Le Temps-Agences - Le Fatah a haussé le ton vis-à-vis du Hamas à l'approche de son VIème congrès, prévu le 4 août à Beït Lahm, en Cisjordanie occupée. Dimanche, les forces de sécurité du Hamas, qui contrôlent Gaza depuis leur coup de force contre le Fatah en juin 2007, ont empêché trois députés du Fatah de quitter le territoire pour assister à la réunion. Le Hamas a expliqué qu'aucun des 400 membres du Fatah basés à Gaza ne serait autorisé à se rendre à leur premier congrès depuis 1989 si les détenus du Hamas en Cisjordanie n'étaient pas libérés, condition qualifiée de provocation par le mouvement de Mahmoud Abbas. Hier, un responsable du Fatah souhaitant conserver l'anonymat a menacé le Hamas de nouvelles arrestations s'il ne laissait pas partir les délégués nationalistes. Cette menace "ne réussira pas" à ébranler le Hamas, a rétorqué un de ses chefs, Sami Abou Zourhi. Raëd Radouane, responsable du Fatah à Ramallah, a répliqué que, si le Hamas maintenait son attitude, cela "enfoncerait le dernier clou dans le cercueil du dialogue" entre les deux mouvements en cours au Caire depuis des mois. Ces pourparlers de réconciliation entre les deux mouvements piétinent, une absence de progrès qui bloque la reconstruction de Gaza après l'agression israélienne de décembre et janvier derniers et grève les efforts de paix que souhaiterait relancer l'administration américaine de Barack Obama. Le président de l'Autorité palestinienne aimerait faire émerger de nouveaux visages au sein du comité central et du Conseil de la révolution, vingt ans après le dernier congrès du Fatah à Tunis, où la direction palestinienne était à l'époque exilée. Mouvement laïque, contrairement au Hamas et au Djihad islamique, le Fatah est parcouru par des clivages internes concernant la conduite des négociations avec Israël, le degré d'activisme à observer vis-à-vis d'Israël, la démocratie interne et le renouvellement générationnel. Le principal clivage interne oppose les réformistes, issus de la lutte armée sur le terrain, puis de la négociation avec Israël, à l'establishment privilégié de la diaspora, qui n'est revenu en Palestine qu'à la suite des accords d'autonomie conclus à Oslo en 1993. Tout-puissant du temps de Yasser Arafat, le Fatah a commencé à se lézarder après sa mort en novembre 2004, faisant le lit du Hamas, qui a remporté en 2006 la majorité absolue au Conseil législatif palestinien, ouvrant une ère d'affrontement entre les deux "frères ennemis". Le Fatah cherche à retrouver quelque crédibilité aux yeux des Palestiniens, qui lui reprochent sa corruption et son clientélisme, ainsi que le maigre résultat des concessions successives faites à Israël durant les négociations passées. Selon Hussein al Cheikh, le responsable de l'Autorité palestinienne qui assure la liaison avec Israël au sujet du congrès de Beït Lahm, Israël a donné son accord pour que les membres du Fatah encore en exil et ceux qui vivent à Gaza puissent assister librement à la réunion. Mais le président Abbas a menacé d'annuler le congrès si une partie de ses 1.550 délégués étaient empêchés d'y assister. Il a demandé à l'Egypte, qui joue les médiateurs avec le Hamas, et à la Syrie, qui abrite sa direction en exil, de faire pression sur le Hamas pour qu'il laisse tous les membres du Fatah se rendre librement à Beït Lahm.