Le Temps-Agences - Le conseiller juridique du secrétaire général de l'ONU, Nicolas Michel, a assuré hier que le tribunal international sur l'assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariri verrait bien le jour, mais ne serait pas opérationnel avant "au moins une année". Les diplomaties russe et onusiennes étaient à l'œuvre hier à Beyrouth pour favoriser une sortie de l'impasse qui empêche la ratification du tribunal international devant juger les assassins de Hariri, tué dans un attentat à Beyrouth le 14 février 2005. Dès son arrivée dans la capitale libanaise, M. Michel a déclaré devant la presse que "tous (les dirigeants libanais) conviennent qu'il y a là une exigence de justice. Il ne devrait pas y avoir de doutes, il y aura un tribunal". Soulignant que "le moment est venu (pour) l'adoption des bases légales du tribunal", il a précisé qu'il "faudra au moins une année", après l'adoption de ces statuts, pour que cette instance "puisse devenir opérationnelle". Le projet de tribunal international fait l'objet de controverses entre l'opposition libanaise, proche de Damas et de Téhéran, qui exprime des réserves sur sa forme actuelle, et la majorité parlementaire antisyrienne qui veut désormais le voir imposé par le Conseil de sécurité, éventuellement sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies. Ce chapitre permet d'imposer certaines décisions de l'ONU aux Etats récalcitrants. "Nous voulons que le tribunal soit un vrai organe judiciaire et non pas un instrument politique", a assuré M. Michel, indiquant que "les Nations unies ne peuvent pas et ne veulent pas prendre parti dans des controverses internes". M. Michel, en mission à Beyrouth jusqu'à la fin de la semaine, devait s'entretenir avec le président du Parlement et dirigeant de l'opposition, Nabih Berri, ainsi qu'avec le Premier ministre Fouad Siniora. Arrivé à Beyrouth avant-hier soir, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Saltanov a appelé les Libanais à "trouver eux-mêmes, avec la contribution de la communauté internationale, une solution acceptable aux yeux de tous", concernant la création du tribunal. M. Saltanov a eu un entretien avec le président du Parlement libanais et un des chefs de l'opposition, Nabih Berri, privilégiant la ratification du tribunal "par les voies constitutionnelles libanaises". "La Russie veut contribuer au rapprochement entre les différents points de vue", a insisté le vice-ministre russe qui a également rencontré le président libanais, Emile Lahoud. L'émissaire russe est attendu aujourd'hui en Syrie, pays qui a été pointé du doigt par les enquêteurs de l'ONU dans l'assassinat en février 2005 de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, à l'époque où le Liban était sous tutelle syrienne. Damas dément toute implication et dit ne pas être concernée par le tribunal.