Le Temps-Agences - Les élections législatives du 7 mars en Irak pourraient déboucher sur une impasse politique si la coalition du Premier ministre chiite Nouri al Maliki ne recueille pas, comme le craignent les investisseurs étrangers, un large soutien. Si le scrutin ne désigne pas un net vainqueur, le pays risque de s'engager dans une longue période de tractations au cours de laquelle le gouvernement sortant ne pourra qu'expédier les affaires courantes. Or, la coalition chiite du chef du gouvernement a peu de chances de renouveler le large succès qu'elle avait enregistré l'an dernier aux élections municipales. Entre-temps, le pays a connu une série d'attentats particulièrement meurtriers qui ont occulté aux yeux des Irakiens l'amélioration sensible de la sécurité au quotidien. "Nous aurions beaucoup de chance si un gouvernement était formé au début de l'été", estime l'analyste Reidar Visser de www.historiae.org. Un pronostic partagé par un autre expert, Peter Harling, de l'International Crisis Group. "Je m'attends à un vide politique, qui pourrait durer des semaines, voire des mois pendant lesquels le pays n'aura ni gouvernement ni Premier ministre", prédit-il. Politiquement autant qu'économiquement, l'Irak a pourtant besoin plus que jamais d'une vie démocratique stable. Ses institutions, entièrement refondées après l'intervention militaire anglo-américaine de 2003, demeurent fragiles et les contrats pétroliers récemment signés pour l'exploitation des énormes réserves irakiennes dépendent en grande partie pour leur mise en oeuvre de la stabilité politique. La nouvelle stratégie des insurgés - frapper moins souvent mais plus fort - constitue un défi pour l'armée et la police irakiennes, alors que les Etats-Unis comptent bien, après le scrutin de mars, accélérer un retrait qui doit être achevé fin 2011. "Si l'Irak parvient vraiment à survivre à cette année extrêmement difficile, je vois son avenir avec un grand optimisme. Mais le risque est grand, au contraire, de voir tout s'effilocher", analyse Peter Harling. Dans un paysage politique irakien en permanente évolution, nul ne peut dire aujourd'hui quelles alliances se noueront après les législatives. Cette incertitude pourrait inquiéter les investisseurs étrangers si la pérennité des contrats signés sous l'autorité du gouvernement Maliki ne correspondait pas à l'intérêt bien senti des deux parties. "Ces accords survivront probablement parce que la marge engrangée par les compagnies étrangères est très faible et que peu gens de gens doutent que ces contrats ne bénéficient pas d'abord et avant tout à l'Irak", juge Reidar Visser. Le sort électoral de Maliki est loin d'être scellé, car le chef du gouvernement, qui dispose d'un réseau efficace sur l'ensemble du pays, est la seule personnalité politique "visible" face à une noria d'adversaires quasiment inconnus. "Si son score n'est pas à la hauteur de ses ambitions, mais ne constitue pas non plus un revers fatal, on peut s'attendre à beaucoup de négociations", estime Toby Dodge, de l'université Queen Mary de Londres.