Elections régionales en forme de test national pour Silvio Berlusconi. Les Italiens sont appelés à voter demain et lundi, un scrutin qui prend des allures de référendum pour ou contre le président du Conseil, dont la popularité est en berne, entre crise économique, affaires de corruption et enquête sur une tentative présumée d'influencer les médias. "Il Cavaliere" est confronté à une opposition de centre-gauche qui a le vent en poupe et aussi au risque que les électeurs désabusés désertent les bureaux de vote. Les élections se déroulent dans 13 des 20 régions du pays, ainsi que dans quelques villes, et les premiers résultats sont attendus lundi soir. Près de deux ans après le début du mandat actuel de Berlusconi, il s'agit d'un scrutin important, le seul avant les législatives: environ 41 millions d'Italiens, sur une population de 60 millions, sont appelés aux urnes. Silvio Berlusconi aspire à un fort soutien populaire qui pourrait relancer son mandat, tandis que le Parti démocrate, principal parti de l'opposition, ambitionne de mettre fin à plusieurs années de revers électoraux. Les alliés du président du Conseil affichent eux aussi leurs ambitions, au risque de devenir bien encombrants: la Ligue du Nord, qui pourrait rafler une majorité de voix dans certaines zones, espère peser plus au sein du gouvernement, et y obtenir des ministres supplémentaires. Et Gianfranco Fini, président charismatique de la chambre basse du parlement et père fondateur de la Ligue, aimerait en profiter pour se poser en successeur possible de Berlusconi, âgé de 73 ans. S'il a fait profil bas pendant la campagne, le lancement récent de son nouveau mouvement, baptisé Génération Italie, est vu comme un défi direct envers l'autorité du "Cavaliere". Pendant ce temps, le président du Conseil fait ce qu'il a toujours fait dans les moments difficiles: se lancer dans une offensive de charme tous azimuts et avancer sabre au clair. Il a multiplié les apparitions dans les médias, appelé à un rassemblement qui a attiré plusieurs dizaines de milliers de ses partisans dans les rues de Rome samedi dernier et a sillonné l'Italie pour soutenir ses candidats. Berlusconi a appelé ses sympathisants à se rendre aux urnes, afin d'éviter la faible participation qui a marqué les élections régionales en France. Une forte abstention est cependant plus que probable, la campagne n'ayant pas abordé les inquiétudes des Italiens, comme l'emploi, observe Nando Pagnoncelli, chef de l'institut Ipsos en Italie. "Cela conduit de nombreux Italiens à penser que la politique ne se préoccupe pas de leurs problèmes". Aujourd'hui, le centre-droit détient deux régions du nord, qu'il devrait conserver, la Vénétie (Venise), et la Lombardie (Milan). Les conservateurs espèrent rafler deux régions actuellement dirigées par le centre-gauche: la Campanie et la Calabre. Et sont revenus sur leur objectif ambitieux du départ, remporter six régions au total. L'élection sera particulièrement observée dans le Piémont, actuellement dirigé par le centre-gauche, mais où la course s'annonce serrée. Dans le Latium (Rome), la bataille se joue entre Renata Polverini, à droite, et l'ancienne commissaire européenne Emma Bonino, à gauche.