Yasmina Khadra a écrit dans son livre: L'attentat: « lorsque l'horreur frappe, c'est toujours le cœur qu'elle vise en premier.» Cet après-midi du jeudi 16 septembre 1982, l'horreur a atteint son paroxysme: une épure sépulcrale se dresse dans les deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth-Ouest au Liban, Sabra et Chatila. Mais que diable s'est-il passé ici ? Quelles mains scélérates ont-elles pu perpétrer pareils crimes démoniaques ? Ce n'est pas un nom que nous recherchons, c'est plutôt une raison. Y'en a-t-il de valable pour justifier une telle furie ? Bien sûr qu'il n'y en a pas. Le massacre de Sabra et Chatila a, aujourd'hui 28 ans. Le nombre des victimes a été estimé entre 700 et 3500. Ce ne sont pas les victimes du 11 septembre, dont le monde entier parle à chaque commémoration, en réitérant encore et encore telle une rengaine à s'en lasser, le calvaire qu'elles ont vécu. Et d'ailleurs, à quand l'arrêt de ce nanar « World Trade Center » frôlant la lisière d'une parodie ? Aller savoir. Ce sont les victimes de Sabra et Chatila. Leur mémoire ne devrait aucunement devenir évanescente. Elle est lancinante et elle devrait subsister pour ne pas oublier.
A la mémoire des victimes de Sabra et Chatila
« Notre entrée dans Beyrouth-Ouest était destinée à faire la guerre contre l'infrastructure laissée par les terroristes. » Voici le motif du massacre avancé par l'abhorré Ariel Sharon. Les réfugiés civils des deux camps n'étaient donc pas ciblés par les milices phalangistes chrétiennes de Beyrouth. À nous faire croire à la théorie du hasard encore et toujours pour justifier des crimes définitivement injustifiables. Il s'agit, par surcroît, du mouton noir, celui à qui il faudra faire subir les pires scénarios ébouriffants. C'est une histoire de représailles, de ripostes, et de règlement de compte entre les insatiables du pouvoir. Ils peuvent user de toutes les élucubrations que leur imagination est en mesure d'esquisser, ils se heurteront cependant à un mur. Pas celui des lamentations, mais celui de la résignation. Parce que le monde, arabe en l'occurrence, a choisi de taire les afflictions, les injustices, et les dépassements d'un insensé ennemi. Faisons dans le « nous dénonçons », cela fera l'affaire. Nous sommes le 15 septembre 1982, il est midi et les deux camps de réfugiés Sabra et Chatila sont assiégés par des soldats israéliens et des tanks. Ils ont installé des points de contrôle afin de surveiller les entrées et les sorties. Les bombardements fusent sur les camps jusqu'à la soirée. Le lendemain, jeudi 16 septembre, une unité composée de pas moins de 150 Phalangistes armés jusqu'aux dents pénètre le premier camp. Au cours des quarante heures qui suivent, cette bande de criminels a violé, blessé et tué une large frange de civils désarmés. Ils étaient surtout des enfants, des femmes et des personnes âgées défaits de tout instrument de défense. La lâcheté dans le plus haut de sa noblesse ! Les survivants au massacre de Sabra et Chatila, n'auront sans l'ombre d'un doute, pas le moindre retour de justice. Ni la justice des tribunaux, ni même celle de la reconnaissance. Le monde ne parlera pas d'eux et des victimes ensevelis ces jours-là sous les décombres puis enterrées dans des fausses communes. Le monde ne rendra pas hommage à ces victimes, la honte l'accablant, comment aura-t-il à en parler ? Alors que le monde sache en ce 28éme anniversaire du massacre de Sabra et Chatila, que désormais, chaque année, les indignés serineront leur mansuétude tel un mantra : « Nous n'oublierons jamais, nous ne pardonnerons jamais ! »