Après avoir évoqué hier les feuilles de briks, visitons aujourd'hui leur ingrédient principal : l'oeuf et sa maman, la poule. Avant le mois de Ramadan, les commerçants avaient déjà annoncé la couleur en augmentant les prix des œufs, du poulet et de leur cousine, la dinde. C'est ainsi qu'ils ont ajouté 25 millimes par œuf, ce qui fait cinq cents Millimes les quatre. Un prix qui commence à faire grincer les dents des modestes gens... Ils ont également augmenté le prix du kilo de poulet, qui a dépassé les quatre Dinars en moyenne. Quant à l'escalope de dinde, elle a atteint un sommet historique avec 7D200 le kilo. Le pire, c'est ce que les Tunisiens appellent "les œufs arabes", ceux des élevages familiaux, par opposition aux poules pondeuses des batteries d'élevage. Nourries de façon naturelle et vivant à l'air libre, leurs œufs sont réputés naturels et de bonne qualité, à juste titre d'ailleurs. En plus ils n'ont pas cette odeur chimique des poules industrielles... Or la demande en œufs "arabes" explose durant le mois de Ramadan, avec pour résultat logique une nette augmentation de leur prix : un Dinar les quatre œufs ! Malgré ce prix prohibitif, les Tunisiens les achètent et les ramènent chez eux avec une certaine fierté. Ils serviront bien sûr dans la confection des briks, mais aussi dans les crèmes et autres desserts spécifiques de ce mois. Côté poulet, les marchands font grise mine depuis qu'on leur a interdit, pour des raisons évidentes d'hygiène publique, de vendre les poulets vivants, que l'on égorgeait dans la boutique même. L'un d'eux assure que "on ne change pas les habitudes des gens aussi facilement. Le Tunisien était habitué depuis toujours à choisir son poulet vivant et il le ramenait chez lui fraîchement abattu. Aujourd'hui, quand il voit ce poulet pâle et froid dans nos vitrines, il a l'impression que ce n'est pas frais..." Et c'est vrai que les habitudes de consommation du poulet ont changé : on n'achète plus de poulet entier, préférant les parties les plus nobles, comme les cuisses ou le blanc. Et les commerçants ont su s'adapter à ces caprices, avec à la clé une nette augmentation des prix : plus 20% en moyenne pour ces morceaux de choix et moins 10% pour les ailes et autres cages thoraciques, qui serviront à concocter une "Chorba" assez nutritive pour les gens aux moyens modestes. Cette même option est appliquée aux dindes, mais là les prix sont beaucoup plus élevés : près du double en moyenne... Cette viande est achetée par des gens un peu plus à l'aise, matériellement. En tous cas, on est toujours loin des prix de la viande rouge et de ceux du poisson que nous évoquerons prochainement. On vous l'annonce d'avance pour ne pas vous choquer...