurs est une forme de valorisation de la recherche scientifique, et cette forme est en vigueur en Tunisie et bénéficie de tous les encouragements de la part des pouvoirs publics. Les chercheurs et créateurs employés par l'Etat, en Tunisie, peuvent même solliciter des mises en disponibilités pour mener à bien leurs projets de recherche et de création et le valoriser dans des entreprises privées.
Nouveaux mécanismes prometteurs Depuis août 2008, la Tunisie s'est doté d'une Agence nationale de promotion de la recherche et de l'innovation , établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST), dont l'objectif est de diffuser la culture de l'innovation dans les milieux professionnels et d'aider les entreprises économiques dans le diagnostic de leurs besoins en innovation , en particulier par la création et l'animation de réseaux de partenariats dédiés à l'innovation et constitués d'établissements de recherche, d'entreprises économiques et de structures d'appui. Cette Agence a aussi pour mission la promotion de la culture de la protection et de la valorisation des résultats de recherche, en encourageant entre autres la culture des brevets d'invention et du licensing ou la cession des brevets d'invention. Cette initiative doit booster le programme national de recherche et d'innovation tendant à l'encouragement de la recherche appliquée et de consolider la coopération entre le tissu industriel et le secteur de recherche. Chaque projet initié dans ce cadre doit aboutir à des résultats exploitables industriellement. 81 projets sont réalisés dans ce cadre dans divers secteurs comme l'agronomie, l'industrie, l'énergie, l'environnement et l'eau, la biotechnologie, la santé, la pharmacie. Aussi, disposant de cette plate-forme solide, la Tunisie compte aussi sur la coopération internationale pour renforcer ses acquis et rendre le système tunisien de recherche performant, en signant des conventions avec divers partenaires, notamment européens et américains. Des entreprises de renommée mondiale ont exprimé leur intérêt pour la création de structures de recherche en Tunisie. Le Forum doit d'ailleurs déboucher sur des recommandations dans ce sens propres à élever les capacités opérationnelles et l'impact économique, social et culturel du système tunisien de recherche scientifique et de technologie.