Puisque l'éthique est de nouveau au goût du jour et que tout économie, commerce, capitalisme – se drape d'une nouvelle virginité éthique, la règle, de droit international sort, à son tour, de sa léthargie. Et, en l'occurrence le droit Pénal International est dépoussiéré, agencé, relu et corrigé mais comme d'habitude taillé sur mesure pour des cas spécifiques, et pour des personnages qui s'y prêtent. Hier, pour la première fois de son histoire, la Cour Pénale Internationale émettait un mandat d'arrêt contre un Chef d'Etat en exercice. Le président soudanais Omar El Béchir est en effet accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité au Darfour. On sait en effet que cette tragédie a fait 300 mille morts et quelque 2,7 millions déplacés, essentiellement des chrétiens soudanais dans une province qui s'était insurgée, à un certain moment, contre l'alliance entre le président El Béchir et l'islamiste iconoclaste Hassen Tourabi. C'était l'époque de la fronde à l'endroit de Washington et d'Israël ce qui rendait Omar El Béchir sympathique et fiable aux yeux des Arabes et des pays musulmans. Khartoum devenait de surcroît la plaque tournante , durant les années 90, de l'Internationale intégriste alors que le GIA installait l'Algérie dans les années d'horreur et de cauchemars. Toute la région risquait l'embrasement obscurantiste, alors que la première puissance au monde croyait pouvoir apprivoiser cette mouvance et l'exploiter à des fins idéologiques. L'Amérique troquait alors Hassan Tourabi contre Ben Laden et les écoles coraniques. Le président soudanais était ainsi récupéré parce qu'il représentait la seule force d'interposition contre ce foyer de déflagration qu'était le Tchad à l'époque où la Libye y exportait la Révolution. Et en plus, histoire d'assurer ses arrières et de jongler à travers les pôles, il faisait appel aux investissements chinois, essentiellement pour l'exploitation du pétrole puisqu'on sait que les Chinois ne posent guère de préalables "droit de l'hommistes" à leur partenariat avec des pays pourtant au ban de la communauté internationale. Mieux: Omar El Béchir était reçu par presque tous les chefs d'Etat européens, très consulté par ses pairs arabes – surtout sur les questions intégristes – et a même été reçu par le Pape Benoît XVI. Qui s'est donc réellement occupé des Darfouris en dehors de cette fantomatique Cour Pénale Internationale chargée d'enquêter par l'ONU en 2005 et ayant mis cinq ans pour conclure que Omar El Béchir est l'auteur de "crimes de guerre" (mais de quelle guerre?) et non de "génocide"?.. Quelles chances à ce mandat d'être mis à exécution? Le droit International stipule que ce mandat s'applique aussi sur le territoire soudanais… Or, il ne s'agit pas de Milosevic ni encore de Charles Taylor, deux nationalistes purs et durs. Car Omar El Béchir serait aujourd'hui en droit d'exiger de n'être pas seul sur le banc des accusés. Si on l'accuse de crimes de guerre c'est qu'il doit avoir appris quelque chose de Sharon, d'Olmert ou de Livni… Si l'on devait en effetétablir la liste de tous les criminels de guerre, inévitablement on remonterait jusqu'à leurs commanditaires… Et Washington pourrait "éclairer" la justice des hommes, à défaut de celle des tribunaux.