Le bourbier afghan se meut, aujourd'hui, en dilemme. Et ce n'est pas forcément la faute à Barack Obama. Ce pays a été le dernier théâtre des ravages de la guerre froide. Il a, d'abord, été le Vietnam de la « défunte » URSS, parce que les enjeux pétroliers et gaziers y étaient vitaux pour l'économie soviétique. Leur pion de l'époque « Nejibullah », s'agrippait à un pouvoir virtuel. Entre temps, le prototype Ben Laden et ses fidèles talibans étaient conçus dans les laboratoires de la CIA du temps de Reagan. Ils trouvèrent leur incarnation, par la suite, dans cette stratégie américaine (de l'époque) consistant à opposer le fanatisme religieux au communisme. Les Soviétiques cèdent. Et la pieuvre islamiste de s'enraciner. C'est la radicalisation. Le retour aux pratiques moyenâgeuses ; aux lapidations des femmes, à l'anéantissement de la culture. Et c'est, finalement le phénomène Ben Laden, complice de Bush dans l'adversité. Le président américain devait absolument calmer les Américains après les Tours jumelles : il s'arrange alors de manière à entrevoir les traits de Ben Laden dans ceux de Saddam ! Mais, quand il quitte la Maison Blanche, on se rend compte que la focalisation sur l'Irak avait permis aux Talibans de mieux quadriller de nouveau l'Afghanistan. Obama ne se sent pas forcément lié par le Nobel de la Paix. Disons que c'est un acompte sur la paix. Depuis un an, il avait bien précisé que la priorité serait justement l'Afghanistan. Et, aujourd'hui, avec 30 mille soldats de plus, cela a tout l'air de préfigurer une guerre chirurgicale. Sauf que l'Afghanistan, avec son opium, son administration corrompue et sa population aliénée aux Talibans, est bien plus compliqué que ne le fût le Vietnam. Si Obama échoue, l'Amérique aura, en l'occurrence, échoué à éradiquer le terrorisme dans le monde. Car la guerre est accoucheuse d'Histoire, les dérives religieuses ne peuvent être jugulées à leurs racines que par la solidarité, l'emploi et la lutte contre la précarité et la misère. Ben Ali l'avait dit à l'Occident en 94, dans une retentissante interview au Figaro : « L'intégrisme, c'est maintenant votre problème »,dit-il. La déflagration planétaire qu'en a faite Bush, se sera, finalement, retournée contre lui... Que fera, donc, Obama ?