Kais Saied insiste sur le respect des règles électorales en Tunisie    Sommet Corée-Afrique : Kaïs Saïed et Ahmed Hachani discutent des opportunités pour la Tunisie    Modernisation juridique : Kaïs Saïed fait le suivi de la réforme des chèques    Météo de ce samedi : Les températures en hausse    Aïd al Idha: Une fête aux multiples significations (Album photos)    Conseil national des régions, Chine, Sonia Dahmani… Les 5 infos de la journée    Arrestation d'une terroriste condamnée à 48 ans de prison    Simpar : vers une possible augmentation du capital de l'entreprise    MAGHREBIA PARTENAIRE OFFICIEL DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE DOUGGA    Basket – Pro A : le Club Africain remporte le Game 1 contre la JSK (vidéo)    STB Bank : colère des petits porteurs après une décision de non-distribution de dividendes    Un navire commercial percute un bateau de pêche au large de Bizerte    France-Palestine : le Tweet déchirant de l'acteur égyptien Amr Waked après l'arrestation de son fils, un mineur    Espagne : 3 joueurs écartés de la liste définitive    Ooredoo Tunisie honore son engagement envers l'Association Diar El Amal    En vidéos : Conférence internationale sur le développement durable, la responsabilité sociale et l'éthique des affaires à la Mediterranean School of Business (MSB)    Le train Tunis-Annaba reprendra du service entre le 15 juin et le 5 juillet    Guerre en Ukraine: Situation actuelle (Ambassade d'Ukraine en Tunisie)    Les peintres italiens de Tunisie à l'honneur dans une exposition à TGM Gallery à la Marsa    Que symbolisent les 5 anneaux olympiques accrochés à la tour Eiffel ?    Goubellat (Béja)- Aïd Al Adha : Du producteur au consommateur, le prix du mouton à 18 dinars le kg (Reportage)    Li Wan : la diversité des partenaires de la Tunisie réjouit la Chine    2023 : L'année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde    Les demi-finales du Championnat de Basketball National    Premier Sommet Afrique-Corée | Ahmed Hachani : «La Tunisie dispose d'un fort potentiel en énergies renouvelables et d'une position géographique privilégiée»    77e festival de Cannes – Après le clap fin : Nos coups de cœur et ce film si controversé !    En marge du Festival Hammamet 2024, le concours Les écrans de Hammamet lancé    Rwanda, Il ya 30 ans: Un génocide à ciel ouvert (1993-1994)    MEMOIRE : Anis KOBBI    Canicule: L'IACE appelle à revoir le calendrier des congés annuels pour éviter les pics de Chaleur    Maledh Marrakchi - Réglementation de l'IA: Où en sommes-nous par rapport à l'arsenal de l'Europe?    Météo : Les températures en hausse    Eliminatoires mondial 2026 – L'équipe de Tunisie gagne à la peine face à la Guinée équatoriale : Ce n'est pas le moment de tirer à boulets rouges !    L'équipe de Tunisie s'en sort bien : A quoi fallait-il s'attendre ?    Ils ont dit    CONDOLEANCES : Hamadi BEN SLIMANE    Hôtel du Lac : Un édifice hors du temps    Esquisse | La Kahéna, mère fondatrice (I)    Bac 2024 : 40 cas de fraude en deux jours dans deux régions    Pour un ajustement automatique des pensions et l'augmentation du SMIG    La vigilance renforcée pour maintenir la sécurité et l'ordre public    L'Arabie saoudite accueille 1,2 million de pèlerins pour le Hajj    Tunisie: La Banque centrale s'attend à un rebond modeste de l'activité économique en 2024    L'armée britannique n'est pas encore prête à s'engager dans une guerre mondiale !    CA : Nouvelle date de l'assemblée générale élective    La star Michael Jackson revient à l'écran    Après le scandale, la livraison du Stade olympique de Sousse prévue pour fin juillet 2024    Dhafer L'Abidine membre du Jury d'Amman International Film Festival 2024    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Entre miss Nancy et cheikh Oussama
Les mots et les choses
Publié dans Le Temps le 17 - 01 - 2007

Un bureau d'études privé a réalisé, fin 2004, un sondage d'opinion auprès d'un échantillon représentatif de la jeunesse tunisienne en zone urbaine. En réponse à la question : "Quels sont vos trois idoles ?", ces chères têtes brunes ont classé Oussama Ben Laden au premier rang et, au second, Nancy Ajram.
