Continent en développement, l'Afrique n'en reste pas moins sous développée et très en retard au niveau de l'exploitation des terres agricoles, qui font aujourd'hui l'objet de convoitises de la part de plusieurs pays qui connaissent des problèmes d'approvisionnement en matière produits alimentaires ou qui craignent des pénuries futures. C'est le cas de la Chine, de la Corée du Sud et des pays du Golfe. Sous équipée, l'agriculture dans les pays du sud du Sahara - à l'exception de l'Afrique du sud - n'est jamais parvenue à satisfaire aux besoins élémentaires d'une population en constante croissance. Par ailleurs, héritage de la colonisation, ce sont les produits destinés à l'exportation (coton, café, cacao etc...) qui ont toujours profité des aides et subventions au détriment des cultures indispensables de plus en plus marginalisées. Il est vrai que les gouvernements d'Afrique ont trouvé dans l'importation une solution leur permettant de compenser les déficits en céréales et autres denrées alimentaires d'autant que les prix de ces dernières sur le marché international étaient jusqu'à une date récente relativement bas. Mais l'année 2008 a constitué le tournant avec une flambée sans précédent des prix des produits céréaliers dont les retombées ont été ressenties dans plusieurs pays africains et asiatiques. Or par manque de moyens financiers surtout - ils sont dans l'incapacité d'amorcer le virage qui s'impose pour une mise en valeur de leur agriculture à même de leur permettre de répondre à la demande intérieure. Mais le plus inquiétant pour nombre d'entre-eux est cette ruée de plusieurs puissances étrangères via des sociétés étatiques ou privées vers les terres riches d'Afrique au Soudan, au Congo, à Madagascar... Dans l'esprit de ces investisseurs, l'exploitation des étendues africaines va leur permettre de parer à d'éventuelles nouvelles pénuries. Et les populations africaines dans tout cela ? A vrai dire il n'en sera rien, dans la mesure où tout a été mis en place pour assurer l'approvisionnement de leurs propres pays. Selon les chiffres avancés par l'international food y research Institate, environ 20 millions d'hectares soit deux fois la surface des terres cultivées allemandes - ont été cédées dans le monde et essentiellement en Afrique ! Mais force est de reconnaître que des centaines de millions d'hectares de terres arables restent en friche dans ce continent où la malnutrition et les famines sévissent de manière chronique. Le milliard d'hommes vivant en Afrique exigent que l'on revoie les choix de développement jusqu'ici mis en place par les pouvoirs publics où les possibilités de développer l'agriculture sont énormes avec l'abondance de l'eau dans des pays comme le Congo ou le Soudan, l'étendue des terres fertiles et les potentialités humaines qui sont au chômage et qui peuvent - une fois encadrées et fournies en matériels et équipements -donner aux cultures africaines un élan salvateur. Cette nouvelle stratégie qui s'impose d'elle-même ne peut être mise en application par les seuls gouvernements africains. Elle nécessite une assistance accrue des organismes internationaux tels que la FAO, le FMI la Banque mondiale. Des fonds importants sont indispensables ainsi qu'une assistance technique et logistique pour la modernisation de l'outil agricole et des méthodes d'exploitation qui demeurent on ne peut plus archaïques. Le rendement de blé par hectare dépasse en France les 100 quintaux alors qu'en Afrique et dans le meilleur des cas il atteint 10 quintaux. Et ceci explique cela, avec les pénuries chroniques que connaît le continent, qui fait face aujourd'hui à ce que certains, n'hésitent pas à qualifier de "nouvelle colonisation".