Guerre de l'audimat, annonce-t-on ces jours-ci. En d'autres termes la guerre des télévisions, et pas n'importe lesquelles: il s'agit de télévisions tunisiennes! A l'époque des temps héroïques, d'une télévision en noir et blanc, d'un Haj Klouf ou d'une Om Traki, passablement irascibles le jour, les Tunisiens avaient un même repère le soir. Quarante ans après voilà qu'ils se redécouvrent atrocement agressifs et nerveux le jour, et pratiquement schizophrènes le soir à coups de zapping à travers ces chaînes satellitaires arabes, où l'on passe allègrement d'un barbu prédicateur à une Nancy Ajram volubile. On appelle cela, déculturation. Et, en plus, on y perd ses repères… Ramadan dernier, le bras de fer s'est circonscrit au sein de Tunisie 7. Maldonne pour la chaîne nationale où le succès fulgurant de "Maktoub" a fait que Sboui a perdu de l'épaisseur. Cette fois on nous dit qu'il n'y aura pas de cafouillage et que les spots publicitaires – appelant tous à la grande bouffe – seront scientifiquement répartis à travers les tranches horaires de grande écoute. L'avantage, l'avantage réel, néanmoins, c'est que l'espace audiovisuel prend, cette année, une dimension plurielle. Quatre chaînes, annonçant chacune des exclusivités, avec la montée en puissance de Nessma TV, le recentrage de Hannibal, le relookage de la 21 et, bien sûr, les gros moyens mobilisés par Tunisie 7. Quel sera le signe emblématique de chaque chaîne? Sauront-elles s'enrichir mutuellement dans une compétition qui ne sera plus arbitrée par la Pub, mais par le téléspectateur? Une occasion d'éviter les crises d'indigestion qu'on attrape en regardant les chaînes arabes "insulaires".