*« Les Barons » est un film belge de Nabil Ben Yadir, avec Nader Boussandel, Mourade Zeguendi, Mounir Ait Hamou, Jan Decleir, Julien Courbey, Fellag, Amelle Chahbi, Salah-Eddine Benmoussa, Edouard Baer Comédie - Durée : 1h51 mn Il s'agit du premier long métrage qui ne prétend pas être un grand film ni tout expliquer sur l'immigration. Mais, comme les vrais modestes, il offre plus qu'il ne promet. Le sous-titre « Glander plus, pour vivre plus » donne le ton de cette comédie entre copains. Les Barons, ce sont une bande de jeunes arabes des quartiers de Bruxelles dont la principale occupation est de fuir le travail et les responsabilités. Ils ont une philosophie d'aristocrates désenchantés « Pour être un baron, dans la vie, il faut être le moins actif possible, parce que chaque être humain naît avec un crédit de pas et chaque pas te rapproche de la mort. Et nous, les barons, on le sait dès le départ. » On pourrait s'attendre à un film de genre avec les gags convenus : des glandeurs professionnels qui vont pointer au chômage en BMW, les petites arnaques, les grosses blagues, les stratagèmes pour être enfin en tête à tête avec la soeur du copain. C'est tout le contraire : le propos de Nabil Ben Yadir n'est pas caricatural ou moralisateur : on peut filmer les banlieues en cinémascope et transformer le quotidien en une comédie où des gens se payent le luxe de prendre leur temps. C'est ici que le film ouvre une réflexion sur sa propre fin, le rire. Le narrateur, Hassan, est démangé par l'humour, son ambition secrète est de monter sur les planches. Pourtant, pour faire rire, il faut quitter le quartier, sortir de sa logique à la fois rassurante et oppressante, faire un premier pas... Les scènes comiques alternent avec les moments de doute : après tout, le rire n'est jamais loin du réel, pour mieux le bousculer. Rire de soi, de sa situation est dit-on bon signe, nous somme donc, dans ce film, avec des gens de bonne compagnie.