Un nouveau concept humoristique fait fureur en ce moment sur la radio privée tunisienne Mosaique fm. Sayeskhouk.tn, des sketchs d'un humoriste imitateur talentueux Wassim Herissi. Crée sous l'intitulé Khali9a v et confiné au départ dans les toiles du web, les sketchs et numéros d'imitation ont interpellé les programmateurs qui ont flairé la bonne audience. De l'intimité du web, le concept passe à l'échelle de la diffusion radiophonique, créant un phénomène populaire. Les personnages créés sont une caricature des gens ordinaires, des voyous, la racaille et les thèmes abordés sont osés et encrés dans la réalité de la rue tunisienne. En effet, les sujets sont très proches des vrais soucis des tunisiens et des travers de la société, de la délinquance, de la frime, aux difficultés financières de la classe moyenne, du foot et ses aberrances ...La critique est intelligente et le style original, le public y adhère et comprend cet humour neuf. Avec un taux d'audience élevé et une diffusion journalière, la popularité de ce phénomène est garantie. Bientôt, ce programme sera diffusé pendant tout le mois de Ramadan et sera écouté par les enfants et la majorité du peuple. C'est là où le problème se pose. Le revers de la médaille est la sur exposition d'un langage et d'une attitude réservés à la rue et ses règles. Des mots ni en français correct ni en arabe ni même en dialecte tunisien sont rendus sympathiques sur la langue de personnages imaginaires mais qui marquent. Les petits jeunes apprennent ce langage bâtard et l'adoptent dans leur façon de s'exprimer et de faire de l'humour, si bien qu'au lieu d'améliorer leur prononciation de la langue française, ils la dénaturent en adoptant le " ci bon " et " maximo " et le " pull capiche ".
Problème d'éducation La jeune génération souffre selon les éducateurs d'un problème de maîtrise de langue. La langue arabe est malmenée, ignorée lors de l'enseignement et vite oubliée après les études. Le niveau en langue française est en chute libre, rares sont les étudiants qui peuvent écrire un rapport sans fautes d'orthographe ou de conjugaison, qui savent construire de belles phrases stylées. La télé n'éduque plus, elle divertit et informe parfois. Les livres sont devenus un calvaire imposé par la séance " lecture " à l'école et le jeune qui ose parler du dernier livre en vogue est un intello dépassé par la " in attitude ". Le rôle des médias dit-on est d'améliorer le goût du public et l'initier à la culture non pas de tomber dans la facilité et réunir autour d'un phénomène drôle mais pas inoffensif. Avec le mézoued à la télé, les chanteurs à deux balles, voilà qu'un langage nouveau rabaisse encore le niveau. On comprend qu'une radio privée ou une chaîne télé privée puisse chercher le taux d'audience et le succès et non pas le raffinement et la culture, mais promouvoir une racaille attitude à grande échelle accentue un problème déjà grave : le langage et la violence verbale qui se répandent de plus en plus. En France, le problème des jeunes et de leur langage dégradé se pose aussi et le gouvernement a voulu lancer une campagne anti rap pour lutter contre le français cassé et le verlen ( mots à l'envers). Cela évitera de retrouver au final une génération de jeunes incapables de s'exprimer correctement.