Le Temps-Agences- L'Inde a déclaré hier que les premières discussions officielles qui se sont tenues avec le Pakistan après 14 mois d'interruption constituaient une "première étape" pour remettre sur les rails un dialogue de paix interrompu après les attentats de Bombay en novembre 2008. Deux hauts fonctionnaires, la secrétaire indienne aux Affaires étrangères Nirupama Rao et son homologue pakistanais Salman Bashir, se sont rencontrés à New Delhi pendant trois heures de discussions qui revêtent une importance vitale pour la stabilité régionale. "Nous avions commencé avec l'objectif d'engager une première étape vers la reconstruction d'une confiance et je crois que ma rencontre avec le secrétaire pakistanais aux Affaires étrangères a constitué cette première étape", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion. Cette rencontre a toutefois permis peu d'avancée majeure. Avant même les discussions, des différends ont surgi entre les deux pays rivaux d'Asie du sud sur l'ordre du jour, le Pakistan souhaitant un retour immédiat à un large dialogue tandis que l'Inde voulait centrer les discussions sur le terrorisme, une volonté renforcée après l'attentat le 13 février dans la ville indienne de Pune qui a fait 16 morts. Quelques heures avant l'arrivée en Inde de Bashir mercredi, des soldats indiens stationnés à la frontière avec le Pakistan ont dit avoir essuyé des coups de feu de forces pakistanaises. La réunion d'hier est la première rencontre officielle depuis les attentats de Bombay en novembre 2008 qui avaient fait 166 morts et furent attribués par New Delhi à un groupe islamiste pakistanais. Tout en reconnaissant les mesures prises par Islamabad pour amener les coupables devant la justice, Mme Rao a déclaré avoir insisté sur le fait que l'Inde jugeait que ces mesures n'étaient pas "allées assez loin pour démêler entièrement la conspiration" derrière les attentats sanglants de Bombay. "Nous sommes convenus de rester en contact", a-t-elle assuré, précisant que l'heure n'était cependant pas "encore venue" de reprendre à part entière le dialogue de paix comme l'avait souhaité le Pakistan. Mme Rao a précisé avoir transmis à son homologue trois dossiers demandant des mesures supplémentaires contre les responsables des attentats de Bombay ainsi que contre d'autres personnes "ayant fui la loi indienne" qui auraient trouvé refuge au Pakistan. L'initiative indienne de briser la glace avec Islamabad, annoncée début février, a suscité la surprise dans le sous-continent. La presse indienne se montrait d'ailleurs sceptique jeudi sur les résultats concrets, le Times of India titrant en une sur le "peu d'espoir" de la rencontre. Mais le seul fait que les deux pays dotés de la puissance nucléaire se soient assis à la même table marque un tournant dans les relations bilatérales. Washington a joué un rôle clé dans la reprise du dialogue, les Etats-Unis souhaitant que l'Asie du sud reste stable tandis que des dizaines de milliers de soldats se battent contre les talibans en Afghanistan. Depuis leur indépendance en 1947, trois guerres ont opposé les deux pays, dont deux portant sur la région disputée du Cachemire. New Delhi et Islamabad avaient lancé un processus de paix en 2004 qui avait permis d'atténuer considérablement les tensions, notamment sur le Cachemire, une région à majorité musulmane, divisée en deux et secouée dans sa partie indienne par une insurrection séparatiste islamiste depuis 20 ans.