Le Temps-Agences - L'Iran va juger à partir de samedi une vingtaine d'"émeutiers" arrêtés lors des manifestations contre la réélection contestée d'Ahmadinejad, alors que ce dernier continuait hier à être critiqué par son propre camp. Par ailleurs, deux dirigeants de l'opposition iranienne, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, doivent se recueillir aujourd'hui sur les tombes des victimes des manifestations de contestation de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, rapporte hier un site Internet. Les deux hommes se rendront au cimetière Beheshte Zahra, dans le sud de Téhéran, à 16H00 (12H30 HT), affirme le site de Etemad Melli, le parti politique de M. Karoubi. Selon l'agence officielle Irna, les "émeutiers" sont accusés d'avoir "perturbé l'ordre et la sécurité", "d'avoir des liens avec les hypocrites", l'appellation officielle des Moudjahidine du Peuple, le principal mouvement d'opposition en exil. Ils sont également accusés "de port d'armes à feu et de grenades, d'attaques contre les forces de l'ordre et les miliciens islamistes et d'envoi d'images (des manifestations) pour les médias ennemis". Plusieurs centaines de personnes avaient été arrêtées lors des grandes manifestations de protestation contre la réélection du président Ahmadinejad le 12 juin et quelque 200 personnes sont toujours détenues, selon un député. Le procureur général, Ghorbanali Dori-Najafabadi, a indiqué hier qu'une grande partie des manifestants encore détenus seraient libérés d'ici vendredi (demain, Ndlr), alors que les autorités ont déjà libéré mardi 140 prisonniers. Deux photographes iraniens arrêtés alors qu'ils couvraient les manifestations post-électorales pour le compte de médias étrangers, ont été accusés de liens avec un mouvement insurrectionnel, selon l'agence Irna. Le Grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri a lui critiqué les dirigeants iraniens pour la mort de manifestants en prison. Les autorités avaient refusé mardi à l'opposition le droit d'organiser une cérémonie à la mémoire des personnes tuées lors des troubles, qui seraient une trentaine selon la commission parlementaire sur le sort des prisonniers. Après avoir été critiqué par l'opposition qui réclame l'annulation du scrutin du 12 juin, M. Ahmadinejad doit faire face depuis une semaine à des attaques de certains de ses "amis". Les conservateurs ont dénoncé la nomination au poste de premier vice-président d'Esfandiar Rahim Mashaie, qui avait affirmé en 2008 que l'Iran était "l'ami du peuple israélien". Ils ont surtout critiqué le retard pris par M. Ahmadinejad pour appliquer l'ordre de M. Khamenei de le démettre. L'hebdomadaire ultraconservateur Ya Lessarat lui a demandé de "présenter des excuses au peuple" pour avoir tardé à obéir au guide. "Nous avons voté pour vous en raison de votre fidélité sans faille au guide suprême, mais nous avons vu des actes de votre part qui remettent cela en question", poursuit le journal, qui critique aussi le limogeage du ministre des Renseignements et le départ du ministre de la Culture, connus "pour leur fidélité au guide".