Une réunion d'urgence s'est tenue hier entre le président de Guinée-Bissau Malam Bacai Sanha et son Premier ministre Carlos Gomes Junior, arrêté la veille lors d'un coup de force de militaires, pour tenter de trouver une issue politique à la crise. Ce coup de force, intervenu dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest considéré comme une plaque tournante du trafic de cocaïne, avait été immédiatement condamné par la communauté internationale. Hier, un "collectif" des membres du gouvernement de Guinée-Bissau a condamné à son tour "l'utilisation de la force comme moyen de résoudre les problèmes", exprimant dans un communiqué son soutien au Premier ministre. Peu après la publication de ce texte, le procureur général de Bissau Amine Michel Saad est venu chercher le chef du gouvernement à son domicile, où il a été placé jeudi en résidence surveillée, pour l'accompagner sous escorte militaire jusqu'à la présidence. Le chef d'état-major de l'armée de Guinée-Bissau, le général José Zamora Induta, était pour sa part toujours détenu hier dans une base aérienne près de l'aéroport international. Son adjoint, le général Antonio Indjai, a pris la direction des forces armées dans ce qui apparaît comme un "putsch" interne à l'armée, institution toute puissante dans ce pays régulièrement secoué par les crises et assassinats politico-militaires. Les nouvelles violences en Guinée Bissau ont provoqué une grande inquiétude au sein de la communauté internationale, tant le pouvoir politique apparaît fragile face à une armée toute puissante et des narco-trafiquants paraissant intouchables. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les dirigeants du pays à "résoudre les différends d'une manière pacifique" et à "maintenir l'ordre constitutionnel". Les Etats-Unis et le Portugal, ancienne puissance coloniale, ont appelé au retour de "l'ordre constitutionnel", tandis que la France a dénoncé un "coup d'Etat".