Ce jeune homme à peine sorti de l'adolescence avait hélas raté ses études à cause des mauvaises fréquentations qui l'avaient dirigé vers la voie de la délinquance. Il n'avait ni ressources ni emploi fixe et vivait aux crochets de ses parents, bien que les moyens de ces derniers soient limités , et il s'était pour cette raison, habitué au farniente et à l'argent facile. Le hasard a voulu qu'il fasse la connaissance d'un quinquagénaire qui commença à l'inviter à des beuveries où il pouvait s'adonner à cœur joie, à la dive bouteille. Une amitié s'était tissée, au fil du temps, entre lui et ce quinquagénaire avec lequel il passait la majorité de son temps. Ils s'habituèrent à se rencontrer quotidiennement, en fin d'après-midi, ce qui convenait au quinquagénaire qui travaillait toute la matinée dans une entreprise privée. A part le fait qu'il vivait à ses crochets, que trouvait le jeune homme de si intéressant chez ce quinquagénaire ? Cette question s'était sérieusement posée, après le drame au cours duquel le jeune homme tua le quinquagénaire au cours d'une beuverie. L'idée originale (ou plutôt saugrenue) d'organiser cette bacchanale dans un cimetière était suggérée par le quinquagénaire, et le jeune homme l'avait trouvée géniale. Aussi s'était-il rencontrés dans cette ambiance calme parmi les sépultures et loin du bruit de la ville et les regards curieux. Brusquement une discussion houleuse éclata entre les deux compagnons. Qu'est-ce qui a pu mettre le jeune homme en boule ? Une colère telle qu'il porta un coup fatal à la victime en plein abdomen, à l'aide d'un tesson de bouteille. Le jeune homme, toujours sous l'emprise de la colère, prit la fuite en laissant le quinquagénaire à son sort. Ce ne fut que quelque deux jours plus tard que le cadavre de la victime a été découvert par le gardien du cimetière qui alerta aussitôt la police. Les agents de la brigade criminelle chargés de l'enquête ne tardèrent pas à arrêter le jeune homme qui avoua son forfait, en faisant certaines révélations assez surprenantes, pour justifier son acte. Il affirma en effet que le quinquagénaire tenta d'attenter à sa pudeur, insistant tellement qu'il prit une attitude agressive. Le jeune homme ajouta qu'il voulait simplement le menacer avec le tesson de bouteille afin de le faire renoncer à son vil projet. Mais le quinquagénaire était tellement obnubilé par le dessein qu'il s'était fixé, que rien ne pouvait l'arrêter. Le jeune homme expliqua qu'il n'avait pas contrôlé son geste, et cherchait simplement à repousser le quinquagénaire qui était dans un état d'agitation, voire d'hystérie. Ce fut ce qu'il avait soutenu devant le tribunal de première instance de Grombalia, et tout au long des étapes de la procédure. Son avocat le soutenant, plaida l'état de légitime défense. Il affirma que de toutes les façons, son client n'avait pas l'intention de tuer la victime. Cependant le tribunal déclara l'accusé coupable d'homicide volontaire, sans retenir pour autant la préméditation, et le condamna à la peine de dix ans d'emprisonnement.