Le Temps-Agences - La nouvelle doctrine nucléaire américaine du président Barack Obama, qui limite les cas de recours à l'arme atomique , présente une nette rupture par rapport au passé mais reste toutefois trop timide sur certains plans pour les partisans du désarmement. "L'arsenal nucléaire massif que nous avons hérité de l'ère de la Guerre froide est peu adapté aux défis posés par des kamikazes et des régimes hostiles cherchant à se procurer l'arme atomique", proclame le document sur la stratégie nucléaire américaine dévoilé mardi. Désormais "les éléments non nucléaires" de la force de frappe américaine, comme la défense antimissile, "vont assumer une part plus importante de la mission de dissuasion", assure le document. Les Etats-Unis s'engagent à recourir aux frappes nucléaires seulement "dans des circonstances extrêmes" et promettent de ne jamais utiliser l'arme atomique contre un adversaire qui ne la détient pas et qui respecte les règles du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). L'Iran, signataire du TNP mais accusé de développer l'arme atomique, et la Corée du Nord, sortie du TNP en 2003 et qui a effectué deux essais nucléaires, font figure d'exception à la règle, a prévenu Washington. Cette définition restrictive du recours à l'arme ultime "contraste avec celle de l'ex-président George W. Bush, dont la doctrine estimait que l'arme nucléaire protégeait d'un éventail plus large de menaces", renchérit Sharon Squassoni, experte du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS). Mais "la nouvelle politique ne va pas assez loin", juge Mme Gronlund, qui aurait souhaité, comme d'autres partisans du moins nucléaire, que l'administration affirme le rôle strictement dissuasif des armes atomiques, et s'engage à ne jamais tirer en premier. Les directives de Washington, qui s'accompagnent d'une réduction de l'arsenal nucléaire américain, sont également critiquées par certains conservateurs américains, qui dénoncent un affaiblissement de la puissance de frappe des Etats-Unis. Prix entre deux eaux, M. Obama a choisi de maintenir un certain flou sur la question de la modernisation de l'arsenal nucléaire américain. Sa doctrine assure que les Etats-Unis "ne produiront pas de nouvelles têtes nucléaires" et "ne conduiront pas d'essais nucléaires", mais elle proclame aussi la nécessité de moderniser les infrastructures nucléaires, et laisse la porte ouverte au "remplacement" de têtes nucléaires si le président en ressent le besoin. "L'ambiguïté demeure", estime Mme Squassoni, du CSIS. "Tout dépend de la façon dont on définit une "nouvelle" arme". Au final, tranche James Acton, du centre de réflexion Carnegie Endowment for international Peace, "le document ne change pas fondamentalement le rôle des armes nucléaires dans la doctrine de défense américaine. Il affirme simplement que nous pouvons accomplir la même mission avec moins d'armes atomiques".