Kais Saïed : « Aucun fauteur ne bénéficiera de l'impunité »    Présidence de la République : des événements se succèdent de manière inhabituelle ces jours-ci dans le but d'attiser les tensions    Bibliothèque nationale de Tunisie : La bibliothèque numérique «Cairn.info» désormais accessible    Bizerte : Une 8e édition du Forum mondial de la mer aux enjeux maritimes globaux    Fermeture partielle de la route entre Bab Alioua et la sortie sud de la capitale    Génocide contre Gaza : L'Union des avocats arabes appelle ses membres à la mobilisation    Espagne : la mosquée-cathédrale de Cordoue sauvée des flammes    Météo : un samedi nuageux avec des températures en hausse    80% des plages ont fait l'objet d'une campagne de propreté    Municipalité de Tunis : poursuite de la lutte contre le phénomène de l'exploitation de la voie publique    Cheb Mami enflamme la 59e édition du Festival International de Hammamet    Deux poèmes de Hédi Bouraoui    La VAR bientôt de retour : la FTF dévoile ses réformes majeures    À Sousse, l'agression brutale d'un chien suscite l'indignation, le suspect arrêté    Le PDL alerte l'Unicef et ONU Femmes sur la détention arbitraire d'Abir Moussi    Sébastien Delogu : reconnaître l'Etat de Palestine, un impératif politique et moral    Famine à Gaza : 4 nouveaux martyrs en 24 heures    Le militantisme silencieux ne protège pas    Zied El Heni appelle à un front national pour sauver la Tunisie    Ahmed Jaouadi : Un accueil présidentiel qui propulse vers l'excellence    GPT-5 d'OpenAI lancé : la nouvelle révolution de l'intelligence artificielle est là    Décès du comédien égyptien Sayed Sadek    Noureddine Taboubi reçoit Zied Dabbar après l'attaque contre l'UGTT    Lente reprise, inflation tenace : les prévisions du Fonds monétaire arabe pour la Tunisie en 2025 et 2026    Météo en Tunisie : températures entre 30 et 34 au niveau des côtes et des hauteurs    L'inscription en ligne est ouverte pour les élèves, collégiens et lycéens tunisiens au titre de l'année scolaire 2025-2026    Pénurie, hausses des prix et retards de paiement : les pharmacies tunisiennes en difficulté    Chkoundali : malgré une baisse de l'inflation, les prix de plusieurs produits de première nécessité ont augmenté    Nomination d'un troisième mandataire judiciaire à la tête de Sanimed    CSS : Ali Maâloul et 7 nouvelles recrues débarquent !    Passeports diplomatiques : l'Algérie impose des visas aux Français    Entrée en vigueur des surtaxes de Trump : le monde cherche un compromis    Tunisie Telecom rend hommage au champion du monde Ahmed Jaouadi    Le ministre de la Jeunesse et des Sports reçoit Ahmed Jaouadi    « Arboune » d'Imed Jemâa à la 59e édition du Festival International de Hammamet    JCC 2025-courts-métrages : l'appel aux candidatures est lancé !    Ahmed Jaouadi décoré du premier grade de l'Ordre national du mérite dans le domaine du sport    Tensions franco-algériennes : Macron annule l'accord sur les visas diplomatiques    Faux Infos et Manipulations : Le Ministère de l'Intérieur Riposte Fortement !    Sous les Voûtes Sacrées de Faouzi Mahfoudh    Ahmed Jaouadi décoré de l'Ordre du Mérite sportif après son doublé mondial    La Galerie Alain Nadaud abrite l'exposition "Tunisie Vietnam"    Alerte en Tunisie : Gafsa en tête des coupures d'eau    Consulat tunisien à Benghazi : ouverture officielle !    La mosquée Zitouna inscrite au registre Alecso du patrimoine architectural arabe    Orchestre du Bal de l'Opéra de Vienne au Festival d'El Jem 2025 : hommage magique pour les 200 ans de Strauss    Le Théâtre National Tunisien ouvre un appel à candidatures pour la 12e promotion de l'Ecole de l'Acteur    Le Quai d'Orsay parle enfin de «terrorisme israélien»    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Entre miss Nancy et cheikh Oussama
Les mots et les choses
Publié dans Le Temps le 17 - 01 - 2007

Un bureau d'études privé a réalisé, fin 2004, un sondage d'opinion auprès d'un échantillon représentatif de la jeunesse tunisienne en zone urbaine. En réponse à la question : "Quels sont vos trois idoles ?", ces chères têtes brunes ont classé Oussama Ben Laden au premier rang et, au second, Nancy Ajram.