Cette étrange "proximité", dans l'esprit de nos jeunes, entre le chef du réseau terroriste Al-Qaïda, grand puritain devant l'Eternel, et la star libanaise délurée, sexe symbole s'il en est, n'a rien d'étonnant en soi. Elle trahit cependant une absence de repères chez ces jeunes, qui demeurent tiraillés entre une tentation de repli identitaire et un lancinant désir d'ouverture. Cette crise des valeurs, que nous avons du mal à reconnaître et encore moins à comprendre, est le résultat des évolutions, souvent heurtées, contradictoires et mal assumées, qu'a connues notre société depuis l'indépendance.
Entre un désir d'Occident que trahissent tous nos comportements de consommation et une relation ambiguë à ce même Occident, faite d'attirance et de répulsion, de désir et de peur, d'amour et de haine, la ligne de démarcation dégénère souvent en ruptures brutales et rejets épidermiques.
Ruptures et rejets qui ont été illustrés, une nouvelle fois, par les récents événements au sud de la capitale. Les jeunes islamistes jihadistes qui ont voulu s'attaquer à quelques symboles de la présence occidentale dans notre pays (ambassades, night-clubs ou hyper-marchés) auraient bien pu être, dans d'autres circonstances, des candidats à l'émigration... en Europe.
La question aujourd'hui est de savoir comment ces jeunes gens sans histoire ont-ils pu virer de bord et évoluer vers des positions extrémistes ? Comment ont-ils pu troquer la sulfureuse Nancy Ajram pour le ténébreux Oussama Ben Laden, l'une et l'autre représentant, à nos yeux, les pires modèles que l'on puisse proposer à nos jeunes, mais que la mondialisation de l'information, dans son versant arabe, leur sert désormais du matin au soir via des médias aux moeurs douteuses ?
Il suffit d'ailleurs d'analyser le contenu de ces médias dits populaires (chaînes de télévision satellitaires et journaux tabloïds aux tirages illimitées et à l'influence ravageuse) pour constater la place centrale qui y est accordée à ces deux contre-modèles absolus: les Haïfa Wahbi, Nancy Ajram et autres Mélissa d'un côté, et, de l'autre, Saddam Hussein, Oussama Ben Laden, Aymen Zawahri, Abou Mossab Zarkaoui, Moqtada Sadr et autres Hassan Nasrallah, tous des "têtes brûlées" qu'unit un même opposition viscérale à l'Occident.
N'est-ce pas là le signe d'un grand "malaise dans la civilisation"... arabe, pour emprunter le titre d'un célèbre ouvrage de Freud ? Eros et Thanatos unis, non pour le meilleur mais pour le pire...
Le jour où des extrémistes comme ceux déjà cités, et bien d'autres qui hantent encore les manchettes de nos tabloïds, se seront plus vénérés comme d'hypothétiques sauveurs...
Le jour où l'on pourra critiquer la politique de George W. Bush en Irak sans tresser des lauriers posthumes à un despote avéré comme Sadam Hussein...
Le jour où l'on considèrera le cheikh Hassan Nasrallah non pas seulement comme un grand résistant à Israël, mais aussi comme un fondamentaliste religieux, chiite fanatique, diviseur de la nation libanaise...
Le jour où l'on intéressera moins nos jeunes aux fatwas tonnantes de Qaradhaoui and Co. qu'aux romans de Elyas Khoury et aux poèmes de Mahmoud Darwich...
Le jour où nos jeunes rêverons moins de martyre, de paradis et de houris que de succès scientifiques et de conquêtes de l'esprit...
Ce jour là, peut-être, serions-nous enfin mûrs pour livrer les vraies batailles qui nous attendent : contre la misère, l'ignorance et le sous-développement, qui sont encore, malheureusement, le lot quotidien de nos peuples.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.