Le Temps-Agences - Les dirigeants des 20 premières économies de la planète devaient se réunir hier à Pittsburgh (est des Etats-Unis) pour mettre en oeuvre leurs engagements d'avril, notamment en matière de régulation du système financier. Un peu plus d'un an après le début d'une débâcle sans précédent depuis 1929, au moment où se précise la fin de la récession, le président américain Barack Obama, qui devait présider son premier sommet international, a appelé ses invités, dans un message de bienvenue, à élaborer un nouveau "code de la route" financier pour éviter que ce genre de crise ne se reproduise. Avant de se réunir toute la journée aujourd'hui sous haute sécurité dans un centre de conférence de Pittsburgh, ancienne cité sidérurgique de Pennsylvanie désormais tournée vers l'économie verte, les chefs d'Etats et de gouvernement des principaux pays industrialisés et des grands pays émergents comme la Russie, la Chine et le Brésil devaient se se retrouver en début de soirée sous la verrière du jardin botanique Phipps, pour un dîner de travail qui marque le début du sommet. Ils se pencheront notamment sur la réforme de la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI). Les pays émergents, dont le Brésil, l'Inde ou la Chine, entendent obtenir davantage de droits de vote au sein du Conseil d'administration du Fonds, où ils s'estiment sous-représentés au profit des Européens. Au cours de leurs deux réunions plénières aujourd'hui, les pays du G20 vont notamment prendre acte des progrès obtenus dans la lutte contre les paradis fiscaux, un des objectifs de leur dernier sommet tenu début avril à Londres. Mais ils restent divisés sur les bonus bancaires, autre grand dossier à l'agenda du G20. Les Européens veulent obtenir une limitation des primes des banquiers, qui alimentent la colère de l'opinion publique. Les Etats-Unis y sont opposés, soucieux de préserver les intérêts de leur puissante communauté financière, à l'instar de la Grande-Bretagne. "On discute, cela se bagarre (...) mais il faut qu'on trouve un accord", a déclaré le président français Nicolas Sarkozy. Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, s'est toutefois montré rassurant, affirmant que le G20 parviendrait à un accord sur les bonus. Il faut que les banquiers comprennent que "la fête doit s'arrêter", a-t-il dit. Un avis partagé par la chancelière allemande Angela Merkel: "le pouvoir politique doit parfois avoir le courage de faire des choses qui ne seront pas immédiatement saluées" par les milieux d'affaires, a-t-elle indiqué jeudi à Berlin, avant de s'envoler pour Pittsburgh. Autre source de divergences, la stratégie à mener pour assurer une sortie de crise oppose l'Allemagne, qui réclame la fin des programmes de relance, aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, dont les économies sont toujours dans le rouge et qui redoutent la montée du chômage. Mme Merkel a prévenu hier qu'elle ne se laisserait pas attaquer sur les excédents commerciaux allemands, alors que Washington semble vouloir faire des déséquilibres globaux un grand thème du sommet. Selon des experts, les Etats-Unis souhaiteraient que des pays fortement exportateurs comme l'Allemagne et la Chine stimulent davantage leur demande intérieure pour réduire leurs excédents commerciaux. Comme de coutume, ce sommet sera accompagné de manifestants altermondialistes, qui ont prévu un rassemblement en fin de journée hier, avant la grande manifestation attendue aujourd'hui. Plusieurs milliers de policiers, dont plusieurs centaines déjà sur place, étaient déployés dès l'aube dans le centre de la ville, fermée au commun des mortels.