La ville de Tunis, symbole de la souveraineté et façade du pays est la plus grande agglomération avec son lot de problèmes de qualité de la vie, des besoins urbains toujours croissants et des ressources qui ne peuvent être que limitées. Elle doit penser son avenir avec un souci de durabilité. Quelle stratégie pour le développement de la capitale ? Une étude dans ce sens a été réalisée par la Municipalité de Tunis, la Fédération Nationale des Villes Tunisiennes et le Programme de Gestion Urbaine. Hier au siège de la Mairie de Tunis, la stratégie de développement de la Capitale a été présentée. M. Nadhir Hamada ministre de l'Environnement et du Développement durable devait placer la problématique de Tunis dans son cadre global sans occulter les spécificités. Le nombre des habitants des villes a été multiplié par 12 depuis 1936, alors que la population s'est multipliée par cinq. La proportion des habitants vivant dans les villes n'a cessé de croître passant de 40% en 1966 à 65% en 2004. On s'attend à ce qu'elle s'élève à 67% en 2015. Les villes tunisiennes produisent 80% de la richesse nationale et fournissent 80% des postes d'emploi. Les différents services urbains sont de plus en plus présents. Le ministère a participé à l'élaboration de plusieurs programmes avec les régions par une démarche participative et une vision prospective et globale. Tunis avec ses 730 mille habitants vivant sur une superficie de 8500 ha aménagés a bénéficié de 24 millions de dinars pour la protection de l'environnement durant le dixième plan, soit 30% des investissements engagés par la ville. 8% des postes d'emplois sont à Tunis. Elle a abrité de grandes manifestations internationales comme les Jeux méditerranéens de 2001, le Sommet 5 + 5, le SMSI... La Capitale a connu l'approbation de grands projets comme le réaménagement de la Petite Sicile, la Ville culturelle, la Ville sportive ou l'aménagement du Lac Sud.
Le citoyen au cœur de l'urbanité C'est ce qui justifie la nécessité de fixer les grands choix par la concertation, la coordination Y compris dans l'étape du suivi. « La démarche participative adoptée pour l'élaboration de la stratégie de développement de Tunis est de nature à lui garantir le maximum de chances de succès », dira en substance le ministre. La stratégie arrêtée est « un processus par lequel les responsables municipaux, agissant en partenariat avec le secteur privé, la société civile, l'université et les organismes nationaux concernés, décident des choix stratégiques à opérer et des actions prioritaires à mettre en œuvre pour promouvoir durablement le développement de la ville». Le processus engagé s'intéresse à la dynamique urbaine. Là le citoyen est placé au cœur du projet visant « une gestion économe des ressources naturelles et la valorisation de l'environnement et des paysages urbains, l'amélioration des conditions de la croissance économique et de l'attractivité de la ville, une répartition équitable des fruits du développement et des ressources de la ville, l'épanouissement sociétal et le développement de la citoyenneté et, enfin, la préservation des droits des générations à venir ».
Actions prioritaires Les trois premières étapes de la stratégie ont été achevées vers la fin de 2002. Elles concernent le diagnostic et la validation des grandes orientations et des principaux choix de développement. La quatrième étape est consacrée aux études de faisabilité de trois actions prioritaires à savoir : un plan d'urbanisme d'ensemble pour le centre ville, un plan de développement et de mise en valeur de la Médina de Tunis et une Charte locale de développement pour le lac Sebkhet Séjoumi et la zone limitrophe de Sidi Hassine. Seule la première action a fait l'objet d'une étude de faisabilité.
Améliorer l'attractivité de la ville L'objectif est de placer Tunis parmi les grandes capitales méditerranéennes, tout en étant une agglomération qui offre des chances égales à ses habitants, sauvegarder son identité culturelle et historique et exploiter de façon rationnelle son espace et ses ressources. Tunis tout en ayant de multiples potentialités connaît des problèmes d'esthétique. Elle bénéficie d'un patrimoine urbain exceptionnel tout en accusant un déficit dans les logements sociaux. L'habitat spontané occupe de 1/4 à 1/3 de la surface urbanisée. Le déficit est important en logements sociaux et terrains à bâtir. Nombreux quartiers sont d'une qualité urbaine en deçà des aspirations de ses habitants et visiteurs. Le ministre a formulé des propositions dont l'approfondissement de la réflexion pour améliorer le système de production et de consommation garantissant une croissance économique avec le moindre coût environnemental. Tunis qui est à deux heures de Paris doit s'organiser pour gagner en beauté, qualité de la vie et attractivité.
Hassine BOUAZRA
Abdelkader BAOUENDI ( Expert) au Temps :
« Le transport est le principal handicap pour la qualité de la vie à Tunis »
La principale problématique de la qualité de la vie à Tunis se situe au niveau du transport. On ne peut parler de Tunis sans le grand Tunis. Le déplacement des personnes dans le grand Tunis quel que soit le motif est la principale préoccupation des habitants. La plupart des déplacements sont contraignants et nécessitent le respect des horaires. Il y a un problème de capacité au niveau des moyens de transport surtout pendant les heures de pointe. Le coût du transport compte tenu de ces contraintes est élevé. Les causes sont multiples. La première tient à un héritage historique qui fait de Tunis ce qu'elle est avec un déséquilibre entre le Nord et le Sud de la ville, une concentration des lieux de travail au centre et l'habitat à la périphérie. Les infrastructures de transport collectif sont inadaptées aux besoins de l'agglomération. Ajoutons le comportement de l'usager, particulier ou public peu respectueux des autres. Dans le transport public, la femme est victime du peu de respect des autres. Un grand déséquilibre au niveau de l'implantation des services publics est manifeste, comme la concentration des plus grands hôpitaux de Tunis autour de Charles Nicolle ou la concentration des ministères à la Kasbah. La dernière cause est l'acquisition facile à de la voiture particulière. Tout ceci se traduit par une altération de la qualité de l'air, du bruit et du stress. Tous ces éléments sont à l'origine d'une chute de la productivité des usagers de la route, au travail à l'école et à l'université.