Cette étrange "proximité", dans l'esprit de nos jeunes, entre le chef du réseau terroriste Al-Qaïda, grand puritain devant l'Eternel, et la star libanaise délurée, sexe symbole s'il en est, n'a rien d'étonnant en soi. Elle trahit cependant une absence de repères chez ces jeunes, qui demeurent tiraillés entre une tentation de repli identitaire et un lancinant désir d'ouverture. Cette crise des valeurs, que nous avons du mal à reconnaître et encore moins à comprendre, est le résultat des évolutions, souvent heurtées, contradictoires et mal assumées, qu'a connues notre société depuis l'indépendance.
Entre un désir d'Occident que trahissent tous nos comportements de consommation et une relation ambiguë à ce même Occident, faite d'attirance et de répulsion, de désir et de peur, d'amour et de haine, la ligne de démarcation dégénère souvent en ruptures brutales et rejets épidermiques.
Ruptures et rejets qui ont été illustrés, une nouvelle fois, par les récents événements au sud de la capitale. Les jeunes islamistes jihadistes qui ont voulu s'attaquer à quelques symboles de la présence occidentale dans notre pays (ambassades, night-clubs ou hyper-marchés) auraient bien pu être, dans d'autres circonstances, des candidats à l'émigration... en Europe.
La question aujourd'hui est de savoir comment ces jeunes gens sans histoire ont-ils pu virer de bord et évoluer vers des positions extrémistes ? Comment ont-ils pu troquer la sulfureuse Nancy Ajram pour le ténébreux Oussama Ben Laden, l'une et l'autre représentant, à nos yeux, les pires modèles que l'on puisse proposer à nos jeunes, mais que la mondialisation de l'information, dans son versant arabe, leur sert désormais du matin au soir via des médias aux moeurs douteuses ?
Il suffit d'ailleurs d'analyser le contenu de ces médias dits populaires (chaînes de télévision satellitaires et journaux tabloïds aux tirages illimitées et à l'influence ravageuse) pour constater la place centrale qui y est accordée à ces deux contre-modèles absolus: les Haïfa Wahbi, Nancy Ajram et autres Mélissa d'un côté, et, de l'autre, Saddam Hussein, Oussama Ben Laden, Aymen Zawahri, Abou Mossab Zarkaoui, Moqtada Sadr et autres Hassan Nasrallah, tous des "têtes brûlées" qu'unit un même opposition viscérale à l'Occident.
N'est-ce pas là le signe d'un grand "malaise dans la civilisation"... arabe, pour emprunter le titre d'un célèbre ouvrage de Freud ? Eros et Thanatos unis, non pour le meilleur mais pour le pire...
Le jour où des extrémistes comme ceux déjà cités, et bien d'autres qui hantent encore les manchettes de nos tabloïds, se seront plus vénérés comme d'hypothétiques sauveurs...
Le jour où l'on pourra critiquer la politique de George W. Bush en Irak sans tresser des lauriers posthumes à un despote avéré comme Sadam Hussein...
Le jour où l'on considèrera le cheikh Hassan Nasrallah non pas seulement comme un grand résistant à Israël, mais aussi comme un fondamentaliste religieux, chiite fanatique, diviseur de la nation libanaise...
Le jour où l'on intéressera moins nos jeunes aux fatwas tonnantes de Qaradhaoui and Co. qu'aux romans de Elyas Khoury et aux poèmes de Mahmoud Darwich...
Le jour où nos jeunes rêverons moins de martyre, de paradis et de houris que de succès scientifiques et de conquêtes de l'esprit...
Ce jour là, peut-être, serions-nous enfin mûrs pour livrer les vraies batailles qui nous attendent : contre la misère, l'ignorance et le sous-développement, qui sont encore, malheureusement, le lot quotidien de nos peuples.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.