Omar El Béchir n'est peut-être pas une colombe. Mais il n'a pas la tête de qui se prêterait aimablement au rôle de bouc-émissaire. Et si, jusque-là, on ne l'a pas capturé à la manière sauvage, ou que les services secrets américains lui aient évité deux réels coups d'Etat, c'est parce qu'on ne veut pas vraiment tenter le diable. Des mains maculées de sang dans la tragédie du Darfour ? Possible. Mais alors pourquoi l'aurait-on laissé faire ? Et d'ailleurs, qui avait fabriqué Hassan Al Tourabi, et qui s'était arrangé pour que Khartoum devînt, lors des années 90, la plaque tournante de l'intégrisme international, avec son onde de choc retentissant au sein de l'Afrique du Nord ? Juillet dernier, le chefs d'inculpation : crimes de guerre et crimes contre l'humanité avaient été jugés insuffisants. Aujourd'hui, la Cour Pénale Internationale y ajoute le " génocide ", motif juridique suffisant pour capturer le président soudanais au Soudan même. En tous les cas, ces accusations le consolident et le confortent auprès de son peuple. Elles lui avaient valu la solidarité des pays arabes, dès l'enclenchement de la machine judiciaire. Non qu'il ait une tête d'ange ; non qu'il soit particulièrement populaire... Il y a seulement que les peuples - fussent-ils opprimés par des dictateurs - n'acceptent pas de justice " supra-divine " prononcée par cet Occident à l'origine des malheurs de l'Humanité, celui-là même qui a planifié les guerres confessionnelles avec leur cortège d'horreurs. Le Darfour, qui ? et Sabra et Chatila ? Et Gaza ? ... Et Mohamed Eddora ?