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De l'encre et du sang
Exposition " Crime et châtiment " au Musée d'Orsay*
Publié dans Le Temps le 11 - 04 - 2010

En matière d'exposition, la tendance est à l'organisation de manifestations thématiques et transversales. L'engouement pour les rétrospectives et les monographies est un peu passé.
Le musée d'Orsay qui expose les arts graphiques et décoratifs occidentaux de 1848 à 1914, a engagé le mouvement avec ses deux précédentes expositions (Voir l'Italie et mourir, Art nouveau Revival).
Il le prolonge avec l'exposition actuelle Crimes et châtiments qui confronte des œuvres d'écoles et de périodes différentes. Le projet a été confié à Jean Clair, historien de l'art et pamphlétaire désabusé.
Les dates repaires de l'exposition : 1791 et 1981 débordent le champ historique habituel du Musée.
1791, le député Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau réclame à la Constituante l'abolition de la peine de mort mais vote cependant la décapitation de Louis XVI. Il meurt assassiné par un royaliste, pendant la Terreur.
1981, Robert Badinter, Garde des Sceaux arrache, dans un débat passionné, l'abolition de la peine capitale.
L'exposition est née d'une idée de R, Badinter mais elle ne se développe pas comme une célébration de la transformation du droit pénal. Une authentique guillotine et des moulages de têtes coupées sont bien là pour rappeler la punition mais ces pièces ne font que faire passer le frisson. Ce qui est montré, en beauté, ce sont surtout des crimes. Dans une évidente référence à Dostoïveski, l'exposition prend le parti de mettre au centre de son propos l'énigme du Mal. Et la fascination qu'il produit sur les artistes en 457 dessins, tableaux, sculptures.
L'approche demeure historique et illustrative. Elle déploie des thématiques ; les crimes originels (Œdipe, Caïn), le crime romantique, l'institution pénitentiaire, la naissance de la criminologie, le fait divers sanglant, le crime et les surréalistes. L'acte surréaliste le plus simple consiste à descendre dans la rue revolver au poing, et à tirer frénétiquement dans la foule déclarait André Breton.
On saisit sans trop de peine le parti pris des organisateurs : le crime est consubstantiel à la civilisation, sa perception change selon les époques, il entraîne le châtiment qui est une autre forme de crime. Les artistes ne sont là que pour apporter un témoignage de l'effroi et de la violence. Comme tout un chacun le peintre est intéressé par le crime.
Bref, le regard n'évolue pas avec l'histoire des crimes. Le style, oui. Ce qui n'est pas suffisant pour décréter une esthétique criminelle. Le crime individuel, collectif, mythologique, d'Etat, de vengeance, de colère, de cupidité... est une thématique débordante. Le constat n'est pas tout neuf.
Sur le fond, l'exposition gagne par la qualité des pièces présentées plus que par son fil conducteur. Il y a les natures mortes de bras et de jambes coupés de Théodore Gériatrie, la Big electric chair de Warhol en tons rouges, le Supplicié par le garrot de Francisco Goya, le Blasphémateur lapidé de William Blake, une Lady Macbeth somnambule de Johann Füssli et des Delacroix, Munch, Picasso, Courbet, Daumier, Cézanne, Magritte, Toulouse-Lautrec, Degas...
C'est comme si on déroulait sous nos yeux une seule et longue histoire criminelle. Une histoire dont la densité ordinaire ne pourrait se passer de citations et de références, une histoire affreuse et sublimée. En un mot, intellectualisée.
Thomas de Quincey, il y a bientôt deux siècles annonçait que le meurtre finirait par conquérir un statut particulier dans l'esthétique moderne et que, si on est en devoir de le prévenir par tous les moyens, on est aussi autorisé, une fois le fait accompli d'en profiter comme d'un spectacle.
Ainsi, l'horreur est devenue divertissement légitime. Mais la théorie du prestige du mal et des vertus d'édification de sa mise en scène reste un socle bien étroit pour la réflexion. Elle ne dit pas grand chose de la réception du crime représenté. Au mieux on pourra convenir qu'il y a une manière raffinée de goûter le crime et une consommation vulgaire . D'un côté, les beaux-arts, de l'autre, le fait divers qui fait couler d'abord le sang et ensuite beaucoup d'encre.
Robert SANTO-MARTINO


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